Avec le printemps s’ouvre la saison des pollens d’arbres et de graminées, de plus en plus agressifs sous l’effet de la pollution et du changement climatique. Loin de l’idée reçue de maladies bénignes, les allergies sont des pathologies reconnues comme chroniques par l’Organisation mondiale de la santé, avec des conséquences importantes tant sur la vie des patients que sur les finances publiques par les coûts qu’elles impliquent.
Dans ce contexte, et pour prévenir l’aggravation des symptômes, la prise en charge des patients allergiques constitue un enjeu central. Alors que leur formation est aujourd’hui remise en question, les allergologues se mobilisent afin que l’offre de soins soit à la hauteur des besoins des patients et de ce défi de santé environnementale. Le 11e Congrès francophone d’allergologie, qui a rassemblé Porte Maillot 2 500 professionnels venant du monde entier, a rappelé l’urgence de permettre une prise en charge des patients allergiques adaptée via la création d’une spécialité.
Période à haut risque pour les allergiques
Véritables maladies de civilisation qui concernent 30% de la population aujourd’hui, les allergies ont également vu leur sévérité considérablement augmenter, sous l’effet de la pollution et du réchauffement climatique. D’après l’Organisation mondiale de la santé, la moitié de la population occidentale en souffrira d’ici 2050. Les allergies respiratoires concernent aujourd’hui 25% de la population, tandis que le nombre des allergies alimentaires explose, notamment chez les enfants. Et les pathologies surviennent désormais à tout âge : on peut devenir allergique du jour au lendemain, même après 40 ans…
L’arrivée des pollens de bouleau marque le début d’une période particulièrement difficile pour les personnes allergiques. Car une allergie, ce n’est pas seulement un nez qui coule et des yeux qui piquent. Les allergies sont de plus en plus sévères, elles tendent à s’aggraver et ont un réel impact sur la vie quotidienne des patients et sur notre système de santé.
• d’une part, sur la vie quotidienne des personnes allergiques :
– chaque année, 4 crises en moyenne (dont 1 crise grave), 4 recours aux urgences et 1 hospitalisation pour les patients souffrant de rhinite allergique
– des journées d’école manquées pour 35% des enfants souffrant d’allergies respiratoires sévères
– une baisse de la productivité pour 42% des personnes allergiques, qui peut entraîner jusqu’à la perte d’une promotion, un changement de travail ou un départ anticipé à la retraite
• d’autre part, sur notre système de santé. En effet, tous ces impacts quotidiens représentent un réel coût pour la collectivité :
– 1,6 milliard d’euros pour la rhinite, dont 75% de coûts indirects (absentéisme, baisse de la productivité, traitements symptomatiques inefficaces, baisse de la qualité de vie…)
– 1,5 milliard d’euros pour l’asthme, dont 35% de coûts indirects
Les allergologues, seuls à même de prendre en charge des pathologies de plus en plus complexes et sévères
Les symptômes étant multifactoriels, les allergiques doivent bénéficier d’un diagnostic et d’un dépistage adaptés.
Aujourd’hui, les patients allergiques sont pris en charge par leur médecin généraliste, dans les cas les plus modérés, et pour les plus sévères d’entre eux, soit par les spécialistes d’organe – pneumologue, ORL, dermatologue – soit par des allergologues exclusifs exerçant en ville ou à l’hôpital.
Les allergologues sont aujourd’hui des médecins généralistes ou spécialistes qui ont complété leurs études par 2 ans de formation pour devenir allergologues.
Or, on ne compte aujourd’hui que 1 200 allergologues en France soit 1 praticien pour 17 000 patients. Le nombre de patients allergiques, notamment les plus sévères d’entre eux, nécessiterait qu’environ 70 allergologues soient formés chaque année.
Insuffisamment nombreux, les allergologues ne peuvent aujourd’hui accompagner tous les patients devant l’être, et les temps de consultation s’allongent. Actuellement, les délais d’attente pour consulter un praticien sont de 3 à 6 mois, laissant le temps aux pathologies de se développer et de s’aggraver.
Une mobilisation en faveur d’une meilleure prise en charge des patients
La Commission Nationale des Études de Maïeutique, Médecine, Odontologie et Pharmacie (CNEMMOP) a été chargée de la réforme des études médicales du 3e cycle. Alors que ses travaux s’achèvent, les allergologues se mobilisent pour que l’allergologie soit reconnue comme une spécialité comme c’est le cas dans 15 pays européens et aux États-Unis.
Car si aucune spécialité permettant de pérenniser la formation n’était créée, de nouveaux allergologues exclusifs ne seront plus formés. Et avec une moyenne d’âge de la profession de 57 ans aujourd’hui, il n’y aura plus d’allergologues exclusifs d’ici 15 ans.
Le Syndicat français des allergologues (SYFAL) a lancé une pétition destinée à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, et Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, demandant à ce qu’un diplôme d’études spécialisées (DES) d’allergologie soit créé, afin d’améliorer la prise en charge des patients. Cette pétition reçoit un écho très favorable de la part des patients. Quelques jours seulement après son lancement, elle a déjà recueilli plus de 2 000 signatures.
Les participants du congrès francophone de l’allergologie, grand événement annuel de l’allergologie qui s’achève aujourd’hui à Paris, ont également rappelé cette nécessité. Pour le Dr Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues : “L’arrivée des pollens plus allergisants nous rappelle l’urgence sanitaire de la situation : alors que le nombre de personnes allergiques s’accroît considérablement, le nombre de médecins allergologues diminue. Il est donc plus qu’urgent de créer une spécialité d’allergologie, afin d’améliorer la prise en charge des Français allergiques”.
Contact presse :
Marine Gossa
01 49 09 25 69
marine.gossa@tbwa-corporate.com
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À propos du Syfal :
Le Syndicat français des allergologues est l’instance représentative des médecins allergologues, qu’ils exercent en libéral ou dans le cadre hospitalier. Le Syfal fait entendre la voix des allergologues auprès des instances professionnelles et des pouvoirs publics. Il s’engage également en faveur de l’amélioration de l’information sur les allergies, qui touchent aujourd’hui près d’un tiers de la population.