On estime à 130 000 le nombre de personnes qui meurent chaque année en France des conséquences de leur consommation d’alcool ou de tabac. Deux domaines dans lesquels nos pratiques de consommation sont plus fortes qu’ailleurs lorsqu’on les compare à des pays équivalents : en moyenne, parmi 34 pays de l’OCDE, on compte 8,5 litres d’alcool bu par habitant chaque année et 20% de la population âgée de 15 ans et plus qui fume quotidiennement ; en France ce sont 11 litres d’alcool et 24% de la population fumeuse. Plus inquiétant encore, en France, les 20% qui sont les plus gros buveurs consomment à eux seuls plus de 50% de l’alcool bu par an.
Loi Evin : une loi de santé forte, qui n’a pas empêché l’industrie viticole de prospérer au cours des années 1990… et dont la remise en cause risque de profiter davantage aux grands alcooliers internationaux au détriment de notre santé comme des producteurs de vin régionaux
D’abord, la loi Evin a montré, tout au long des années 1990, qu’une telle mesure de santé publique n’affecte pas par nature le développement de l’industrie viticole française. Celle-ci est, depuis le début des années 2000, principalement affaiblie par la baisse des exportations de vins du fait du développement d’une concurrence beaucoup plus forte de la part d’autres pays producteurs.
Ensuite, des études montrent l’effet systématique de la publicité pour l’alcool sur la progression de sa consommation. Chercherait-on à compenser les baisses d’exportations par une reprise de l’augmentation de la consommation par les Français, qu’on sait nocive pour leur santé et déjà bien supérieure à celle recensée dans presque tous les pays ?
Enfin, contrairement à ce qui est mis en avant pour légitimer la réforme de la loi Evin supportée par une majorité de Députés, à l’encontre de l’avis de la ministre de la Santé qui a bien en tête le péril sanitaire que cela représente, l’amendement proposé ne concerne pas spécifiquement le vin, noble breuvage caractéristique de notre culture nationale. L’amendement concerne la possibilité d’utiliser toute information relative à « une région de production (…), une indication géographique (…), un terroir (…), à l’histoire ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique disposant d’une identification de la qualité ou de l‘origine, ou protégée (…) » pour permettre qu’une communication ne soit pas considérée comme une publicité et échappe donc à l’interdiction créée par la loi Evin depuis 1991. Mais peut-on imaginer que les whiskies écossais, bières belges ou vodka polonaise, pour ne citer que ces quelques exemples, ne s’engouffreront pas dans cette brèche ?
Ne nous y trompons pas : revenir sur l’interdiction de faire la promotion de l’alcool profitera aux grands groupes alcooliers internationaux qui auront les moyens d’investir dans de vastes campagnes de communication spécifiquement élaborées pour s’inscrire dans cette fenêtre qui leur sera ouverte, beaucoup plus qu’au producteur de vin de pays dans nos régions qui sera bien incapable de développer les budgets nécessaires à une telle communication.
Le paquet neutre : une mesure de bon sens qui ne peut être remise en cause au nom de l’intérêt des buralistes
La nocivité de la consommation de tabac sur la santé ne fait heureusement plus de doute à personne. Le fait de diminuer l’attractivité du paquet en y supprimant le maximum d’éléments distinctifs a montré, dans les pays où le paquet neutre a été mis en place, un effet tendant à une moindre entrée dans le tabagisme en particulier chez les jeunes. Et si l’industrie du tabac tout comme les buralistes y sont si fortement opposés, c’est un indice fort nous laissant penser qu’ils croient aussi à l’efficacité de la mesure.
Comment, dans ces conditions, imaginer que nos élus pourraient choisir d’empêcher la mise en œuvre d’une mesure aussi simple en France ? Ce serait incompréhensible !
Il est absolument inentendable que la préservation du commerce de proximité dans les zones rurales, au travers de la présence des buralistes, puisse reposer sur des arguments aussi contradictoires avec des évidences de santé publique qui font largement consensus.
Une fois de plus la question est prise à l’envers : il faudrait accompagner les buralistes des zones rurales vers le déploiement d’activités de service lucratives et utiles à la population. Les besoins sont nombreux dans ces territoires !
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, nous vous demandons solennellement, au nom des intérêts de santé publique les plus élémentaires et face à l’enjeu des 130 000 morts annuels liés aux dégâts que provoquent les consommation de tabac et d’alcool dans notre pays, d’assurer par votre vote lors du dernier et décisif passage du projet de loi santé devant vos assemblées :
– le rétablissement des dispositions de la loi Evin telles qu’elles ont toujours existé depuis 15 ans,
– le maintien des nouvelles dispositions sur le paquet neutre.
Chacun d’entre vous en sera redevable devant la Nation toute entière s’agissant de mesures qui nous concernent tous.
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Marc Paris
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