L’équipe du Professeur Iradj Sobhani, de l’hôpital Henri Mondor AP-HP et l’Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC), a mis en évidence des marqueurs épigénétiques de l’ADN tumoral ; le groupe du Dr Valérie Taly et du Professeur Pierre Laurent Puig, de l’hôpital européen Georges Pompidou AP-HP a procédé à une analyse sanguine de patients atteints de cancer par la méthode de PCR digitale en microgouttelettes.
Des chercheurs du CHU Henri Mondor en collaboration avec l’Université Paris Descartes, du CNRS, de l’Inserm, ont montré que l’analyse des modifications non génétiques (épigénétiques) de seulement deux gènes (WIF1 et NPY) pourrait être utilisée comme marqueur universel pour la surveillance des patients traités. Cette étude repose sur une méthode d’avant-garde : la PCR[if !supportFootnotes][1][endif] digitale en microgouttelettes. Ces résultats sont parus dans la revue Clinical Chemistry (Clin Chem. 2016 Aug;62(8):1129-39).
Le cancer colorectal reste une maladie grave avec environ 42 000 nouveaux cas par an en France. Il est le troisième cancer le plus fréquent, après le cancer de la prostate et celui du sein ; il est aussi la 2ème cause de mortalité par cancer après celui du poumon. La majorité des nouveaux cas de cancer colorectal est diagnostiquée à un stade qui nécessite outre une opération chirurgicale, des traitements médicaux coûteux et parfois avec des effets secondaires importants. La surveillance de ces patients relève beaucoup d’examens radiologiques, eux-mêmes coûteux et pour certains irradiants. Il n’existe que très peu de d’indicateurs sanguins de surveillance. L’analyse des marqueurs génétiques du cancer présents dans le sang du patient, devient fréquente. Cette méthode présente l’avantage d’être non invasive et de proposer une cartographie précise de l’état d’avancement des tumeurs d’un patient en analysant l’ADN relargué et diffusé dans le sang par ces dernières. Seulement, ces recherches ont montré qu’une très grande diversité de marqueurs génétiques est présente dans les tumeurs, ce qui en rend leur analyse complexe voire impossible. Il faut parfois une trentaine de tests différents pour suivre un peu plus de la moitié des patients. L’autre moitié des patients présentant des mutations rares, voire uniques, il aurait fallu développer quasiment un test pour chaque patient.
Il était donc nécessaire de trouver des marqueurs qui puissent être universels et qui permettraient de suivre un maximum de patients avec un minimum de tests.
Cette méthode révolutionnaire consiste à diviser un échantillon de sang en millions de compartiments microscopiques (ici des gouttelettes de quelques picolitres) de sorte que chaque compartiment ne contienne pas plus d’un fragment d’ADN cible. Chaque fragment d’ADN cible peut donc ensuite être testé individuellement permettant d’atteindre une sensibilité et une précision inaccessible par les méthodes conventionnelles. Cette démarche a montré que l’hyperméthylation des gènes WIF1 et/ou NPY était détectable dans 100% des tumeurs, qu’elles soient localisées ou métastatiques, et que ces marqueurs pouvaient également être détectés dans le sang des patients.
Par ailleurs, les chercheurs ont montré que la détection de l’ADN tumoral circulant et de ses évolutions par le suivi d’une mutation particulière ou de ces hyperméthylations étaient redondants. Ceci leur a permis de conclure que la caractérisation de ces marqueurs de méthylation pourrait permettre de suivre l’ensemble des patients traités pour un cancer colorectal. Avec ces résultats, les scientifiques ont démontré que l’on peut aussi bien suivre l’efficacité d’un traitement chez des patients atteints de cancer avancés, que de détecter d’éventuelles récidives plus précocement que les méthodes couramment utilisées. « Les résultats des formes très peu avancés dans le contexte du dépistage seront communiqués bientôt. Cette étude est un pas de plus vers la médecine personnalisée et devrait faciliter la surveillance des patients traités » a indiqué le Pr Sobhani, chef de service de Gastroentérologie, concepteur et principal investigateur de l’étude Vatnimad mené dans un contexte de dépistage entre 2010 et 2015 sous la promotion de l’APHP et avec le financement du PHRC de 2009.
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