« C’est une entreprise hardie que d’aller dire aux hommes qu’ils sont peu de choses. Chacun est jaloux de ce qu’il est et on aime mieux être aveugle que de connaître son faible. » Cet extrait d’un sermon de Bossuet est parfaitement applicable aux Ordres professionnels et pourrait, à ce titre, nous concerner à plus ou moins brève échéance. L’exemple de l’Ordre des Infirmiers dissous le 8 avril dernier après 7 décennies d’existence devrait nous donner à réfléchir.
Certes, nos 200 ans d’existence semblent nous garantir une immortalité à nous faire oublier qu’un simple vote peut suffire à tout remettre en cause. Pour cela peu de choses seraient nécessaires car il faut quand même regarder notre réalité en face :
- des avocats avançant en ordres dispersés et arc-boutés sur des organisations datées qui n’ont pas su évoluer.
- une profession présentant un barreau hypertrophié – celui de Paris – et des situations ubuesques de plusieurs barreaux de quelques dizaines de confrères pour un département.
- un barreau de Paris qui a beau faire sienne la devise de Paris, « fluctuat nec mergitur », mais qui tient plus du Bâton ivre flottant au gré des courants et souvent éloignés des préoccupations de ses passagers.
- une conférence des Bâtonniers qui se verrait bien être le Politburo d’une profession.
- un Conseil National des Barreaux qui, fort de son statut en faisant l’institution représentative des avocats vis-à-vis des pouvoirs publics, s’aimerait le seul représentant des avocats de France…ce qu’il est potentiellement par ailleurs.
A cette « belle » image de désunion et de cacophonie sur les grands enjeux de notre profession ajoutons qu’il pourrait être tentant pour un gouvernement malicieux de décréter la fin des ordres des avocats au profit d’un seul Ordre National par exemple, prémisse à une fusion ensuite avec le CNB pour qu’il n’y ait plus qu’une seule tête. Quant à la Conférence des Bâtonniers, elle disparaitrait faute de bâtonniers…et au fond dans une relative indifférence.
Il est nécessaire de réagir en prenant les devants et en imprimant un rythme qui sera le nôtre au mouvement, inéluctable, de réorganisation de la profession. Pour cela, il faut :
- Trouver des accords avec les barreaux franciliens pour constituer un barreau régional de la petite et grande couronne,
- Amener les autres barreaux d’importance régionale à faire de même dans leurs zones d’influence respectives pour calquer notre organisation sur celle du territoire,
- Se doter d’une structure nationale inter-(grands)-barreaux qui pourra rendre inutile la conférence des bâtonniers et s’économiser l’existence d’un CNB non pas par mouvement d’humeur mais bien du fait de son inutilité.
Il y a deux fois plus de barreaux que de départements ! Envisager qu’il y ait d’abord un barreau par région semble souhaitable et va dans le sens de l’Histoire. Penser que trois instances qui se concurrencent rend inutiles deux d’entre elles est logique.
Souhaiter que la profession s’organise en fonction de critères d’efficacité et de représentativité et non plus d’égos individuels à câliner va concourir à son efficacité. Cela ne fera pas disparaitre le barreau de Paris ou n’amènera pas une perte d’influence de celui-ci, bien au contraire. Au sein d’un Ordre National le barreau de Paris aura toute sa place car la discrimination positive qui règne au sein du CNB ou de la Conférence des Bâtonniers n’est plus acceptable. On ne grandit pas une profession en souhaitant affaiblir son représentant le plus puissant. On renforce une profession en prenant, en revanche, exemple sur son représentant le plus puissant et en cherchant à l’imiter. »
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