A quelques jours de la semaine de prévention du diabète 2015, les urologues se mobilisent contre le diabète, cette « épidémie mondiale » ; le syndrome métabolique qui associe une obésité, de l’hypertension, un excès de lipides sanguins et une intolérance au glucose, connaît lui aussi un développement exponentiel. Point commun entre les deux : les troubles urologiques et sexuels qu’ils entrainent.
Avec le Pr Aurélien Descazeaud, urologue au CHU de Limoges, responsable du Comité des Troubles Mictionnels de l’Homme de l’AFU et membre du comité des recommandations de l’Association Européenne d’Urologie
Aller chez l’urologue et se voir prescrire une glycémie, cela peut paraître surprenant. Et pourtant, ça ne l’est pas. Un certain nombre de symptômes urologiques ne sont en effet que la manifestation d’un diabète débutant ou au contraire d’un diabète ancien mais non diagnostiqué. Ainsi les mictions fréquentes. Il n’est pas rare que le fait d’être assoiffé, de boire abondamment et d’uriner en quantité, soit le premier signe d’appel d’une glycémie mal régulée. Autre indice : les troubles érectiles. « Le diabète est souvent pourvoyeur de dysfonction érectile, note le Pr Aurélien Descazeaud, urologue au CHU de Limoges. Quand je reçois un patient pour des troubles sexuels, je prescris systématiquement une glycémie. Parfois même c’est le seul examen que je vais demander dans un premier temps ». Enfin un diabète plus évolué peut affecter la paroi vésicale. La vessie ne fonctionne plus très bien et la personne souffre de rétention urinaire.
Non moins pourvoyeur de troubles urologiques : le syndrome métabolique. Ce syndrome n’est pas une maladie mais la combinaison de plusieurs dysfonctionnements. On parle en effet de syndrome métabolique quand 3 des désordres suivants affectent simultanément une personne : une obésité abdominale (tour de taille supérieur à 80 cm pour une femme et 94 cm pour un homme), une hypertension artérielle, une intolérance au glucose (voire un diabète avéré) ou une dyslipédémie (hypertryglycéridémie, hypercholestérolémie….)
Comme le diabète, le syndrome métabolique est associé à l’apparition de problèmes urologiques ou sexuels. Sur le plan sexuel, le syndrome métabolique favorise l’athérosclérose en particulier au niveau de l’artère pénienne (qui irrigue la verge). Il est donc à l’origine de troubles érectiles. Ce syndrome est d’autre part responsable de modifications endocriniennes (hypogonadisme), susceptibles de provoquer une baisse de la libido.
Sur le plan urinaire, l’obésité favorise l’inflammation de la prostate et par voie de conséquence le développement d’une hypertrophie bénigne de la prostate.
Cela peut donc être à l’occasion d’une consultation chez l’urologue que ce syndrome va être mis en évidence… et conduire directement… chez le cardiologue et l’endocrinologue pour un bilan approfondi !
Le diabète et le surpoids en chiffres :
3,5 millions de diabétiques en France[1]
20 % des diabétiques de 18 à 74 ans ne sont pas diagnostiqués[2]
3 fois plus d’insuffisants rénaux chez les diabétiques
7 millions de personnes obèses soit 15% de la population
2 fois plus d’obèses aujourd’hui qu’il y a 15 ans
3 fois plus de risques cardiovasculaires quand on souffre d’un syndrome métabolique
À propos de l’AFU :
L’Association Française d’Urologie est une société savante représentant plus de 80% des urologues exerçant en France (soit 1 133 médecins). Médecin et chirurgien, l’urologue prend en charge l’ensemble des pathologies touchant l’appareil urinaire de la femme et de l’homme (cancérologie, incontinence urinaire, troubles mictionnels, calculs urinaires, insuffisance rénale et greffe), ainsi que celles touchant l’appareil génital de l’homme. L’AFU est un acteur de la recherche et de l’évaluation en urologie. Elle diffuse les bonnes pratiques aux urologues afin d’apporter les meilleurs soins aux patients, notamment via son site internet www.urofrance.org.
[1] 2,9 millions pris en charge par l’assurance maladie selon le dossier de presse de la CNAM en nov 2014
[2] Source CNAM, DP SOPHIA
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