La CSMF se félicite d’avoir eu un long temps d’échange avec les représentants de deux candidats majeurs à l’élection présidentielle. Olivier Véran, pour Emmanuel Macron, puis Jean Leonetti, pour François Fillon, ont pu dialoguer avec les membres du Bureau confédéral sur des points essentiels pour l’avenir de la médecine libérale.
Olivier Véran résume le programme santé d’Emmanuel Macron en trois axes : développer la prévention, lutter contre les inégalités et améliorer la pertinence et l’évaluation des soins avec des indicateurs de résultats. Tout en garantissant liberté et souplesse : « aucun modèle ne doit être généralisé, il faut permettre aux médecins libéraux d’expérimenter ». Jean Leonetti fait reposer le programme santé de François Fillon sur « deux fondamentaux : la liberté et la responsabilité ». Le but est de parvenir à une meilleure qualité et organisation des soins, tout en réduisant les coûts sans toucher à l’excellence et la solidarité du système de santé français.
Lois de santé et tiers payant généralisé
Olivier Véran constate « l’échec de l’étatisation du système de santé » et prône une « liberté contractuelle » entre les différents acteurs de santé. Il propose un ONDAM pluriannuel à 2,3% pendant 5 ans. Mais la CSMF reste prudente : quid de la répartition ville/hôpital ? Quels moyens pour le virage ambulatoire ? Quant au tiers payant devenu « généralisable », grâce à un dispositif technique facilité, laissé à la main des professionnels de santé, il ne semble nullement question de remettre en cause ce qui va devenir un « droit » pour tous les Français fin 2017. La CSMF a renouvelé son opposition au tiers payant généralisé.
Pour Jean Leonetti, l’Etat doit retrouver la confiance des médecins libéraux par le « contrat et non par la contrainte ». Il prévoit une future loi contenant l’abolition de trois mesures décriées par la profession : le tiers payant généralisé, les groupements hospitaliers de territoires (GHT) et l’article 99 de la LFSS 2017 qui permet la baisse unilatérale des tarifs médicaux. « On ne peut pas faire de réforme contre ou sans les médecins. »
Dialogue conventionnel
Les deux porte-paroles santé ont réaffirmé leur attachement à la convention médicale tout en reconnaissant la nécessité de la faire évoluer. La convention doit régir les droits et les devoirs des deux parties, mais aussi valoriser les missions de prévention, prendre en compte les durées de certaines consultations et alléger la lourdeur administrative.
Sur l’espace de liberté tarifaire souhaitée par la CSMF, Olivier Véran se montre prudent et renvoie au dialogue conventionnel, un dialogue ouvert et « sans tabou ». Mettant également l’accent sur la prévention, Jean Leonetti souhaite tout remettre à plat, de la formation à la rémunération, en passant par la coordination, et projette des « Etats généraux de la santé » fin 2017. Les médecins libéraux ont déjà donné, et sans résultat…
Organisation des soins sur les territoires
Les deux représentants se rejoignent sur un point concernant les déserts médicaux : augmenter le numerus clausus n’est pas la solution. Il faut revoir la formation et redonner de l’attractivité aux carrières médicales.
Olivier Véran réfute l’idée de désert médical : « Ce ne sont pas les médecins qui sont déserteurs, ce sont les territoires qui sont désertifiés ». Il met en avant une démarche pragmatique pour restaurer le maillage de soins de proximité, notamment en spécialistes, en s’adaptant aux besoins et aux territoires. L’hôpital reste cependant un acteur essentiel dans les zones où le manque de libéraux est trop important. La CSMF déplore cette vision hospitalocentrée, au lieu de tout faire pour encourager concrètement l’installation en libéral.
Pour Jean Leonetti, « le virage ambulatoire, ce n’est plus un objectif, c’est une obligation ». Il est nécessaire d’améliorer et de simplifier l’ensemble de la prise en charge dans les structures de santé. Les GHT seraient transformés en GST, « Groupements de Santé de Territoire », améliorant la coordination de l’ensemble des acteurs, hôpitaux et libéraux. Mais la CSMF est inquiète devant les futurs GST et craint qu’ils ne renforcent la place de l’hôpital dans les territoires, faisant des médecins libéraux les vassaux des structures hospitalières. Il estime également que « le gouvernement ne doit pas être le gestionnaire de l’enveloppe budgétaire, mais le stratège du système de soins ». Sur la convergence tarifaire hôpital-clinique, il affirme clairement : « mêmes malades, mêmes droits, mêmes devoirs ».
D’autres sujets ont été abordés, comme l’innovation et la télémédecine que les deux candidats mettent en avant dans leur programme.
Opération séduction ou engagements ? La CSMF a pris bonne note de toutes les propositions avancées par les représentants des deux candidats et restera vigilante en fonction de l’évolution de la situation politique.
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