MutRé, réassureur des mutuelles et des organismes d’assurance de l’économie sociale et solidaire, a organisé ses 18e Rencontres les 13 et 14 novembre dernier à Bordeaux sur le thème de la « prévention et l’évolution du modèle mutualiste ». Dominique Letourneau, président du directoire de la Fondation de l’Avenir était invité à la tribune pour dresser un panorama de la médecine de demain, aussi appelée « médecine 4P ».
« Nous sommes en train de vivre un changement d’époque. La médecine de l’ère industrielle à visée réparatrice fait face à l’émergence d’un nouveau modèle de référence : celle d’une santé numérisée à visée prédictive, préventive, personnalisée et participative ». Ce constat de Dominique Letourneau met en avant le concept de la médecine 4P, théorisé par le Pr Leroy Hood, biologiste américaine. Selon lui, « l’art médical nécessite une transformation vers une discipline pro-active avec comme objectif ultime la santé globale de l’individu ». Exit le traitement unique d’une pathologie, la médecine 4P se focalise sur l’individu dans sa globalité, de manière « prédictive », « personnalisée », « préventive » et « participative ».
Après avoir présenté ses bases scientifiques (génétique, hérédité et génomique), Dominique Letourneau s’est employé à mettre en avant ses outils. « La clé de voûte de cette nouvelle médecine est la cartographie. Les séquençages à haut débit ont permis aux tests génétiques de s’accroitre, précisant et personnalisant encore davantage les facteurs de risques protecteurs de sa propre santé ». Si le risque environnemental n’est pas à négliger, c’est dans ce sens que de nombreuses actions et stratégies en éducation pour la santé se développent (réduction des risques de maladie, dépistage précoce, amélioration de qualité). Les développements des outils génomiques ont quant à eux permis de personnaliser les traitements en fonctions des caractéristiques. « Une médecine personnalisée, une médecine de précision ». Prédictive, personnalisée, préventive … mais aussi participative. « Nous sommes passés du consentement éclairé au patient expert, acteur de sa propre santé, mais aussi personne ressource pour les autres »
Après avoir évoqué le renouvellement de médecine réparatrice, la question des valeurs, par la notion du « care », aborde une nouvelle problématique : « Il ne peut y voir de médecine, même 4P, sans un minimum de care. Or, plus le care s’éloigne de la médecine savante, plus il va vers la médecine profane et l’attention à l’autre, moins il est reconnu et rémunérée », conclut Dominique Letourneau.