L’Assemblée nationale a voté ce jeudi, en première lecture, la généralisation progressive du tiers-payant qui sera obligatoire fin 2017. La CSMF, premier syndicat de médecins, exprime sa forte inquiétude face aux nombreuses interrogations que cache cette mesure. Bureaucratisation de l’engagement des médecins, mainmise des mutuelles sur le système de santé, déresponsabilisation des patients : les professionnels refusent de voir notre modèle de prise en charge bradé alors que des solutions alternatives efficaces existent.
« Nous devons offrir à tous les patients la garantie de se faire prendre en charge dans les meilleures conditions, sans mettre à mal l’engagement des médecins dont la mission est de soigner. Je ne me souviens pas d’avoir prononcé les termes de vérification des droits dans le serment d’Hippocrate ! Notre mobilisation doit et va continuer pour peser sur les prochains débats, notamment au Sénat où nous comptons sur l’expérience des élus pour entendre notre inquiétude. Le travail parlementaire ne peut pas être plus longtemps déconnecté des réalités de terrain, » s’alarme Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
La CSMF rappelle que pour valider le tiers payant, le médecin aura à s’assurer que son patient a respecté 4 obligations : le respect du parcours de soins, les droits au regard de l’assurance maladie obligatoire ou du RSI, ceux des complémentaires de santé… Il faudrait même s’assurer que le patient a autorisé le prélèvement des franchises sur son compte bancaire. Une simple aberration !
La question du tiers payant était certes une question de campagne présidentielle, belle sur le papier mais elle cache de nombreuses interrogations : placer les complémentaires santé, dont les objectifs sont financiers aux cotés de la médecine dont les objectifs sont guérir et soigner est une faute majeure. C’est donner un blanc seing à certains acteurs et rendre invisible la montée des tarifs des complémentaires santés. C’est prendre le risque, in fine, d’un désengagement inexorable de l’État devant une dette trop lourde.
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