« Le SML prend acte des annonces de la ministre des Solidarités et de la Santé, faites vendredi dernier au Parisien, et salue sa prise de position contre la coercition et les contraintes à l’installation.
Le SML estime que seule la mise en œuvre d’un « bouquet de solutions » appliqué dans la durée et de façon continue permettra d’obtenir des résultats efficaces et concrets. Le syndicat est prêt à apporter sa contribution à l’élaboration de cet ensemble de solutions.
Pour donner aux jeunes médecins la possibilité de s’intéresser à l’exercice libéral, alors qu’ils sont formés à l’hôpital, le SML recommande de leur permettre de découvrir la médecine libérale au cours de leur formation à travers deux mesures essentielles :
•La mise en œuvre d’un compagnonnage des étudiants par les médecins libéraux, toutes spécialités confondues, dès la 3e année des études médicales ;
•La création de terrains de stage d’internat en cabinet libéral pour toutes les spécialités.
Ceci va de pair avec une amélioration de la couverture sociale et des mesures telles que l’extension de l’avantage maternité à l’ensemble des femmes médecins, quel que soit leur secteur d’activité, et l’instauration de son pendant pour la paternité.
Il s’agit, ensuite, de sécuriser les conditions de l’installation des jeunes médecins, dont les futures générations seront majoritairement composées de femmes, pour faciliter leur entrée dans l’activité libérale par des dispositifs tels que la création d’un contrat de solidarité de succession active afin d’éviter les fermetures de cabinets sans successeurs. Ce dispositif permet une transition entre le médecin sortant, dans le cadre d’une retraite active, et son successeur auquel il aura transmis progressivement sa patientèle en l’épaulant jusqu’à son départ pendant la première année.
Les jeunes médecins doivent disposer d’un réel choix pour leur installation libérale, notamment au niveau des structures permettant l’exercice de groupe. Ainsi, le SML souhaite que les dispositifs d’aides existants ne soient pas fléchés uniquement vers les MSP, mais aussi vers d’autres modèles entrepreneuriaux. Un réel effort de simplification doit être engagé pour « débureaucratiser » les modalités d’obtention et de maintien de ces aides.
Au-delà, les entreprises médicales doivent pouvoir créer les emplois dont les médecins ont besoin afin de libérer du temps médical. Ainsi le SML propose à la fois d’instaurer une exonération durable de charges et de taxes pour toute création d’emploi administratif et de réhausser le niveau du forfait conventionnel « structure » afin de rendre possible l’embauche dans les entreprises médicales. A défaut, il faut revoir sérieusement le niveau des honoraires.
Le SML rappelle la nécessité d’établir un zonage cohérent pour définir les zones éligibles aux aides à l’installation, en évitant le saupoudrage. En outre, les mesures d’exonération fiscales sont indispensables et doivent être inscrites dans la durée.
Le numérique et l’e-santé doivent jouer un rôle essentiel pour permettre aux médecins libéraux de mieux travailler entre eux et de coordonner les prises en charge des patients, de façon plus efficiente notamment dans les zones sous denses. Les outils et les nouvelles pratiques, notamment les nouveaux actes, découlant de la télémédecine doivent être pris en charge. Les dispositifs réglementaires actuels handicapent et freinent le développement de ces outils. Un cadre plus souple doit être donné.
Le concept du « médecin volant » porté de longue date par le SML, que la ministre a retenu est un motif de satisfaction pour le syndicat. Inciter des médecins à exercer quelques jours par an dans une zone fragilisée est une mesure à privilégier pour peu qu’elle soit accompagnée de de réelles incitations notamment financières et fiscales, avec la prise en charge des frais d’exercice et de déplacement induits.
Le SML propose également de mettre à l’étude des cabinets mobiles, à l’instar des unités mobiles de dépistage. Il pourrait s’agit de bus médicalisés, sorte de cabinets roulants, « médibus » qui pourraient aller au plus près des populations les plus isolées. Animés par des médecins libéraux, ils travailleraient en relation directe avec le tissu médical local et interviendraient à la demande de celui-ci.
Enfin, l’insécurité est un facteur aggravant la désertification médicale dans certains secteurs « difficiles » et notamment les banlieues. Ce sujet, avec la multiplication des agressions violentes et des homicides perpétrés contre les médecins libéraux, doit être traité de façon très énergique et volontaire par les pouvoirs publics. La SML a proposé des initiatives dans ce sens.
D’autre part, le SML estime qu’en attendant l’arrivée des médecins en formation, des solutions permettant d’amortir la baisse démographique doivent être développées, et notamment le cumul emploi-retraite par des mesures d’incitation et d’exonération de cotisations sociales.
Au total, ce dossier doit être traité de façon sérieuse et résolue dans la durée en y consacrant les moyens indispensables et en évitant de stigmatiser les médecins libéraux, qui demeurent la profession la plus présente et la mieux répartie dans les territoires. La collectivité publique devra, de son côté, accompagner les efforts des médecins libéraux et revitaliser les territoires dont elle s’est désengagée, car, on l’oublie trop souvent les « déserts médicaux » sont souvent des « déserts » tout courts d’où les services publics sont partis. »
Contact presse : Sylvie FONTLUPT – Tél. 06 72 82 42 18