« Le Leem s’insurge contre l’inadaptation flagrante du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale aux véritables enjeux du système de santé. Le poids disproportionné des mesures de régulation pesant sur le médicament a pour effet de paralyser les performances industrielles de la France dans les sciences du vivant, à l’heure où le Président de la République appelle à une mobilisation de tous pour la croissance et pour l’emploi. Surtout, ces mesures ne sont pas de nature à enrayer durablement le déficit chronique de l’Assurance maladie.
Pour la quatrième année consécutive, le gouvernement fait peser sur le médicament l’essentiel des mesures de régulation des dépenses d’assurance maladie. Avec une contribution globale de près d’1,7 milliard d’euros en 2016, le médicament est encore une fois victime d’une vision budgétaire profondément court-termiste.
« En décidant de faire porter à cette industrie près de la moitié des efforts d’économies, alors que le médicament ne représente que 15 % des dépenses, les autorités diffèrent, année après année, le chantier de réforme globale dont notre système de santé a un besoin vital et urgent », estime Patrick Errard, Président du Leem, organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France.
Une pression qui ne règle en rien le déficit structurel de l’Assurance maladie
Il est aujourd’hui patent que les plans d’économies mis en place ces dernières années par les pouvoirs publics ne règlent en rien le déficit structurel de l’Assurance maladie. Ainsi que le montre le graphique ci-dessous, l’effort croissant demandé chaque année au médicament n’a pas d’incidence sur la courbe du déficit. Ce constat doit interpeller les pouvoirs publics et les convaincre enfin de la nécessité de réformes structurelles du système de santé.
« Le Leem n’a cessé depuis trois ans d’alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de mettre en place de vraies réformes de structure, rappelle Patrick Errard. La Cour des comptes elle-même, dans son dernier rapport annuel, va dans le même sens en enjoignant l’Etat à explorer de nouveaux champs possibles de réforme de nature à contribuer au rétablissement de l’équilibre. Nous vivons aujourd’hui une révolution de la thérapeutique, de la prise en charge des malades, des moyens technologiques mis à disposition de l’appareil de soins : à quand une vraie adaptation de notre système de santé ? »
Le Leem réaffirme son attachement à des réformes structurelles du système de santé et à une politique sanitaire fondée sur l’efficience. A cet égard, l’organisation professionnelle rappelle avoir formulé, dès l’année 2014, des propositions fortes et structurées en matière de bon usage du médicament, d’observance, de participation des industriels à des programmes de télémédecine ou de développement de la prise en charge des patients en ambulatoire. Lancé en 2015, le programme de réduction des accidents iatrogènes chez les personnes âgées, en liaison étroite avec les professionnels de santé et les organismes de prévoyance et d’assurance, sera d’ailleurs poursuivi par les industriels du médicament.
Une pression qui fragilise un secteur stratégique pour le pays
Au-delà de son inefficacité sur les causes structurelles du déficit des comptes sociaux, la pression exercée sur les entreprises du médicament a un effet délétère sur l’activité de ce secteur, communément reconnu comme stratégique pour l’économie nationale et pour l’emploi.
Ainsi, l’année dernière a été marquée par un repli historique – près d’un tiers – du solde de la balance commerciale du médicament. Les échanges commerciaux de médicaments ont représenté, pour la France, un excédent commercial de 6 Md€ en 2014, contre près de 9 Md€ l’année précédente.
Conséquence de la dégradation de son environnement, l’industrie du médicament poursuit son recul en termes d’emploi, repassant pour la première fois depuis dix ans sous la barre des 100 000 personnes (99 453). Selon la dernière estimation (2013), 27 réorganisations ont été annoncées en année pleine, avec la mise en place de PSE ou de plans de départs volontaires.
Enfin, les investissements productifs accusent un net recul ces dernières années : en 2013, les 224 sites pharmaceutiques et biotechnologiques français ont investi 810 millions d’euros, ce qui correspond à un recul de 120 M€ par rapport à la dernière enquête, qui portait sur l’année 2010.
« La pression exercée sur le médicament, comme sur d’autres acteurs du système de santé, ne peut plus tenir lieu de politique de maîtrise des dépenses de santé !, dénonce Patrick Errard. Alors que nous sommes engagés dans une relance ambitieuse de l’attractivité française, tant au travers du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) qu’au travers du Comité stratégique de filière (CSF-Santé), on ne peut que s’alarmer des conséquences inéluctables de la régulation économique à l’œuvre dans le PLFSS. A titre d’exemple, les efforts aujourd’hui demandés à l’hôpital sont conséquents, mais ils ne répondent pas à la nécessité de prendre à bras-le-corps le chantier de l’efficience de la dépense hospitalière. Les entreprises du médicament, à l’instar de nombreuses composantes du système de santé, ne demandent rien d’autre que d’être associées à une vraie réforme du système de santé. C’est pourquoi le Leem en appelle aujourd’hui à une mobilisation de tous les acteurs, industriels, soignants et patients, pour bâtir un système mieux structuré, plus efficient et capable de tirer parti des formidables innovations thérapeutiques, numériques, organisationnelles, qui vont révolutionner l’approche des soins et de la maladie ». »
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