Alors que les personnels de santé expriment quasi quotidiennement leur malaise face à des conditions de travail jugées dégradées, les pouvoirs publics ont annoncé mi-février une « réforme globale » de l’offre de soins. L’ambition affichée est de transformer en profondeur le système de santé. Attendues au printemps, les mesures autour desquelles s’articulera la réforme seront-elles de nature à rassurer les soignants ? La tâche s’annonce en tout cas ardue au regard de la défiance exprimée par les médecins interrogés par Appel Médical Search sur l’avenir de leur profession.
Selon cette étude[1], pour laquelle Appel Médical Search a interrogé à l’automne 2017 plus de 200 médecins hospitaliers, âgés de plus de 45 ans et travaillant dans quatre spécialités (cardiologie, radiologie, anesthésie-réanimation, urgences), le pessimisme est de mise. Près des deux-tiers (60 %) d’entre eux s’estiment ainsi « pessimistes » ou « inquiets » pour l’avenir de leur métier. En cause, un « durcissement des politiques de santé avec une diminution du système de soins », anticipé par 47 % des médecins interrogés. Autre résultat particulièrement significatif, la majorité des médecins sondés par Appel Médical Search – tous expérimentés – jugent sévèrement leurs jeunes collègues. La nouvelle génération leur inspire un « avis mitigé » dans 5 % des cas tandis que les « avis négatifs » recueillent 56 % des suffrages. Les répondants mettent notamment en cause l’« engagement » et la « disponibilité » de leurs jeunes confrères, jugés moindres que les leur dans 69 % des cas pour le premier et dans 85 % des réponses pour la seconde. Ils épinglent également leurs préoccupations autocentrées, la nouvelle génération étant selon eux d’abord motivée par « la rémunération attractive » (72 %) et par « la possibilité d’équilibrer vie privée et vie professionnelle » (67 %). Rare note positive cependant, les médecins interrogés sont 35 % à admettre que cette génération est mieux formée qu’eux.
« Il y a un an, Appel Médical Search avait interrogé près de 200 étudiants en 5ème et 6ème année de médecine pour connaître leurs principales sources de motivation quant à leur avenir professionnel. Le souhait le plus fréquemment exprimé concernait leur ambition « d’avoir une qualité de vie satisfaisante ». Cette année, l’enquête menée par Appel Médical Search analyse le regard que portent des médecins hospitaliers confirmés sur l’avenir de leur métier d’une part, et sur leurs jeunes confrères d’autre part. Il est particulièrement instructif de constater à quel point les résultats des deux études, à un d’intervalle, se font écho. Pour la plupart pessimistes sur l’avenir d’un métier qu’ils jugent pourtant « passionnant », les médecins hospitaliers sondés en 2018 reprochent à leurs jeunes confrères leur manque de disponibilité et d’engagement. Loin de faire sourire, cette nouvelle version, transposée à l’hôpital, de la querelle des Anciens et des Modernes met en lumière le fossé générationnel qui se cristallise sur la question de l’équilibre des temps de vie. Si elle veut recueillir l’appui de l’ensemble du corps hospitalier, nul doute que la future réforme de l’hôpital devra trouver une solution pour combler ce fossé« , déclare Christophe Bougeard, directeur général d’Appel Médical.