Lettre ouverte du Mouvement d’Insoumission aux Ordres Professionnels au président de l’ordre national des Infirmiers :
Monsieur Didier BORNICHE,
En cette période électorale, vous venez de présenter publiquement, à l’issue de ce que vous appelez « une large consultation de la profession », ce qui constitue à vos yeux les neuf priorités des infirmières et infirmiers de France pour le prochain quinquennat.
Nous ne souhaitons pas revenir ici en détails sur ces priorités où vous enfoncez de nombreuses portes déjà ouvertes. Nous voulons surtout vous souligner quelques failles méthodologiques relatives à votre démarche.
Faire élaborer vos propositions initialement par les membres de votre ordre infirmier pour ensuite les soumettre à un vote de vos correspondants nous semble peu rigoureux et très regrettable sur un plan démocratique. Vous savez, entre autres, que depuis sa création en 2006, votre institution ordinale est très minoritaire et largement rejetée par 80% des 600.000 infirmier-e-s de notre pays. Oser présenter, en 2017, « vos neuf priorités au nom de l’ensemble de la profession », alors qu’elles représentent l’avis de 3% des effectifs, nous semble donc constituer une imposture et un coup de force inacceptables…vos avis, malgré leurs prétentions, ne peuvent constituer qu’une proposition parmi d’autres. De plus, ne pas demander à l’ensemble des infirmiers ce qu’ils souhaitent en terme de représentation professionnelle et s’ils sont favorables à des regroupements obligatoires tels que le votre, nous semble constituer un oubli majeur.
C’est pourquoi nous vous demandons de faire preuve dorénavant, dans vos interventions publiques, d’un peu plus d’humilité et de respect de la liberté associative qui reste une de nos valeurs républicaines fondamentales.
Par ailleurs nous suivons avec attention votre campagne qui essaie de légitimer votre institution ordinale auprès de nos compatriotes de La Réunion et de Mayotte…Affirmer, comme vous venez de le faire, que le code de déontologie infirmière, adopté fin 2016, « est un puissant élément fédérateur » nous semble quelque peu partiel et partial. Vous savez :
– qu’il introduit des notions nouvelles et dangereuses ( obligation de confraternité, défense de l’image de la profession) dans les pratiques au quotidien, qui ont déjà montré leur nocivité pour d’autres catégories de professionnels ;
– qu’il ne constituera jamais une assurance tous risques dans la défense des pratiques infirmières ; – qu’il ne peut et ne pourra pas masquer que l’existence de votre ordre est un nouvel élément de division des professionnels entre les pro-ordre tels que vous et les opposants comme nous, largement majoritaires et incontournables ;
– que la juridiction d’exception, que vous souhaitez faire fonctionner dans vos instances disciplinaires, constitue un gros risque de double ou de triple peine pour les professionnels…dont ils se passent très facilement.. . !