Réaction de l’ANEMF (Association Nationale des Etudiants en Médecine de France) et de l’ISNCCA (Intersyndical National des Chefs de Cliniques & Assistants) suite à la publication du rapport de la Conférence des Doyens sur la formation clinique des étudiants en médecine et, notamment, sur le sujet des touchers pelviens pratiqués sous anesthésie générale sans consentement.
Marisol Touraine a reçu aujourd’hui les conclusions d’un rapport de la Conférence des Doyens des facultés de médecine sur la formation clinique des étudiants en médecine. Ce rapport confirme l’existence de pratiques inacceptables en ce qui concerne l’apprentissage des touchers pelviens.
La réalisation de touchers pelviens sur des patientes endormies qui n’en auraient pas été informées et qui n’y auraient pas consenti est inacceptable. L’ANEMF et l’ISNCCA condamnent de telles pratiques qui, au coeur du temps de formation, donnent aux étudiants concernés l’image d’une éthique médicale bradée et contournée : elles n’ont pas leur place dans notre cursus. Nous appelons les établissements de santé à mettre en oeuvre toutes les dispositions pour informer et faire comprendre aux patients les enjeux de la présence d’étudiants dans leurs murs.
Que des étudiants aient pu réaliser des gestes sans le consentement des patientes interroge bien au-delà de la polémique actuelle. Alors que patients et soignants s’accordent sur la volonté d’une médecine plus humaine, l’enseignement de l’éthique médicale et de la relation avec le patient restent le parent pauvre de la formation des futurs médecins. En mettant à l’écart les sciences humaines et en installant un système de prime à la sur-spécialisation, les facultés de médecine ont donné lieu à une situation dont chacun comprend aujourd’hui combien elle est en décalage avec ce que la société attend de ses soignants. Le modèle d’une formation organisée sur le tas ne fait plus recette : confrontés à des situations humaines parfois lourdes, les étudiants en médecine aspirent à être mieux préparés !
Le paradigme d’une formation clinique organisée autour de la mise en pratique a bien vieilli : aujourd’hui comme hier, l’apprentissage au lit du malade fait sens ! Si les étudiants en médecine s’estiment à une large majorité mal préparés à leur métier, c’est surtout et avant tout parce que les facultés se sont désengagées. Le temps de formation à l’hôpital est précieux : non préparé et pas optimisé, il est aujourd’hui très largement sous-utilisé. Si nos facultés se donnent comme impératif que le premier geste ne soit jamais fait sur un patient, elles doivent investir massivement dans les outils de simulation qui concernent tant l’examen clinique et la réalisation de gestes techniques que la relation médicale. Les annonces de Marisol Touraine sont, sur ce sujet, très encourageantes : elles doivent être suivies d’effets sur le terrain.
L’ANEMF et l’ISNCCA appellent l’ensemble des acteurs à prendre la mesure du sujet qui s’ouvre aujourd’hui. Derrière ces actes déplorables se cache une réalité simple : le naufrage de la formation clinique à la française. Pour continuer à former demain des médecins de grande qualité, les réformes à engager sont urgentes.
Contacts presse :
- Sébastien FOUCHER – Président de l’ANEMF – president@anemf.org – 06.50.38.64.94
- Docteur Julien LENGLET – Président de l’ISNCCA – president@isncca.org – 06.43.21.17.29