Quels sont les professionnels de santé dont les salaires ont été le plus revalorisés en 2016 ? Selon la sixième édition du baromètre Appel Médical des salaires de la santé, qui se penche sur six familles de métiers[1] et analyse 13 fonctions paramédicales, les professionnels du handicap sont ceux qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu. De 2015 à 2016, la fiche de paie des éducateurs spécialisés a progressé de 3,8 % pour s’établir en moyenne à 2 022 euros bruts mensuel. Ils sont suivis des aides médico-psychologiques (métiers du soin et de l’assistance), dont le salaire a augmenté de 3,1 % sur cette même période, avec en 2016 une rémunération moyenne de 1 751 euros bruts mensuel. En queue de peloton, les infirmiers de bloc opératoire (IBODE) et les techniciens de laboratoire d’analyses médicales ferment la marche avec, chacun, une baisse de leur rémunération moyenne de 1,4 % en 2016 par rapport à 2015. Les professionnels de santé les mieux rémunérés en 2016 sont les infirmiers anesthésistes (IADE), avec un salaire moyen de 3 808 euros bruts mensuel en moyenne, en hausse de 2,4 % sur un an. En bas de l’échelle des salaires figurent les agents de service hospitalier, dont la rémunération moyenne de 1 548 euros bruts mensuel en 2016 n’a progressé que de 0,5 % par rapport à 2015.
« Les Français sont à la veille d’échéances électorales décisives pour l’avenir du pays et la santé est, à n’en pas douter, l’une de leurs priorités. Leur attachement au système de soins hexagonal est réel et, dans ce contexte, les défis auxquels les acteurs de la santé font face n’en sont que plus aigus. Les établissements de santé, publics ou privés, sont aux prises avec des contraintes économiques lourdes tandis qu’ils doivent assurer la continuité des soins. Les professionnels de santé se retrouvent au cœur de cette équation à plusieurs inconnues. Comment, dans un contexte financier sous pression, attirer et rémunérer à leur juste valeur les talents dont a besoin notre système de santé tout en sachant que les besoins vont aller croissant, en raison des départs à la retraite et de la médicalisation accrue de la société ? Dans ce contexte, le baromètre Appel Médical des salaires de la santé révèle que les professionnels de santé sont loin d’être logés à la même enseigne. Sans doute y a-t-il là quelques pistes pour répondre aux pénuries qui touchent certains métiers », déclare Christophe Bougeard, directeur général Appel Médical.
Salaires de la santé : les évolutions en 2016 par rapport à 2015
Les métiers du soin et de l’assistance
Infirmier diplômé d’Etat (IDE)
- En 2016, les IDE gagnent en moyenne 2 219 € bruts par mois, un salaire en hausse de 1 % par rapport à 2015.
- Une tendance s’est fait jour en 2016 : la baisse du nombre de candidats aux concours infirmiers observée par les IFSI. La profession perdrait donc de son attractivité. Les jeunes générations s’engagent avec une haute idée du métier que contredit trop souvent, ou trop tôt, la pratique. Plus attachées à l’équilibre des temps de vie, elles pensent parfois trouver la réponse en s’installant ensuite en libéral, sous-estimant peut-être les difficultés de l’exercice, notamment celle d’un chef d’entreprise qui doit constituer sa clientèle et la fidéliser. Soulignons cependant une évolution récente – la seule sans doute qui ouvre de réelles perspectives pour une petite partie de la profession : l’infirmier de pratique avancée. Créé par la loi de Santé, déjà bien installé chez nos voisins anglophones, ce « nouveau métier » fait la part belle au raisonnement clinique expert et au leadership, un mot encore peu usité par la profession infirmière.
- S’agissant des salaires, les infirmiers de la fonction publique ont vu leur point d’indice augmenter de 1,2 % après un gel de plusieurs années. Toutefois, le niveau des rémunérations, d’une manière générale, reste faible. Par ailleurs, les heures supplémentaires ne sont que rarement payées mais versées sur un compte épargne-temps qui n’est souvent converti qu’au moment du départ à la retraite.
Aide-soignant
- En 2016, les aides-soignants gagnent en moyenne 1 722 € bruts par mois, un salaire en hausse de 0,3 % par rapport à 2015.
- Le problème de positionnement du métier d’aide-soignant persiste. Les travaux de réingénierie du référentiel d’activités, de compétences et de formation entamés au printemps 2015 ont subi un coup d’arrêt depuis novembre 2016, laissant la profession dans l’expectative. Dans les faits, les aides-soignants réalisent des actes qu’ils ne sont pas censés exécuter, comme la glycémie capillaire ou la distribution de médicaments. D’autres, comme la toilette, doivent être effectués « sous la responsabilité » d’un infirmier, alors qu’ils pourraient relever du rôle propre de l’aide-soignant. Les aides-soignants souhaitent que soient redéfinis les contours de leurs pratiques et que davantage de cohérence soit apporté au système, y compris sur le plan des diplômes : les aides-soignants issus du bac pro ont un diplôme de niveau IV alors que ceux issus de la filière classique ont un diplôme de niveau V. La création en 2016 du diplôme d’Etat d’accompagnement éducatif et social (DEAES) ne fait qu’ajouter aux nombreuses interrogations de la profession. Il fusionne en effet les diplômes d’auxiliaire de vie sociale et d’aide médico psychologique, tout en professionnalisant le métier d’auxiliaire de vie scolaire. Les titulaires de ce diplôme seront amenés à travailler en institution : quel sera leur rôle par rapport à celui des aides-soignants ?
Les métiers du bloc opératoire
Infirmier anesthésiste (IADE)
- En 2016, les IADE gagnent en moyenne 3 808 € bruts par mois, soit un salaire en hausse de 2,4 % par rapport à 2015.
Infirmier de bloc opératoire (IBODE)
- En 2016, les IBODE gagnent en moyenne 3 176 € bruts par mois, un salaire en baisse de 1,4 % par rapport à 2015.
- Le décret de 2015 relatif aux actes relevant de la compétence exclusive des IBODE s’est traduit en 2017 par une nette augmentation des inscriptions aux concours. Certaines écoles ont même doublé le nombre d’inscrits. Cette évolution devrait progressivement augmenter la qualification du personnel exerçant en bloc opératoire. Reste tout de même la question du financement de la formation, qui pose problème à beaucoup d’IDE souhaitant devenir IBODE. L’autre possibilité pour les infirmiers ayant des années d’expérience en bloc est d’entamer un parcours de VAE. Mais tant que le référentiel de formation IBODE n’est pas revu pour être traduit sous la forme de compétences, ce parcours est bloqué pour un certain nombre de personnes. Les travaux de réingénierie de la formation devraient toutefois être entamés cette année.
- Les IBODE souhaitent, après plusieurs années de négociation, que leur diplôme soit élevé au niveau Master – ce qu’ont obtenu les IADE. Cette reconnaissance, doublée d’une revalorisation salariale, constituent les deux demandes fortes pour la prochaine mandature.
Les métiers de la petite enfance
Auxiliaire de puériculture
- En 2016, les auxiliaires de puériculture gagnent en moyenne 1 595 € bruts par mois, en hausse de 0,5 % par rapport à 2015.
- Il y a encore quelques années, les trois quarts des 18 000 auxiliaires de puériculture fraîchement diplômées souhaitaient travailler en milieu hospitalier, dans des services de pédiatrie ou des maternités. Cette tendance s’est atténuée : aujourd’hui, elles ont pris conscience que la grande majorité des recrutements proviennent des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE). D’un côté, en effet, les structures hospitalières se regroupent et des maternités ferment ; de l’autre, les crèches manquent cruellement de personnel qualifié (infirmières puéricultrices, éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture).
- La pénurie touche en particulier le métier d’auxiliaire de puériculture, auquel seules 4 000 personnes sont formées chaque année (dont une part croissante d’hommes, du moins dans la région Rhône-Alpes). Il en faudrait beaucoup plus, dans un pays qui compte 800 000 naissances annuelles et où 23 % des enfants de moins de 3 ans sont confiés au moins une fois par semaine à un EAJE, d’après une étude de la Drees. Sans compter qu’une vague massive de départs à la retraite débutera prochainement. Pour résoudre le problème, sans doute faudrait-il lever les obstacles, notamment réglementaires, à l’ouverture de formations supplémentaires, et développer les passerelles avec les CAP Petite Enfance.
Auxiliaire de crèche
- En 2016, les auxiliaires de crèche gagnent en moyenne 1 488 € bruts par mois, en hausse de 0,5 % par rapport à 2015.
- L’auxiliaire de crèche aide les enfants dans la réalisation des actes de la vie quotidienne (habillage, prise de repas…). Elle mène avec eux des activités d’éveil (jeux, apprentissage de la vie collective…). Elle peut également effectuer l’entretien du cadre de vie des enfants. Pour devenir auxiliaire de crèche, un diplôme de niveau CAP / BEP dans le secteur de l’aide sociale et familiale (petite enfance, carrières sanitaire et sociale) est nécessaire. La moitié des auxiliaires de crèches ont moins de 30 ans.
Les métiers de la pharmacie et du laboratoire d’analyse
Technicien de laboratoire d’analyses médicales
- En 2016, un technicien de laboratoire d’analyses médicales gagne en moyenne 1 922 € bruts par mois, en baisse de 1,4 % par rapport à 2015.
- Les analyses médicales permettent au médecin de confirmer un diagnostic ou de déceler une maladie. C’est le technicien de laboratoire d’analyses médicales qui est en charge de les réaliser. Il procède aux divers examens en se basant sur l’ordonnance : prélèvement de sang ou de tissus chez le patient, recherche de germes ou d’anomalies, etc.
- Il prépare les instruments et les substances à utiliser et donne les consignes au patient avant l’examen. Les résultats seront alors transmis au responsable du laboratoire qui se chargera de les interpréter. L’entretien et la vérification du matériel sont aussi à sa charge.
Préparateur en pharmacie
- En 2016, un préparateur en pharmacie gagne en moyenne 1 987 € bruts par mois, en hausse de 1 % par rapport à 2015.
- La pénurie de préparateurs en pharmacie se confirme, en raison d’un cercle vicieux : les pharmaciens n’ont pas le temps de former des apprentis, d’où une baisse des inscriptions en CFA. Les recrutements sont d’autant plus difficiles que les préparateurs sont réticents à s’éloigner de leur lieu de vie pour des contrats pas toujours à la hauteur de leurs attentes, en termes de durée ou de rémunération.
Pharmacien d’officine
- En 2016, un pharmacien d’officine gagne en moyenne 3 391 € bruts par mois, en baisse de 0,8 % par rapport à 2015.
- 2016 a vu une forte hausse de la demande de pharmaciens hospitaliers. Cela s’explique par l’entrée en vigueur, le 1er septembre, du décret de 2015 réservant aux seuls titulaires d’un diplôme d’études spécialisées (DES) de pharmacie la possibilité d’exercer dans une pharmacie à usage intérieur (PUI). Par dérogation, jusqu’à 2024, les pharmaciens justifiant de deux ans d’expérience en PUI dans les dix dernières années ont aussi la possibilité d’y exercer. Ce type de profils étant rares, les candidats ont pu faire valoir leurs exigences salariales. Pour les attirer, les établissements de santé ont souvent dû prendre en charge leur mobilité géographique et mettre un logement à leur disposition.
Le métier de la rééducation
Masseur-kinésithérapeute
- En 2016, un masseur-kinésithérapeute gagne en moyenne 2 638 € bruts par mois, en hausse de 0,1 % par rapport à 2015.
- Alors que la demande de soins de rééducation suit une tendance à la hausse dans une société vieillissante, la pénurie de masseurs-kinésithérapeutes persiste sur l’ensemble du territoire. La situation ne devrait pas s’améliorer à court terme, puisque aucun diplômé n’arrivera sur le marché de l’emploi l’an prochain. 2018 sera en effet une « année blanche », en raison du nouveau cursus de formation en 4 ans entrée en vigueur à la rentrée 2015. Ce sont donc quelque 2 600 professionnels qui feront défaut pour combler les postes vacants, les congés maternité, congés payés ou congés maladie en centres de rééducation fonctionnelle ou en structures hospitalières.
- Car si 80 % des kinés exercent en libéral, les 20 % qui choisissent le salariat sont souvent les jeunes diplômés, sans charge de famille et donc mobiles, qui acceptent des remplacements pour accumuler les expériences professionnelles dans des milieux et des régions variés. Le pool des remplaçants comprend aussi, à l’inverse, des kinés en fin de carrière qui souhaitent un complément de revenus. Si l’exercice libéral a la préférence de ces spécialistes, c’est principalement parce qu’il est plus rémunérateur. Certains seront tout de même attirés, en cours de carrière, par des postes salariés en centre de rééducation fonctionnelle, grâce à la qualité des plateaux techniques mais aussi par envie de travailler en équipe. L’attractivité de l’environnement sera alors un indéniable atout : mer, montagne ou grandes villes. Ces dernières séduisent notamment les kinés étrangers, nombreux à venir exercer en France pour soulager les demandes des établissements. Les besoins des hôpitaux sont plus difficiles à combler, car les salaires y sont plus bas et l’exercice souvent consacré à la gériatrie.
Le métier du handicap
Éducateur spécialisé
- En 2016, un éducateur spécialisé gagne en moyenne 2 022 € bruts par mois, en hausse de 3,8 % par rapport à 2015. Il s’agit de la plus forte hausse de salaire, tous métiers confondus, constatée dans l’édition 2017 du baromètre Appel Médical des salaires de la santé.
- Le secteur du handicap, qui regroupe des établissements médicalisés et socio-éducatifs, est constitué en grande majorité de structures associatives. Celles-ci sont moins impactées par les coupes budgétaires que les établissements de santé. La notion de service y est en outre très forte : bien souvent, les associations sont gérées par des familles dont les propres enfants sont suivis au sein des structures. Les salariés bénéficient de repos trimestriels prévus par les conventions collectives et les personnels absents y sont presque toujours remplacés. Tout cela en fait un secteur à part, où l’on peut plus facilement qu’ailleurs trouver du sens à exercer son métier en établissant une vraie relation avec les patients.
- Le métier d’éducateur spécialisé intervient principalement dans quatre grands domaines : la santé, la protection de l’enfance, la protection administrative et la protection judiciaire. Cela regroupe beaucoup de pratiques différentes et de lieux d’exercice variés (structures de soin, maisons d’enfants à caractère social, centre éducatif renforcé, centre éducatif fermé, action éducative en milieu ouvert, etc.). L’éducateur spécialisé doit aussi s’adapter aux réponses apportées dans le cadre des politiques publiques. Là où il y avait auparavant un métier, il y en a désormais plusieurs. Le diplôme s’est beaucoup théorisé. Souvent, la spécialisation se fait sur le terrain grâce, notamment, à la formation en alternance.
- L’avenir de ce secteur, qui se caractérise par un grand éparpillement, passe par des regroupements d’ailleurs encouragés par les ARS (agences régionales de santé). Aujourd’hui, l’heure est à la fusion d’associations afin d’atteindre une taille moyenne permettant de mutualiser les coûts de fonctionnement. Arrivera-t-on un jour à une structuration autour de trois ou quatre grands groupes nationaux, comme c’est le cas dans le secteur sanitaire ? Sans doute pas avant de nombreuses années, le cas échéant.
[1] Les fonctions ou intitulés évoqués dans le communiqué de presse se déclinent au féminin comme au masculin.
Méthodologie
Le baromètre Appel Médical des salaires de la santé est une étude basée sur les salaires réels constaté, et donc non déclarative, réalisée sur les années pleines 2015 et 2016.
- L’édition 2017 du baromètre a reposé sur l’analyse de 611 712 fiches de paie d’intérimaires Appel Médical : la règle imposant qu’un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu’un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires.
- Couverture des six grands secteurs du monde de la santé (Soins et Assistance, Bloc opératoire, Petite enfance, Pharmacie & laboratoire d’analyses médicales, Rééducation et Handicap), représentant au total 13 métiers.
- Les salaires présentés sont les salaires réels des intérimaires, qui sont payés au même niveau que les salariés permanents.
- La base de traitement est le salaire brut mensuel : les congés payés (10 %), les indemnités de fin de mission (10 %) et les primes variables n’ont pas été pris en compte.
- Par ailleurs, le baromètre ne mesure pas les avantages indirects et complémentaires à la rémunération tels l’accès à un logement, une crèche, des primes exceptionnelles de recrutement, de mobilité, etc.
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Bonsoir je suis infirmière liberale depuis 30 ans et titutitulaire d’un Diu soins palliatifs et accompagnement. Je suis aujourd’hui harcelée par l’assurance maladie car notre nomenclature ne s’est pas adaptée aux prises en charges chroniques, complexes, et aux soins palliatifs à domicile. Depuis quelques semaines je me pose reellement la question de mon identité professionnelle avec une souffrance aiguë. En effet si je reste dans les rails actuels du libéral je n’ai que la solution d’abandonner mes patients ou de travailler a perte. L’humanité et le temps nécessaire lors des moments de crise chez les patients particulièrement vulnérables et pour leur famille ne sont pas pris en compte. Innover et avoir de l’audace pour pratiquer des prise en charge forfaitaires 24/24h conduit à être traitée comme une fraudeuse! Même si le directeur du SLAFF me répète que je n’en suis pas une….Même le coût moindre, le libre choix du patient, la réactivité de terrain et de proximité ne sont pas reconnus, au nom d’une soi-disant « protection du bien public » J’aimerais développer encore ces arguments, faire évoluer le coeur de mon métier plutôt que le laisser étouffer dans un étau. La recherche infirmiere en libéral n’est pas développée; j’ai deja écrit un mémoire intitulé « Ethique et paradoxes » et ai intégré en mai 2016 une maison médicale avec 5 autres coproprietaires. Je passe tellement de temps a défendre les dossiers mis en cause par la CPAM que je ne peux pas avancer. A qui m’adresser pour sortir de cette impasse et être entendue???
Si vous avez une idée merci de me le faire savoir.