Six ONG environnementales (Global 2000, PAN Europe, PAN UK, Générations Futures, Nature et Progrès Belgique et wemove.fr) de cinq pays européens déposent une plainte officielle ce jour contre les responsables de l’évaluation du glyphosate en Europe, pour déni des effets cancérogènes du glyphosate et contre la possibilité de voir ré-autoriser sur le marché européen cette molécule.
En Mars 2015, le glyphosate a été classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérogène probable pour l’homme. Mais en Europe, l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR), -agissant en tant que rapporteur pour la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) – , a approuvé la demande de l’industrie et a proposé de classer le glyphosate comme «non-cancérigène » . La Règlement européen sur les pesticides 2009 (1107/2009) interdit les substances actives, pouvant causer le cancer, or avec cet avis du Bfrle feu vert a été donné pour une nouvelle approbation de glyphosate en Europe.
Le 7 Mars, le Comité permanent de la Faune, Flore, et de l’alimentation humaine et animale va réévaluer l’autorisation de glyphosate pour 15 ans et il semble que selon toute vraisemblance, les États membres soient susceptibles de voter en faveur.
Les produits à base de glyphosate sont les plus largement utilisés en tant que désherbants dans le monde, utilisés non seulement en agriculture, mais aussi dans les espaces publics tels que les jardins publics, les parcs et les cimetières. Pas étonnant que les résidus de ce pesticide dangereux se retrouvent dans l’environnement, dans les aliments et dans notre corps, tout récemment, les résidus de glyphosate ont été détectés dans la bière allemande [1].
La plainte de nos ONG, déposé à Berlin, apporte des éléments sur des manquements aux dispositions légales et des normes scientifiques qui ont été utilisés pour refuser la cancérogénicité du glyphosate, et demande une enquête plus approfondie sur la question.
Dans son évaluation, le BfR allemand a initialement invoqué quasi-exclusivement les données de cancérogénicité et de l’évaluation statistique fournie par le Groupe de travail Glyphosate (GFT) [2], mais après que l’OMS ait classé le glyphosate comme un «cancérogène probable pour l’homme », le BfR a trouvé l’incidence des tumeurs statistiquement significative dans cinq études de cas fournies par l’industrie, à l’aide d’un test statistique différent (le «test de tendance») [3]. Mais, dans une violation des lignes directrice de l’OCDE et des principes scientifiques de base, d’abord le BfR puis l’EFSA ont rejeté ces conclusions sans rapport avec l’exposition (voir l’annexe pour une explication détaillée). [4]
« Lorsque nous avons examiné la façon dont le BfR et l’EFSA d’un côté et les experts de l’Organisation mondiale de la Santé de l’autre pourraient aboutir à des conclusions opposées après avoir révisé les mêmes études sur les animaux, nous avons été impressionnés par ce que nous avons trouvé», dit Angeliki Lysimachou de Pesticide Action Network Europe en charge du dossier des perturbateurs endocriniens.
«Il est difficile de comprendre comment le BfR peut simplement adopter les conclusions de Monsanto. Monsanto avait déjà été en conflit avec la loi, et ce n’est pas la première fois qu’ils ont donné des informations incorrectes sur le glyphosate », explique Josef Unterweger, l’avocat qui a porté cette plainte au nom des ONG.
« Les failles dans l’évaluation des risques de glyphosate sont inacceptables, illégales et dangereuses. Ainsi, nous demandons instamment aux États membres européens de rejeter la ré-approbation du glyphosate le 7 Mars et prendre position pour protéger la santé humaine et l’environnement », ajoute Angeliki Lysimachou.
« Notre association, Générations Futures, s’associe à cette plainte car elle n’a de cesse de dénoncer – grâce au travail précieux mener par PAN Europe – les nombreuses failles et les carences des homologations de pesticides au niveau européen. Il est temps de faire respecter les lois et Règlements votés démocratiquement et qui sont de manière trop systématique ralenties, voire détournées, dans leur application par des techniciens ou des industriels prompts à les détricoter et/ou les affaiblir! » déclare François Veillerette, Porte-parole de Générations Futures » Nous appelons les citoyens à faire aussi entendre leur voix sur ce dossier et les invitons à signer la pétition que nous avons lancé avec les ONG Foodwatch et La Ligue contre le cancer » conclut-il.
– http://www.thelocal.de/20160225/tests-find-cancer-inducing-chemical-in-german-beers
– The glyphosate umbrella group of industry organizations lead by Monsanto http://www.glyphosate.eu/legal-notice
– http://www.pan-germany.org/download/PAN_Germany_Addendum_analysis_09112015.pdf
– http://www.pan-germany.org/download/Analysis_EFSA-Conclusion_151201.pdf
Contact presse Générations Futures :
François Veillerette – porte-parole de GF : 06 81 64 65 58 francois@generations-futures.fr
Nadine Lauverjat – coordinatrice de GF : 06 87 56 27 54 nadine@generations-futures.fr