Le SML dresse un bilan très négatif du quinquennat qui vient de s’achever dans le secteur de la santé. Celui-ci a été marqué par :
- Une accélération de l’étatisation du système de santé à travers la mise en œuvre du tiers payant général obligatoire, le développement des maisons de santé pluridisciplinaires à financement public (en réalité des dispensaires) et le renforcement du pouvoir des Agences régionales de santé ;
- Une complexification inédite de l’organisation sanitaire dans les territoires avec la multiplication des structures et des schémas en tous genres ;
- Une absence totale de dialogue et de concertation entre le gouvernement et les médecins libéraux lors du débat sur la loi Touraine qui a conduit à une manifestation de rue le 15 mars 2015. Les tentatives répétées d’opposer les professionnels de santé libéraux entre eux qui n’ont servi qu’à masquer l’absence d’investissement sur la coordination et les équipes pluridisciplinaires libérales de soins ;
- Une convention médicale dévoyée qui ne comporte ni les investissements et ni les mesures attendues par la profession, qui discrimine les médecins entre eux, et qui a été placée sous la tutelle du directeur général de l’UNCAM, doté par le Gouvernement du pouvoir de modifier unilatéralement certains tarifs. Ce dont il ne s’est d’ailleurs pas privé en imposant la baisse brutale de certains tarifs d’imagerie médicale. Pire, le Gouvernement a montré, avec les chirurgiens-dentistes, qu’il pouvait saborder une convention lorsqu’une profession s’oppose aux accords qu’il voulait lui imposer.
La crise de la médecine libérale est visible dans la multiplication des burn-out et le désintérêt des jeunes pour l’installation libérale.
Pourtant, notre société n’a jamais eu autant besoin des médecins libéraux pour répondre aux défis des nouveaux besoins de soins liés au maintien à domicile, aux pathologies multiples et chroniques, mais aussi à l’évolution de la médecine qui permet aujourd’hui le développement de la chirurgie ambulatoire et transfert vers la ville d’une part de l’activité autrefois exclusivement hospitalière.
La société a besoin de l’efficacité économique des médecins libéraux pour améliorer les comptes publics et les patients ont besoin de leur réactivité pour l’organisation de prises en charges rapides, de proximité et individualisées au sein des parcours de soins coordonnés entre médecins de plusieurs spécialités et les autres professionnels de santé libéraux paramédicaux.
Pour renouer avec la confiance et sortir la médecine libérale de la crise dans laquelle elle se trouve, le SML a mené un travail de fond depuis le début de l’année afin d’apporter une contribution constructive et pragmatique, misant sur le dialogue retrouvé avec les Pouvoirs publics et l’esprit d’initiative de médecins attachés à l’exercice libéral.
Ainsi, le SML a rencontré les principaux candidats à l’élection présidentielle pour leur dresser un état des lieux sans concession et engager un échange productif avec eux autour d’une relance active du système de santé. Le SML a mis sur la table un ensemble de solutions de bon sens, d’application immédiate pour relancer la dynamique et tourner le dos aux années noires que nous venons de traverser. Preuve que les propositions du SML ont été entendues, plusieurs d’entre elles figurent en bonne place dans les programmes santé de plusieurs candidats.
C’est le cas notamment de :
- La suppression du tiers payant généralisé et obligatoire qui augmente les dépenses de santé et déresponsabilise, au profit du retour à une souplesse et à des dispositifs de dispense d’avance de frais aux mains de la profession préservant la liberté d’action du médecin libéral. La suppression des contrats responsables qui entendent plafonner les dépassements d’honoraires et qui ont pour effet de d’augmenter le reste à charge des patients.
- De la baisse des charges et la simplification administrative.
- Une programmation pluriannuelle de l’ONDAM sur la durée du quinquennat,
- Le développement de la prévention avec une vraie consultation de prévention et un meilleur financement des actions de prévention.
- La réorganisation du parcours de soin et notamment la PDSA pour lutter contre le recours excessif à l’hôpital, et la nécessité de développer une meilleure coordination des soins.
Au-delà le SML reste inquiet de la portée des plans d’économie sur les dépenses de soins libéraux qui se dessinent en creux dans les programmes de plusieurs candidats. En effet, le redressement du système de santé par le renforcement de l’exercice libéral et le transfert de la part d’activité que les progrès techniques et thérapeutiques permettent d’effectuer désormais en ville. Mais cela suppose l’affectation de moyens supplémentaires. Les marges de manœuvres existent, comme le prouvent les « rallonges » régulièrement mises sur la tables pour colmater les dépenses hospitalières. Le SML a plaidé auprès des différents candidats sur la nécessité de revaloriser les soins de ville libéraux comme une priorité consubstantielle du virage ambulatoire.
Par ailleurs, le SML reste également déterminé sur la question de la démocratie sanitaire qui ne saurait se construire sans les médecins libéraux. Il continuera de réclamer que la profession soit représentée de façon paritaire dans toutes les instances, y compris la HAS.
Le futur président de la République devra compter avec la médecine libérale s’il veut répondre aux besoins de soins de Français de façon efficace.
Dès le lendemain du 1er tour, le SML écrira et prendra contact avec les finalistes du 2ème tour de l’élection présidentielle afin de leur rappeler les attentes des médecins libéraux et restera attentif à l’évolution du contenu des programmes santé des finalistes de l’élection.