« Alors que la réforme de la tarification des EHPAD est dénoncée à l’unanimité par les organisations syndicales et par la FHF, alors que la mission confiée à la députée Monique IBORRA a pointé le manque de personnel, la ministre de la Santé continue à dénoncer « le management » « notamment dans certaines structures publiques » comme responsable des mauvaises conditions de travail.
Interpelée le 5 décembre sur la réforme de la tarification, par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale à l’occasion de l’examen du rapport d’information sur la loi « vieillissement », la Ministre a réitéré les propos qu’elle a tenus lors de sa rencontre du 21 novembre dernier, avec l’Association des Journalistes de l’Information Sociales (AJIS), répondant :
« Je ne vous cache pas que pour visiter énormément d’EHPAD et voir les différences managériales au sein de ces EHPAD, tout n’est pas qu’une question financière ». « Et nous ferions une erreur de réduire le problème des EHPAD aujourd’hui uniquement au mode de tarification. Il y a des gens qui managent remarquablement les équipes… Et à l’inverse, dans certaines structures, notamment dans certaines structures publiques, on sent que la capacité managériale n’est pas au rendez-vous… ».
Ces propos sont indignes et méprisants à l’égard des collègues et des équipes qui font face à des contraintes qui remettent en cause la réalisation des missions et portent atteinte à la qualité de la prise en charge due à nos ainés.
Savez-vous Madame la Ministre que le plan Solidarité Grand Age de juin 2006 fixait un taux d’encadrement des personnes âgées les plus dépendantes d’un professionnel pour un résident et que ce taux selon le dernier rapport de l’Observatoire des EHPAD est de 0,69 ?
Vous vous êtes déclarée stupéfaite par le niveau de dépendance que vous avez pu constater lors de vos visites, précisant : « A l’évidence, aujourd’hui, ce ne sont plus des maisons de retraite, mais des maisons quasiment de fin de vie, où la moyenne d’âge d’entrée est de 87 ans et où les résidents restent en moyenne deux ans ».
Les directeurs d’EHPAD le constatent depuis des années et ils attendent toujours l’application du Plan Solidarité Grand Age !
Savez-vous Madame la Ministre que dans les structures privées, où il vous semble y avoir moins de problèmes de management, les Groupes lucratifs n’hésitent pas à augmenter la participation des résidents à leur hébergement ce qui n’est pas sans effet sur les budgets, ce qui n’est pas concevable dans le service public eu égard à la population accueillie !
Savez-vous Madame la Ministre que la qualité de vie au travail est étroitement liée aux conditions de travail : qualité des locaux, qualité du matériel dont peuvent disposer les soignants notamment, niveau de l’effectif qui doit être suffisant pour garantir une prise en charge de qualité, digne des résidents et une vie personnelle équilibrée ?
Il suffit de prendre connaissance du dossier de la DRESS de septembre 2016 « Des conditions de travail en EHPAD vécues comme difficiles par des personnels très engagés » qui souligne en conclusion :
« Alors même que les besoins en personnel sont patents, le manque de financement public contraint les crédits de médicalisation… Pour les mêmes raisons… les faibles taux de reconduction budgétaires (entre 0 et 1,5%) pèsent lourdement sur la masse salariale et grèvent année après année, les moyens humains réellement mobilisables au service des personnes âgées. Des conditions de travail jugées peu favorables et un déficit d’image expliquent la faible attractivité pour les métiers du grand âge…
Savez-vous Madame la Ministre que le ratio moyen de directeurs par EHPAD public est de 1.1 en France, que l’effectif a été réduit de 62 emplois entre 2012 et 2017 (soit 8%) que nos collègues gèrent 92 directions communes et que la pénibilité de leur exercice est inversement proportionnelle à leur reconnaissance statutaire ?
Il est urgent Madame la Ministre, d’entendre les personnels, d’entendre les directeurs et d’admettre qu’à supposer que « tout n’est pas qu’une question financière » il convient de régler prioritairement cette question !
Le CH-FO assure tous les collègues Directrices et Directeurs d’EHPAD de son soutien le plus déterminé à faire bouger les lignes et à combattre toutes formes de provocation ! »