Fermeture des structures hivernales d’hébergement d’urgence, reprise des expulsions locatives, ce 31 mars 2018 marquera une fois de plus la mise ou la remise à la rue de milliers de personnes. Une situation qui perdure depuis des années et qui ne trouvera pas de solution sans une réelle anticipation et un renforcement de l’accompagnement global des personnes en situation de grande vulnérabilité.
« Le froid est bien évidemment un facteur aggravant de la situation des personnes très vulnérables, mais le premier danger pour elles, est bien le fait même de vivre à la rue. C’est cette situation qu’il faut éradiquer par une véritable politique d’action sociale et publique structurelle. » Professeur Jean-Jacques Eledjam, Président de la Croix-Rouge française.
Mettre fin à la gestion au thermomètre
La Croix-Rouge française intervient tout au long de l’année auprès des personnes les plus vulnérables. Pendant la période hivernale, elle renforce ses actions, en fonction de la dureté de l’hiver et des déclenchements des plans Grand Froid, autour de trois activités : augmentation des maraudes (plus de tournées, périmètre d’intervention plus étendu et plus de moyens humains) ; extension des horaires des accueils de jour qui peuvent évoluer en halte de nuit et ouverture et gestion de places d’hébergement d’urgence. Depuis 2012, pour lutter contre la grande précarité, les différents gouvernements affichent et renouvellent une ambition commune : mettre fin à la gestion saisonnière de l’hébergement d’urgence, en proposant une offre d’hébergement pérenne et adaptée aux besoins des plus vulnérables. Un engagement soutenu par l’ensemble des associations et bien sûr la Croix-Rouge française. Mais force est de constater que le renforcement de la veille sociale et du parc d’hébergement reste encore chaque année corrélé aux fluctuations des températures : ouvertures de places supplémentaires quand les températures baissent et à l’inverse, fermetures de places voire remise à la rue quand les températures augmentent.
Anticiper et renforcer l’accompagnement global des personnes
Certes avec les déclenchements du Plan Grand Froid, des dispositions sont prises pour offrir des places d’hébergement supplémentaires et l’engagement des pouvoirs publics est significatif. Il devient désormais indispensable de s’engager sur une réelle réflexion autour de la qualité de l’accueil proposée aux personnes (évaluation sociale, place adaptée aux compositions familiales, accompagnement social, respect de l’intimité et continuité etc.), et disposer d’éléments de connaissance sur la diversité du sans-abrisme afin d’apporter les réponses les plus adaptées et s’engager sur des solutions durables.
Tenir compte de la multiplication des profils et des situations
Rappelons que, selon l’enquête du mois de mars 2017 menée par la Fédération Nationale des Samu Sociaux dont la Croix-Rouge française est vice-présidente, près de 67% des personnes rencontrées en maraudes n’ont pas sollicité le 115 pour une place d’hébergement, faute de places adaptées aux besoins des personnes, souvent découragées suite à de mauvaises expériences (absence de réponse, violence, mauvaise qualité de l’accueil etc.). Par ailleurs, le sans-abrisme ne se limite pas aux seules personnes visibles à la rue. Il se compose aussi de personneshébergées de manière précaire chez des tiers (sans solution le lendemain etc.), de personnes qui se cachent dans les parkings, les bois, les salles d’attente des urgences des hôpitaux etc. De même, parmi les personnes rencontrées à la rue, certaines sont hébergées voire logées (10%) mais remises à la rue durant la journée ou en situation d’isolement social, le lien avec les équipes de la Croix-Rouge française restant leur seul contact permettant d’éviter une rupture résidentielle.
La Croix-Rouge française développe ses champs d’actions
La Croix-Rouge française est le premier opérateur de maraudes/Samu sociaux avec 210 équipes réparties sur 77 départements et comptant 9 000 bénévoles. En une année, ces équipes rencontrent ainsi plus de 78 000 personnes différentes à la rue et ont pu constater une augmentation de 6 000 personnes entre 2016 et 2017. Elle gère également 12 systèmes intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) chargés sur chaque département d’informer, d’évaluer et d’orienter les personnes sans domicile. Outre cette veille sociale, elle compte également 122 structures d’hébergement de droit commun ou dédié (asile et médicosocial) et 27 structures de logement accompagné.
La Croix-Rouge française s’est d’ores et déjà engagée dans le développement de dispositifs adaptés à la réinsertion du plus grand nombre de personnes en situation d’exclusion : sur la mise en place d’un réel accompagnement des personnes hébergées à l’hôtel ; la mise en place de parcours de formation pour les travailleurs sociaux afin d’étendre leurs champs de compétences et de décloisonner leurs actions ; le développement de ses structures de logement accompagné et notamment ses pensions de famille, maisons relais et résidences accueil ; la création de Croix-Rouge habitat en 2017, avec le Groupe Arcade, dont l’objet est la production d’habitats pour les publics les plus fragiles.
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