« L’ordonnance qui introduit la possibilité d’accéder partiellement à la profession d’infirmier en France vient d’être publiée au Journal officiel le vendredi 20 janvier.
Cette ordonnance relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles permet un accès partiel à la profession d’infirmier : des professionnels de santé partiellement qualifiés, issus d’un autre Etat membre de l’Union Européenne, pourraient ainsi exercer en France en invoquant leur titre, délivré dans leur pays d’origine, mais traduit.
L’Ordre national des infirmiers s’est élevé très tôt contre ce projet qui n’a aucun sens et qui est imposé par le Gouvernement.Celui-ci se dissimule derrière une prétendue obligation européenne, alors que ni l’Allemagne, ni l’Espagne n’ont transposé cet accès partiel de la profession d’infirmier.
L’Ordre fera tout pour empêcher cet exercice au rabais de notre profession qui constitue une menace grave pour la qualité des soins. Nous dénonçons une vision à la découpe du soin qui est contraire à notre conception de prise en charge globale et de haut niveau d’expertise. Etre infirmier ce n’est pas faire des actes à la carte.
Cette mesure aurait pour effet de casser le cadre réglementaire d’exercice des professions de santé de plein exercice actuellement reconnu en France.
Ainsi, par exemple, une professionnelle qui serait dénommée « infirmière auxiliaire » dans la langue de son pays pourra venir exercer en France comme « infirmière auxiliaire » dans la traduction française alors même qu’elle n’aura pas la formation requise pour un plein exercice. Cela portera atteinte à la qualité et la sécurité des soins.
« Nous nous opposons à ce qui constitue une déréglementation scandaleuse et irresponsable de l’accès aux professions de santé dans une logique de nivellement par le bas et de dépréciation de la qualité des soins. Quel est le sens dans ce contexte de l’intégration de la profession infirmière dans le processus Licence-Master-Doctorat ? Veut-on pour de basses raisons d’économies introduire des soins low-cost réalisés par des professionnels sous-qualifés et sous-payés ? » dénonce Didier BORNICHE, président de l’Ordre.
L’Ordre national des infirmiers déposera un recours au Conseil d’Etat au tout début du mois de février pour faire annuler cette disposition.
D’autre part, nous mobilisons les parlementaires, députés et sénateurs, car cette ordonnance a été prise dans leur dos et alors même que l’Assemblée nationale et le Sénat avaient rendu des avis très défavorables à l’introduction de cet accès partiel. Chacun de vous peut aussi écrire à son député ou sénateur pour dire à quel point il est choqué de cette mesure scandaleuse. Vous pouvez utiliser les visuels de l’Ordre disponibles sur notre site.
Notre profession doit être respectée. C’est un devoir vis-à-vis des patients et de la santé publique avec laquelle il ne saurait être question de transiger. »