La CAPN directeurs d’hôpital s’est tenue mardi 14 avril, à quelques heures du vote solennel du projet de Loi de santé à l’Assemblée. A la veille de cette nouvelle réforme, jamais le corps des directeurs d’hôpital n’a été confronté à autant de défis et d’incertitudes. Jamais les questions n’ont été aussi nombreuses, et sans réponse précise, sur l’avenir des établissements publics de santé et de ceux qui les dirigent.
Pourtant, pour accompagner les réformes qui se succèdent, fixer des objectifs d’économies supplémentaires, renforcer la performance des organisations et la qualité des soins, les pouvoirs publics savent adopter un ton solennel, par circulaire interposée, pour rappeler les directeurs à leurs responsabilités.
Il arrive de demander, au nom de l’intérêt général, aux directeurs de « rester discrets », voire de ne pas se défendre face aux attaques, aux propos diffamatoires, la lettre anonyme devenant banale, et même au tribunal.
Lorsque les grandes centrales syndicales dénoncent les plans d’économies, des responsables des services de l’Etat semblent s’indigner et glissent que les directeurs renégociant les accords locaux seraient des hors-la-loi.
Que dire enfin, de certains établissements devenus de véritables zones de « non droit » avec des directeurs qui se succèdent, sans que les conditions de réalisation de leur mission ne soient réunies.
Pour le SMPS, la coupe est pleine. Le management hospitalier ne sera pas la variable d’ajustement de réformes qui se cherchent.
Les établissements de santé pourront-ils atteindre les objectifs ambitieux du plan ONDAM 2015-2017, si les directeurs et les cadres ne se sentent pas soutenus au moment de prendre les décisions qui s’imposent ? Les objectifs de la circulaire budgétaire qui tarde tellement à sortir seront-ils seulement applicables dans le flou ambiant ?
Au moment où le projet de loi de santé interroge pour la énième fois les coopérations hospitalières et la gouvernance, le SMPS attend des réponses, pas des hypothèses.
Lorsque les temps sont difficiles, lorsqu’il faut trouver les mots et l’énergie pour mobiliser une nouvelle fois les communautés hospitalières, lorsque les changements sont tels que même les présidents de CME de CHU appellent à voter contre les EPRD, le directeur doit rester « à la barre » et mettre en œuvre la politique publique.
Le SMPS lance un avertissement. Si les directeurs perdent le sens de leur mission, en même temps que leur confiance dans l’Etat, rien ne se fera. Il est grand temps de mettre fin au malentendu qui dure. L’avenir du système de santé doit s’appuyer sur desobjectifs clairs et des mesures co-construites avec les responsables des établissements, s’inscrivant dans une logique de subsidiarité. Cela demandera de la transparence, de la cohérence et, au-delà, de sortir des conjectures en prenant en compte les réalités de terrain.