Mardi de l’Académie de médecine, le 16 mai 2017 à 14h30, sur « L’hépatite virale E ».
Organisatrice : Catherine BUFFET
Introduction par Catherine BUFFET (Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine)
Communications
L’hépatite E, une infection virale encore méconnue dans les régions non endémiques par Jacques IZOPET (Laboratoire de Virologie, Institut Fédératif de Biologie, CHU de Toulouse. Centre National de Référence Virus des hépatites à transmission entérique (hépatites A et E))
Le virus de l’hépatite E (VHE) est largement répandu dans les pays en développement d’Afrique et d’Asie où surviennent régulièrement des épidémies. Dans ces pays, l’infection est liée aux génotypes 1 et 2 du VHE et se transmet de manière interhumaine par l’ingestion d’eau contaminée. La mortalité est particulièrement élevée chez la femme enceinte. Dans les pays industrialisés, la fréquence de la transmission autochtone des génotypes 3 et 4 du VHE et son caractère zoonotique ont été pendant longtemps méconnus en raison de la fréquence élevée des formes asymptomatiques et du manque de performance des outils diagnostiques. La transmission s’effectue par contact direct avec des animaux infectés ou le plus souvent par voie alimentaire lors de la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite. Une transmission hydrique semble possible. L’utilisation de produits sanguins contaminés par le VHE pose également un problème de sécurité sanitaire.
L’hépatite E, une menace pour les immunodéprimés par Vincent MALLET (Département des maladies du foie, Hôpital Cochin, Paris) Le virus de l’hépatite E (VHE) est omniprésent et hyperendémique dans de nombreuses régions du monde, y compris dans les pays industrialisés. Le VHE se transmet par voie orale. Il peut être transmis par les produits dérivés du sang L’infection par le VHE est souvent occulte. Elle est grave chez les personnes âgées, les personnes avec une cirrhose et les personnes immunodéprimées. Des manifestations extra-hépatiques, potentiellement secondaires à un tropisme extrahépatique du VHE, sont de plus en plus rapportées. Le diagnostic repose la détection dans le sérum d’anticorps sériques spécifique de type IgM chez les personnes immunocompétentes et sur la recherche d’ARN par PCR des personnes immunodéprimées. La ribavirine est un traitement (hors AMM) de l’hépatite chronique E. L’efficacité de la ribavirine n’est pas démontrée pour les autres formes cliniques.
Réservoirs animaux et transmission de l’hépatite E par Nicole PAVIO (UMR 1161, Virologie, Anses LSAn, INRA, ENVA, Maisons-Alfort)
Qu’attendons-nous pour vacciner contre l’hépatite E ? par Yves BUISSON (Membre de l’Académie nationale de médecine) Le virus de l’hépatite E (VHE) est la première cause d’hépatite virale aiguë dans le monde. C’est un virus à ARN transmis par voie féco-orale qui ne comporte qu’un seul sérotype mais quatre génotypes. Les VHE de génotypes 1 et 2 sont humains et prédominent dans les pays en développement où ils causent d’importantes épidémies hydriques. Les VHE de génotypes 3 et 4 sont zoonotiques et transmis de façon sporadique dans les pays développés par des aliments contaminés. L’infection par le VHE provoque une hépatite spontanément résolutive en 3 à 6 semaines, mais elle peut évoluer vers une forme fulminante chez les nourrissons, les patients atteints de maladie chronique du foie, et surtout chez les femmes enceintes. Dans les pays développés, le génotype 3 est à l’origine d’hépatites chroniques sur terrain immunodéprimé ainsi que d’atteintes extra-hépatiques. L’infection par le VHE protège contre les réinfections mais cette immunité est incomplète et peu durable. De nombreuses tentatives ont été faites pour obtenir un vaccin capable de conférer ou de renforcer durablement l’immunité contre le VHE, utilisant des protéines recombinantes dérivées du gène de la capside. Deux candidats vaccins ont été évalués avec succès dans les essais de phase II/III : le rHEV exprimé dans le baculovirus, qui n’a pas eu de développement commercial, et le HEV 239 exprimé dans E. coli, mis sur le marché en Chine en 2012 sous l’appellation Hecolin® pour une utilisation chez l’adulte. Mais ce premier vaccin contre l’hépatite E n’est pas encore homologué pour une utilisation dans les autres pays en raison du manque de données sur son efficacité, son immunogénicité et son innocuité dans les populations à risque ciblées par la vaccination. La réalisation d’essais cliniques complémentaires et l’évaluation du rapport coût-efficacité de schémas vaccinaux simplifiés contre l’hépatite E devraient lever les obstacles économiques qui retardent l’immunisation des personnes à haut risque, tant dans les pays en développement que dans les pays industrialisés.
Présentation d’ouvrage
The Posterior intrahepatic approach in liver surgery par Bernard LAUNOIS et Glyn G. JAMIESON. Editions Springer 2013. Présentation par Jacques BAULIEUX.