A quelques semaines d’un scrutin présidentiel où les questions de santé occupent une place primordiale, Deloitte a interrogé les Français sur leurs attentes vis-à-vis du système de santé. Le baromètre révèle leur attachement pour leur système de santé, mais aussi leur lucidité quant aux défis qu’il doit surmonter. Ils se montrent résolument « orientés vers l’action » : désireux de devenir acteurs de leur santé à titre individuel et favorables à une réforme en profondeur du système.
82% des Français se disent globalement satisfaits du système de santé en matière de sécurité, 81% pour la qualité.
· Cependant, une persistance du renoncement aux soins pour 1 Français sur 2 ; et un reste à charge croissant pour 61% des salariés.
· Dans le cadre de la campagne, les Français manifestent une volonté de priorisation des orientations politiques liée aux enjeux sociétaux : la dépendance (89%) et la lutte contre les déserts médicaux pour pallier les inégalités sur le territoire (88%).
· Les outils de e-santé plébiscités : la télémédecine, vue comme un palliatif aux déserts médicaux (30 %), le dossier médical partagé (39 %) ou encore les outils de prise de rendez-vous en ligne (32 %).
· Robot : deux tiers des Français autoriseraient qu’on y recoure si cela peut améliorer leur prise en charge.
· Les acteurs traditionnels restent l’interlocuteur privilégié. Seuls 38% des personnes interrogées font confiance aux nouveaux acteurs technologiques type GAFA (-21 points vs 2016), 38% les trouvent légitimes (58% en 2016).
· Les complémentaires ont un rôle clé à jouer en matière de prévention, de dépendance et de e-santé. Près d’un salarié sur quatre a d’ailleurs souscrit à une couverture supplémentaire suite à l’entrée en vigueur de l’ANI
Les Français sont prêts pour une réforme de la santé
S’ils affichent leur satisfaction globale par rapport au système de santé, les Français n’en perçoivent pas moins les limites et les défis à venir.
La sécurité des soins arrive en tête de leurs motifs de satisfaction : 82 % des Français s’en disent » tout à fait » ou » plutôt » satisfaits, puis la qualité des soins (81%), et la pédagogie du personnel soignant (75%).
Cependant, l’accessibilité aux soins reste difficile, principalement en raison du coût des soins (48 % des Français, 69 % pour les revenus les plus faibles1), du manque de disponibilité des praticiens (45 %) ou encore à cause de l’éloignement géographique (pour 35 % des Français habitant une commune rurale). A cet égard, 88 % des Français estiment que lutter contre les déserts médicaux devrait être une orientation » primordiale » parmi les propositions des candidats en matière de santé, dans le débat électoral en cours.
D’autre part, le vieillissement et la dépendance inquiètent les Français. Le » mieux vieillir » est une tendance qui émerge fortement, exprimée notamment par le souhait d’un meilleur accompagnement des personnes dépendantes. 9 Français sur 10 jugent qu’il est » primordial » ou » important » de l’améliorer.
« Face à ces enjeux, les Français sont conscients de la nécessité de réformer le système de santé. Ils plébiscitent prévention et responsabilisation des assurés sociaux, innovations technologiques, et évolution du rôle des acteurs », commente Michel Sebbane, Associé Conseil Secteur public Santé et Social chez Deloitte.
Les Français attendent de l’Etat des actions déterminées face aux enjeux les plus critiques. Ainsi, ils soutiennent à 88 % la mise en place de contraintes à l’implantation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Ils sont 71 % à défendre une ouverture du numerus clausus.
Pour permettre un rééquilibrage des comptes de l’assurance maladie, les Français assument des réorientations structurelles. La moitié des Français appuierait un recentrage des remboursements par la Sécurité sociale sur les pathologies lourdes et les affections de longue durée, tandis que les soins légers seraient couverts par les assurances privées. Et une part significative d’entre eux (36 %) pense que les remboursements devraient varier en fonction des revenus de l’assuré.
La santé de demain ne sera pas que technologique
L’innovation et la technologie constituent un axe de réponse aux grands enjeux de santé publique. Les Français sont favorables à l’adoption de l’e-santé mais sous conditions : préservation du lien humain et protection des données personnelles.
L’e-santé reste un moyen jugé comme étant efficace pour coordonner le parcours de santé (80%), mieux suivre ses indicateurs (75%), être maintenu à domicile (74%) et bénéficier de prévention personnalisée.
Parmi les technologies approuvées par les Français : la télémédecine comme palliatif aux déserts médicaux (30 %), le dossier médical partagé (39 %) ou encore les outils de prise de rendez-vous en ligne (32 %). Interrogés sur l’interaction avec les robots, deux tiers des Français autoriseraient qu’on y recoure si cela peut améliorer leur prise en charge.
Loin de la technologie gadget, les Français réclament des services à forte valeur ajoutée. En 2017, le recours aux applications mobiles de santé (8% vs 13% en 2016), aux objets de santé connectés (13% vs 19% en 2016) ou à des sites internet et forums spécialisés (31% vs 45% en 2016) est en recul.
D’autre part, les Français sont méfiants sur le partage des données : ils l’envisagent sans difficulté avec des professionnels de santé, à commencer par leur médecin (90%), mais ils sont beaucoup plus réticents avec les nouveaux acteurs technologiques (11%). La confiance et la légitimité de ces nouveaux acteurs et GAFA sont fortement en recul : 38% des Français leur font confiance (-21 points vs 2016), 38% les trouvent légitimes (-20 points vs 2016).
Enfin, le lien humain reste primordial : 38 % des Français expriment la crainte d’une diminution du rôle de l’humain.
Les complémentaires santé ont un rôle à jouer
Si 90% des Français sont désormais affiliés à des complémentaires santé, ces dernières sont attendues à la fois sur le financement des soins, mais aussi sur l’accompagnement. Alors que 61 % des Français ont constaté une augmentation du reste à charge depuis la réforme de 2016, ils attendent de leur complémentaire qu’elle les aide à prendre en charge les soins les plus coûteux : optique, dentaire, acoustique. Près d’un Français sur quatre a d’ailleurs souscrit à une couverture supplémentaire suite à l’entrée en vigueur de l’ANI.
» Face à l’augmentation sensible du reste à charge et aux fortes attentes en matière de réforme du système de santé, les complémentaires ont un rôle primordial à jouer dans la prévention et la prise en charge de la dépendance, dans un environnement qui se digitalise et auprès des acteurs traditionnels qui restent les interlocuteurs privilégiés et de confiance « , estime Jean-François Poletti, Associé Conseil Assurance chez Deloitte.
Méthodologie
L’étude » Les Français et la santé » a été réalisée par OpinionWay pour Deloitte. Elle a été menée sur un échantillon de 2 013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne. Elles se sont déroulées sur la période du 10 au 16 février 2017. Les données ont été exploitées par Deloitte.
L’étude complète est disponible sur demande auprès du service de presse (Marion Breyer – marion.breyer@rumeur-publique.fr)
[1] Revenu du foyer inférieur à 1 000 euros par mois