Les dernières révélations de l’association Formindep (qui regroupe des professionnels de santé, patients et citoyens) reprises ce mercredi 17 juin par Mediapart font froid dans le dos.
Le 14 mai 2014, la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS), chargée d´évaluer les nouveaux médicaments en vue de leur remboursement et de la fixation de leur prix, rend son avis sur le Sovaldi. Selon la Commission, ce médicament contre l´hépatite C commercialisé par le laboratoire pharmaceutique américain Gilead améliore le service médical rendu de manière importante. Pour fonder sa décision, la Commission de la transparence fait référence à plusieurs reprises aux conclusions du rapport Dhumeaux sur la prise en charge des personnes infectées par hépatite B ou C. Or, comme l’a montré le Formindep, le professeur Dhumeaux a perçu plus de 3000 euros d´avantages de la part de Gilead pendant l’élaboration du rapport.
De plus, l’Association française pour l´étude du foie (AFEF) qui coordonnait l’étude de Dhumeaux avec l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), a comme partenaire le laboratoire pharmaceutique Gilead. Quant à l’ANRS, elle a passé plusieurs conventions avec des firmes commercialisant des antiviraux de l’hépatite C pendant l’élaboration du rapport Dhumeaux. Des experts qui ont participé à la rédaction du rapport ont aussi pris part aux réunions du « board » de Gilead pendant la période d’élaboration des recommandations. Certains de ces experts se sont ensuite répandus dans la presse pour assurer le service après-vente du Sovaldi.
Le rapport Dhumeaux a conditionné en partie l’avis de la Commission de la transparence, avis qui a lui-même eu un impact sur la fixation du prix du Sovaldi ensuite. Comme le rappelle Mediapart, ce traitement contre l´hépatite C au prix exorbitant de 41 000 euros par patient a coûté 650 millions d´euros à l’Assurance maladie en 2014. En outre, les autorités sanitaires et Gilead viennent de s´accorder sur le prix de son tout nouveau médicament contre l’hépatite C, le Harvoni, qui sera facturé 46 000 euros en France, au grand bonheur de Gilead, qui a déjà réalisé 16 milliards de dollars de bénéfices depuis fin 2013
Réaction de l’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi: « Des experts payés par Gilead ont eu indirectement un impact sur la fixation du prix du Sovaldi, qui coûte 41 000 euros en France et creuse au tractopelle le trou de la sécurité sociale. Cette situation est délirante et l´avis de la Commission de la transparence doit être revu! Le cas Sovaldi révèle encore une fois de plus que les conflits d´intérêts dans le domaine de la santé relève d´un phénomène culturel. Encore une fois, les profits des laboratoires pharmaceutiques guident la décision publique par l´intermédiaire de pseudo-experts qui leur sont soumis. À quand le financement véritable d’une expertise publique indépendante et digne de ce nom en France? Faudra-t-il encore un autre Mediator pour que les autorités sortent enfin de leur inaction complice et coupable? »
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