Jusqu’à présent réservée aux patients atteints de cancers inopérables, métastatiques ou aux patients en rechute, l’immunothérapie pourrait devenir une option thérapeutique à d’autres niveaux de prise en charge en cancérologie.
Les résultats d’une étude publiée dans le New England Journal of Medicine du 8 octobre démontrent que l’ipilimumab, une immunothérapie anti-CTLA4, apporte un bénéfice à des patients opérés d’un mélanome à risque de rechute. Administré après la chirurgie, l’ipilimumab réduit le risque de récidive de manière significative à 5 ans et améliore le pronostic de ces patients par rapport à un placebo.
Ces résultats ont également été présentés au congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO, Copenhague, 7-11 octobre 2016).
En cancérologie, la chirurgie est l’élément essentiel de la prise en charge des cancers localisés. En fonction des cancers, il a été montré qu’une chimiothérapie, parfois associée à de la radiothérapie, avant ou après la chirurgie pouvait améliorer le pronostic des patients et diminuer leur risque de rechute.
« Actuellement, il n’existe pas de traitement d’intérêt, avant ou après la chirurgie, pour diminuer le risque de récidive de patients atteints d’un mélanome opérable à risque de rechute » précise le Pr Alexander Eggermont, premier auteur de la publication dans le New England Journal of Medicine et directeur général de Gustave Roussy.
Dans cette étude internationale, multicentrique et randomisée de phase III, sur les 951 patients opérés pour un mélanome de stade III inclus dans l’étude, 475 ont reçu une immunothérapie (10 mg/kg d’ipilimumab) après l’opération. Les autres recevaient un placebo.
À 5 ans, les résultats obtenus démontrent de manière significative le bénéfice de cette immunothérapie après la chirurgie d’une tumeur localisée : 40,8% des patients traités par ipilimumab n’avait pas rechuté contre 30,3% des patients sous placebo. Le risque de récidive était ainsi diminué de 24 points chez les patients traités par ipilimumab. 65,4% des patients traités par ipilimumab étaient en vie contre 54,4% dans le groupe placebo ; le taux de survie sans apparition de métastases était de 48,3% pour les patients traités par ipilimumab contre 38,9%.
Des effets indésirables de grade 3 et 4 étaient plus fréquents chez les patients traités par ipilimumab (54,1% des patients) que sous placebo (26,2%).
« Cette étude est le point d’ancrage d’un nouveau positionnement de l’immunothérapie dans l’arsenal thérapeutique des cancers » conclut le Pr Eggermont. Ces résultats sont à mettre en perspective avec ceux d’une étude sur l’efficacité d’une immunothérapie administrée en première ligne dans les cancers du poumon présentée en séance plénière au congrès européen de cancérologie (ESMO, Copenhague, 7-11 octobre 2016). Discutés par le Pr Jean-Charles Soria, Chef du Département de l’Innovation Thérapeutique et des Essais Précoces (DITEP) de Gustave Roussy, les résultats de cette étude démontre que l’immunothérapie pourrait être amenée à remplacer la chimiothérapie en première ligne pour certains patients atteints d’un cancer du poumon.
// Le programme GRIP
Le GRIP (Gustave Roussy Immunotherapy Program), a été créé début 2015 pour fédérer les énergies et asseoir l’ambition de l’Institut en matière d’immunothérapie : développer des stratégies thérapeutiques immunologiques anticancéreuses efficaces et accessibles au plus grand nombre de patients, quel que soit leur type de cancer, afin d’augmenter leur survie à long terme, voire d’obtenir leur guérison. Initié par le Pr Alexander Eggermont, directeur général de Gustave Roussy, ce programme est dirigé par le Dr Aurélien Marabelle sur le plan clinique et par le Pr Laurence Zitvogel sur le plan scientifique.
// A propos de l’immunothérapie
L’immunothérapie est actuellement l’une des voies de recherche les plus prometteuses en oncologie. Elle consiste à stimuler par différents traitements le système immunitaire afin de lui permettre de combattre les cellules tumorales. Il s’agit donc de réveiller le système immunitaire face au cancer.
Source : Prolonged survival with ipilimumab as adjuvant therapy in patient with high risk stage III melanoma
http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1611299
Alexander M.M. Eggermont, M.D., Ph.D., Vanna Chiarion-Sileni, M.D., Jean-Jacques Grob, M.D., Ph.D., Reinhard Dummer, M.D., Jedd D. Wolchok, M.D., Ph.D., Henrik Schmidt, M.D., Omid Hamid, M.D., Caroline Robert, M.D., Ph.D., Paolo A. Ascierto, M.D., Jon M. Richards, M.D., Céleste Lebbé, M.D., Ph.D., Virginia Ferraresi, M.D., Michael Smylie, M.D., Jeffrey S. Weber, M.D., Ph.D., Michele Maio, M.D., Ph.D., Lars Bastholt, M.D., Laurent Mortier, M.D., Ph.D., Luc Thomas, M.D., Ph.D., Saad Tahir, M.D., Axel Hauschild, M.D., Ph.D., Jessica C. Hassel, M.D., F. Stephen Hodi, M.D., Corina Taitt, M.D., Veerle de Pril, M.Sc., Gaetan de Schaetzen, Ph.D., Stefan Suciu, Ph.D., and Alessandro Testori, M.D.
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