Comment préserver l’efficacité, l’accessibilité et la résilience des systèmes de santé de l’UE ? La Commission européenne vient de publier 28 profils de santé et un rapport d’accompagnement qui fournissent une évaluation approfondie des systèmes de santé des pays membres de l’UE. Le commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, fait le point.
« Quel était le but de ces rapports?
Les rapports montrent les défis communs auxquels sont confrontés les systèmes de santé de l’UE. En fournissant des données et des informations exhaustives, ils visent à aider les autorités nationales de santé à relever ces défis et à faire les bons choix en matière de stratégies et d’investissements.
Comment ces rapports sont-ils préparés?
Les profils de santé par pays ont été préparés en étroite collaboration avec l’OCDE et l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé. Le rapport d’accompagnement de la Commission reflète les objectifs politiques communs à tous les États membres et indique les domaines dans lesquels la Commission pourrait encourager l’apprentissage mutuel et l’échange de bonnes pratiques.
Quelles sont leurs principales conclusions?
Nous devons repenser la place occupée par la santé dans l’élaboration des politiques. Les États membres sont confrontés à des défis très similaires. Nous avons observé cinq grandes mutations, qui exigent que nous renforcions tous nos efforts. Celles-ci sont, en résumé, les suivantes:
1. Promotion de la santé et prévention des maladies
Seulement 3 % environ des budgets de santé sont consacrés à la prévention, alors que les maladies non transmissibles, qui sont souvent évitables, représentent jusqu’à 80 % des coûts de soins de santé. Des investissements proactifs destinés à encourager des modes de vie sains et à lutter contre les principaux facteurs de risque, tels que la consommation d’alcool, le tabagisme et le manque d’activité physique, permettraient de réduire considérablement la charge représentée par les maladies non transmissibles, de sauver des vies et de faire également des économies.
2. Des soins primaires efficaces
Un patient sur quatre se rend directement à l’hôpital en cas de problème de santé, parce que l’accès aux soins de base est insuffisant. Cette situation pèse lourdement sur les hôpitaux. Rendre les soins primaires facilement accessibles à tous et intégrer la promotion de la santé et la prévention des maladies dans les soins de santé primaires permettrait d’alléger la charge pesant sur les soins d’urgence.
3. Intégration des soins
Il n’est pas rare que des patients présentent plusieurs problèmes de santé, surtout lorsqu’ils avancent en âge. Ils doivent souvent trouver leur chemin dans le dédale des structures de soins, alors qu’ils devraient recevoir aide et conseils grâce à des soins intégrés. Il faut que les professionnels de la santé travaillent ensemble et les infrastructures doivent leur faciliter la tâche à cet égard.
4. Planification et prévisions proactives concernant le personnel de santé
Nous avons besoin de personnel en bonne santé pour avoir des systèmes de santé solides. Pour renforcer le rôle des soins primaires, mettre davantage l’accent sur la promotion de la santé et la prévention des maladies et intégrer les services de santé, il faut une planification et des prévisions proactives afin de préparer le personnel de santé aux évolutions futures.
5. Des données de santé centrées sur le patient
Nous savons si les patients vivent ou meurent, mais guère plus. Comment une maladie entrave-t-elle les activités quotidiennes de quelqu’un? Comment un traitement a-t-il amélioré sa qualité de vie? Il nous faut davantage de données sanitaires sur les expériences vécues par les patients et sur les résultats des traitements. Les nouvelles technologies pourraient aider dans une large mesure à rendre cela possible.
Quelles sont les prochaines étapes maintenant que le premier cycle sur l’état de la santé dans l’UE est parvenu à son terme?
Les États membres ont la possibilité, s’ils le souhaitent, de passer à l’étape suivante et de rencontrer les experts ayant rédigé ces rapports. Et même si ce cycle est terminé, un autre vient juste de commencer. En ce qui concerne les nouveaux rapports qui seront produits au cours des deux prochaines années, nous espérons qu’ils refléteront de plus en plus de réelles avancées et un changement dans notre façon de penser la santé, notamment sa place dans d’autres domaines d’action. »