Michèle RIVASI (députée européenne, cheffe de la délégation francophone du Groupe Verts / ALE)
« Nous avons lancé en début d’année avec Anticor, le Formindep, Irène Frachon, Serge Rader, Corinne Lepage, Philippe Even… une opération « Mains Propres » sur la Santé pour dénoncer la généralisation des conflits d’intérêts et de la corruption qui mettent en péril notre Etat de droit et notre système de solidarité nationale garantissant l’accès aux soins à tous. Les dernières révélations de Médiapart concernant les gendarmes du médicament et leur collusion avec les laboratoires pharmaceutiques renforcent notre détermination dans cette nécessité d’agir par le droit et la loi sans attendre les décisions de justice concernant les personnes incriminées.
Nous avons aussi la semaine passée, à l’orée de l’examen de la loi de santé en commission, interpellé la Ministre de la Santé pour que figurent dans cette loi des dispositions permettant de compenser la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution des politiques publiques de santé.
Aussi, si nous saluons dans le projet de loi soumis aux députés dés demain des avancées comme la généralisation du tiers payant qui bénéficiera aux plus défavorisés, la reconnaissance de l’action de groupe dans le domaine de la santé ou la mise en place d’un service public d’information en santé pour se repérer dans le parcours de soins, il convient aujourd’hui de s’attaquer au cœur du problème : les intérêts privés qui viennent heurter l’intérêt général. Cette connivence entre les autorités de santé, leurs tutelles et les firmes pharmaceutiques révélée par l’affaire J. Cahuzac ou le scandale du Médiator devient indécente avec le bonus de bienvenue et la mirobolante rémunération du nouveau DG de Sanofi ; laboratoire pourtant épinglé à moult reprises et encore récemment aux Etats Unis pour rémunération de médecins « agents doubles » pour la promotion de son Lantus.
Il faut rappeler ici que les français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe (entre 50% et 100% de plus que nos voisins les plus proches).
En Italie, on constate que le coût collectif des médicaments en ville et à l’hôpital s’élève pour 2013 à 18 milliards d’euros TVA 10% contre 34 milliards TVA 2,1% pour la France, soit 85% de plus en HT et à populations égales pour les mêmes résultats sanitaires.
En luttant contre la sur-consommation et la surfacturation du médicament par une meilleure prescription et une réforme des modalités de fixation des prix, l’assurance-maladie (et les complémentaires) pourrait réaliser au moins 10 milliards d’euros d’économies avec notre système de dispensation, c’est à dire annuler son déficit chronique et ce sans dommage pour la santé publique, bien au contraire en terme de pharmacovigilance.
Il faut pour cela une réforme totale de la filière du médicament, avec une lutte sans relâche contre les conflits d’intérêts.
Pour que la loi de Santé soit vraiment « refondatrice », il convient de construire un mur parfaitement étanche entre les intérêts privés et la décision publique dans le domaine de la santé.
Nous soutiendrons lors de l’examen de la loi, toute lutte législative contre l’opacité et l’emprise des lobbies pharmaceutiques, pour la transparence et la considération de notre santé comme un Bien commun et non comme une marchandise ».
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