Lors de son discours d’introduction le Directeur Général de la CNAMTS, Nicolas Revel, répondant aux sempiternelles plaintes d’une partie des négociateurs, donnait le ton aux 2 jours de simulacre de négociations qui allaient suivre.
En effet, il nous a explicitement dit que l’échec d’un accord conduirait à la suppression du règlement arbitral afin d’introduire la notion de RAC 0, entérinant la fin de la convention dentaire proprement dite, sans possibilité de retour en arrière.
Nicolas REVEL nous a fait comprendre que ses propositions sont à “prendre ou à laisser” car, si nous ne renonçons pas à nos demandes légitimes, les conséquences seraient terribles avec comme premier effet la fixation tarifaire de tous nos honoraires par décret ministériel (actes non pris en charge inclus). Cette mesure, digne d’un état totalitaire, s’appliquerait à tous les praticiens conventionnés et même non-conventionnés !!!
Que deviendraient alors les rapports avec la CNAM, le régime complémentaire de retraite, les implications des chirurgiens dentistes au sein des URPS qui déterminent la politique de santé dans chaque région de France en coopération avec tous les autres professionnels de santé (médecins, pharmaciens etc…) ?
Quatre ans après la mise en place de la CCAM soit disant pour une égalité de codage avec les médecins, ce ne serait pas sans une certaine ironie que nous verrions nos honoraires assimilés à une simple grille tarifaire établie arbitrairement, comme pour les chauffeurs de taxis. En même temps, la situation actuelle avec l’explosion d’ouverture de centres dentaires associatifs type low cost, démontre que les « UBER-dentistes » sont déjà en place…
Pour aboutir à un tel résultat, il faudrait changer les lois, peut-être la Constitution et convaincre 41 000 chirurgiens dentistes qu’ils sont désormais des commerçants dont les prix sont régulés par l’Etat…un détail.
Au delà de l’aspect juridique et constitutionnel qui requiert une analyse précise, d’ores et déjà commandée auprès de nos conseils juridiques, afin d’étudier la faisabilité d’un tel bouleversement du paysage médical entraînant aussi des dégâts collatéraux sur toutes les autres professions de santé, le procédé de la menace est intolérable.
En effet, comment aboutir à une négociation loyale quand l’échange et l’écoute font place à la menace ? De quoi Nicolas Revel a-t-il si peur pour menacer la profession entière ?
L’enveloppe budgétaire allouée à la revalorisations des soins conservateurs ou à la prévention, sinistrés depuis 30 ans, n’a pas varié d’un centime d’euro depuis les dernières propositions de février 2018 , plus précisément depuis janvier 2017 et l’échec de la négociation sur l’avenant 4. L’ensemble des syndicats et de la profession constatent depuis septembre 2016 que le “compte n’y est pas” en regard des plafonds imposés sur 66% de notre activité prothétique.
Par quel tour de passe-passe, ces propositions deviendraient elles subitement acceptables ?
L’apparition d’une mesure présidentielle démagogique, à savoir un panier d’actes à RAC zéro, permettrait-elle de rendre le texte moins indigeste et recevable ?
Cette CMU bis qui entraînera l’explosion des cotisations des adhérents à leur complémentaire santé ne durera qu’un temps : les clauses de revoyure, qui restent à définir dans le texte conventionnel stopperont immédiatement l’hémorragie « prothétique », n’en doutons pas un seul instant. Il est par ailleurs ahurissant de signer un quasi chèque en blanc concernant ces clauses de revoyure !
La FSDL, forte de sa première place de syndicat dentaire représentatif met tout en œuvre pour expliquer à l’ensemble des dirigeants que la médecine bucco-dentaire mérite mieux qu’un plan qui « solvabilise » la prothèse et qui consiste à équiper nos concitoyens de prothèses dentaires bas de gamme.
Afin d’éviter des dérives commerciales ayant des conséquences sanitaires, la FSDL et ses représentants continueront de répéter que la valorisation cohérente de la prévention et des soins conservateurs de qualité doit être la PRIORITÉ ABSOLUE pour nos gouvernants !
Seules ces mesures sont capables de véritablement préserver l’organe dentaire et d’éviter le recours à la prothèse.
La santé de nos patients passe par un changement des pratiques actuelles afin de s’orienter vers les modèles scandinaves, dont les résultats spectaculaires en terme de régulation de survenue de processus carieux (proche de zéro en Suède pour les 5/18 ans) ne sont plus à prouver.
Nous déplorons que notre Ministre de tutelle persiste à accentuer la dichotomie existante entre soins conservateurs et soins prothétiques.
Au terme de la prochaine et peut-être dernière séance de négociations du 4 mai, le bureau national de la FSDL se réunira pour décider l’opportunité d’une signature du projet proposé par Nicolas Revel, non sans avoir analysé juridiquement, bien entendu, toutes les possibilités de recours.
Notre syndicat portera une lourde responsabilité sur ses épaules, à savoir mener seul une contestation du projet ou céder à la panique ambiante et se ranger derrière celles et ceux qui ont déjà capitulé.
Ce sont dans ces moments là, face à l’adversité, que l’on reconnaît les responsables courageux et déterminés qui ne cèdent ni au chantage, ni à la menace.
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