Chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée… Toutes les stratégies thérapeutiques pour lutter contre les cancers du sein sont évoquées lors du San Antonio Breast Cancer symposium. Cette année encore, les médecins-chercheurs de l’Institut Curie étaient au rendez-vous pour présenter leurs derniers résultats sur le plus fréquent des cancers féminins. En voici quelques exemples emblématiques.
Confirmation du potentiel des cellules tumorales circulantes
Les cellules tumorales circulantes (CTC) sont des cellules « échappées » de la tumeur initiale et présentes dans le sang. Elles sont souvent sous le feu des projecteurs. Et pour cause : elles apportent de précieuses informations aux médecins sur les risques de rechute, de développement des métastases et la réponse au traitement.
Lors d’une présentation orale, le Dr François-Clément Bidard, médecin-chercheur à l’Institut Curie, vient encore d’étendre le potentiel des CTC en tant que biomarqueur pronostique. Cette fois, ce sont les patientes ayant un cancer du sein détecté à un stade précoce mais nécessitant une chimiothérapie néo-adjuvante – chimiothérapie prescrite avant la chirurgie – qui pourraient en bénéficier.
Les médecins de l’Institut Curie ont coordonné une méta-analyse internationale (8 pays européens, Etats-Unis et Japon) sur plus de 2 000 patientes ayant eu un décompte de CTC par la technologie CellSearch®, dont le cancer du sein était diagnostiqué à un stade précoce. Après analyse, ils montrent que le nombre de CTC est un indicateur prédictif complémentaire à ceux déjà pris en compte pour déterminer les risques associés à ce type de cancer.
Profil des tumeurs primaires et métastases
C’est l’un des sujets récurrents discutés par les oncologues : le profil biologique des tumeurs primaires est-il identique à celui des métastases ? L’étude ESOPE, coordonnée par le Dr Paul Cottu, responsable de l’hôpital de jour de chimiothérapie de l’Institut Curie (Paris), a analysé le profil génomique des tumeurs primaires et des métastases chez une centaine de patientes. Les premières données, présentées à San Antonio l’année dernière (qui avaient valu un Award remis au Dr Aurélie Comte), laissaient entrevoir que les variations de profil dépendaient du sous-type de cancers du sein.
Cette année, les résultats présentés se sont concentrés sur les variations d’une quarantaine de gènes (sciemment choisis) entre les tumeurs primaires et les métastases prélevées chez une même patiente avant tout traitement, et ont été présentés au cours d’une « Poster Discussion ». Là encore, tout dépend du type de cancer du sein et du lieu de survenue des métastases. Par exemple, un enrichissement de la voie dite MAPK est plus fréquemment constaté dans les métastases du foie que dans d’autres sites. Les analyses se poursuivent pour décrypter les points communs et les différences biologiques entre tumeur primaire et métastases, et ainsi à terme pouvoir adapter le traitement à ces spécificités.
Prise en charge des patientes âgées
Le traitement des patientes âgées a longtemps été le grand laissé pour compte de la cancérologie. Un état de fait contre lequel le Dr Etienne Brain, oncologue médical (Saint-Cloud), continue à se battre même si les choses changent comme le prouve sa présentation à San Antonio. A cette occasion, il a dressé un état des lieux des traitements disponibles pour les femmes âgées atteintes d’un cancer du sein métastatique.
Sous réserve de la présence de récepteurs hormonaux dans le tissu tumoral, le traitement de premier choix reste l’hormonothérapie, seul ou en association avec des molécules capables d’atténuer la résistance à l’hormonothérapie. Il est important de rester bien conscient de l’enjeu constant des effets secondaires accrus en fonction de l’âge et de leur impact indiscutable sur la qualité de vie et l’autonomie fonctionnelle, deux priorités chez les sujets âgés.
La chimiothérapie doit toujours être ajustée, et l’herceptin peut être envisagé de manière rassurante dans les cas où le cancer sur-exprime HER2, et à partir du moment où la patiente ne présente pas de problème cardiaque. Par contre, il faut poursuivre vigoureusement les efforts de programmes de recherche spécifiques pour ces patients plus âgés faute de quoi nous continuerons à extrapoler des résultats obtenus sur des populations plus jeunes ou sur de rares sujets âgés très sélectionnés, sans grande cohérence, avec certains risques et sans équité.
Quant aux autres travaux des spécialistes de l’Institut Curie, ils couvraient des champs allant de la recherche translationnelle aux essais cliniques, des études nationales ou internationales : le Pr Jean-Yves Pierga, directeur du département d’Oncologie médicale, présentait d’autres résultats sur les CTC chez les patientes atteintes d’un cancer du sein ne sur-exprimant par HER et métastatique ; le Dr Florence Lerebours, oncologue médical exposait des données sur la valeur prédictive de certains examens d’imagerie après un traitement néo-adjuvant.
Cette diversité illustre le dynamisme de l’institut dans la prise en charge de cette localisation tumorale, expertise historique de l’Institut Curie, qui représente plus de 60 % de l’activité de l’Ensemble Hospitalier et constitue une priorité du programme médico-scientifique de l’institut.
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