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Publication des rapports de recherche de l’Inserm et de l’Observatoire du Samusocial de Paris (Communiqué)

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Publication des rapports de recherche de l’Inserm et de l’Observatoire du Samusocial de Paris : un nouvel éclairage sur les causes de mortalité infantile et périnatale en Seine-Saint-Denis

L’Agence régionale de santé Île-de-France a initié dès 2012 un projet régional visant à Réduire la Mortalité Infantile et périnatale (RéMI). Celui-ci a été centré prioritairement en Seine-Saint-Denis, territoire caractérisé par une surmortalité infantile (décès avant un an) et périnatale (morts fœtales et décès avant une semaine de vie). Les 2 rapports de recherche commandés dans ce cadre par l’Agence, et remis hier soir officiellement à son Directeur général, apportent un nouveau décryptage de la situation dans le département.

Afin d’identifier les facteurs pouvant être à l’origine de cette surmortalité, une analyse des données statistiques disponibles avait été réalisée dans un premier temps, sans mettre en évidence une cause particulière. Une étude fine de la situation en Seine-Saint-Denis a donc été lancée dans le cadre d’un projet de recherche intégrant une approche épidémiologique et une approche socio-anthropologique. Les 2 rapports, commandés par l’Agence, ont été remis officiellement à Christophe Devys, Directeur général de l’ARS Île-de-France, mardi 20 octobre :

·                    L’étude épidémiologique, réalisée par l’équipe de recherche EPOPé[1] de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), comprenait un audit des décès et une étude qualitative. Sur les 249 enfants mort-nés ou morts en période néonatale recensés en 2014 en Seine-Saint-Denis, 227 ont pu être étudiés à partir des dossiers médicaux. Tous les décès ont été expertisés par les équipes de soins de la maternité ou l’unité de néonatologie où le décès avait eu lieu, ainsi que par un panel d’experts externes composé d’obstétriciens, de sages-femmes et  de néonatologistes. Des entretiens ont également été réalisés avec 75 des femmes endeuillées.

·                    L’équipe de l’Observatoire du Samusocial de Paris a quant à elle observé d’un point de vue ethnographique le parcours de santé de femmes enceintes en situation de précarité sociale, vivant en Seine-Saint-Denis. Ce suivi s’est traduit par de nombreuses rencontres avec chaque femme, lors de consultations et rendez-vous avec des soignants ou intervenants sociaux. L’Observatoire a également analysé sociologiquement l’organisation du travail en périnatalité en interrogeant des soignants et des travailleurs sociaux du département.

L’audit a permis d’identifier des facteurs de risque liés à la situation personnelle des femmes : 50% d’entre elles étaient notamment en surpoids ou obèses. 7% n’avaient pas de Sécurité sociale en début de grossesse et 9% étaient bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME) ou du dispositif d’accès aux soins urgents.

Les expertises des décès soulignent par ailleurs que pour trois-quarts d’entre eux, des écarts aux bonnes pratiques[2] étaient observés dans la prise en charge des femmes enceintes :

·         un parcours de soins souvent inadapté aux facteurs de risques (obésité, surpoids, hypertension, diabète…) présentés par les patientes, et plus particulièrement pour celles atteintes de diabète ou d’une pathologie hypertensive.

·         une orientation vers une structure hospitalière inadaptée, un défaut de surveillance des facteurs de risque et la survenue de complications (notamment d’un retard de croissance intra utérin ou un diabète).

·         un manque d’informations disponibles dans les dossiers médicaux, notamment sur le suivi de grossesse ou des examens réalisés en dehors de la structure hospitalière.

33% des décès ont été jugés possiblement ou probablement évitables en agissant sur un ou plusieurs de ces écarts aux bonnes pratiques[3].

Les principales pistes de réflexion soulevées dans le cadre de ce projet de recherche portent donc sur :

·         une meilleure prévention des risques liés à l’obésité et au surpoids et aux difficultés sociales des femmes enceintes (hébergement, couverture maladie, manque de ressources financières…).

·         un repérage et une orientation précoce des femmes présentant des facteurs de risques (antécédents ou maladies chroniques) vers des structures de soins adaptées à leur niveau de risque.

·         une meilleure information des femmes afin de rendre celles-ci plus autonomes dans la gestion de leur grossesse à travers un travail d’éducation à la santé, et d’aide à la compréhension des recommandations médicales délivrées et de l’organisation du système de santé.

·         une amélioration du partage d’informations entre professionnels de la ville et de l’hôpital pour un meilleur suivi et une meilleure évaluation de la qualité des soins.

Face à ce constat, l’ARS lance 3 ateliers réunissant des professionnels et acteurs de la périnatalité en Seine-Saint-Denis, qui travailleront de novembre 2015 à mars 2016 sur la base de ces pistes de réflexion. Les problématiques traitées porteront sur :

·         le parcours de santé périnatale : lieux de prise en charge, outils d’orientation des professionnels de santé….

·         la prise en charge globale de la femme enceinte : moyens d’accroître son autonomie,  prise en compte de facteurs psychologiques, sociaux et environnementaux dans le suivi de sa grossesse, coordination des politiques publiques pour limiter l’impact de certaines difficultés de vie sur la santé périnatale…

·         l’organisation des soins autour des situations les plus complexes (cumul de facteurs de risques).

A l’issue de ces ateliers, de nouvelles mesures concrètes viendront enrichir le programme d’actions déjà engagé du Projet régional de l’Agence visant à Réduire la Mortalité Infantile et périnatale (RéMI).

1 EPOPé signifie « Épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique ».  
2 Recommandations ou standards définis par les sociétés savantes et la Haute autorité de santé (HAS).
3 Ce taux est semblable à ceux d’autres audits européens ou français mettant en évidence qu’entre 25% et 33% des décès sont possiblement ou probablement évitables.
 
> Contacts Presse :

Marine Leroy
marine.leroy@ars.sante.fr
01 44 02 01 73

@ARS_IDF
www.ars.iledefrance.sante.fr

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