Filtres
Type d'information
Secteur
Zone géographique
Période
Tri

Appel au Pr Buzyn, ministre de la Santé (Lettre ouverte)

Imprimer la liste
Share

Ci-joint la lettre envoyée au Pr BUZYN qui rencontrera le Dr PELLOUX lundi 14 mai au ministère de la Santé.

LETTRE OUVERTE :

« Au Pr BUZYN, Ministre de la Santé,

A tous nos élus nationaux, régionaux et départementaux,

Pr BUZYN,

Nous sommes médecins, vous êtes médecins, nous sommes censés nous comprendre.

L’actualité nationale parle actuellement d’un sujet important dans le département : la prise en charge des urgences vitales par les SAMU et la tension qu’il y règne vu le nombre d’appels croissants (et nous concernant plus particulièrement, la réduction des effectifs SMUR pour notre département depuis un mois).

Nous dénonçons depuis deux ans cet état de fait mais ne sommes pas écoutés sauf par le tribunal administratif.

Comme nous l’avons écrit plusieurs fois à l’ARS (http://amuf.fr/2018/03/14/appel-du-collectif-des-medecins-de-la-manche-pour-la-defense-du-smur-2/), notre département n’a plus aucun smur secondaire pour assurer les transferts vers les CHU. Nous sommes le seul département français de cette taille dans ce cas (plus de 400 000 habitants, pas de plateau de coronarographie et pas de smur 2). Nous n’avons bientôt plus d’hôpitaux de proximité et potentiellement, plus de transports disponibles rapidement pour amener les patients et les médecins les accompagnant vers les CHU. L’Orne, le Calvados, la Seine-Maritime et l’Eure ont tous un SMUR secondaire. Nous sommes donc une exception en France mais aussi, en Normandie.

Le SMUR1 de Granville (autorisé et financé par l’ARS pour être au complet c’est à dire 1 chauffeur, 1 IDE et un médecin par l’ARS) travaille dans la plus grande illégalité sans chauffeur et a été absent du territoire de Granville une soixantaine d’heures puisqu’il était en convoi à Caen ou rennes sur le 18 premiers jours d’avril 2018. La complexité de trouver des SMUR disponibles en temps et heur est la même pour les autres villes du département malgré leurs transports infirmiers. Actuellement, il n’y a donc plus de SMUR2 et plus de postes d’ambulancier dans l’équipe de smur 1 de Granville ni de IADE (infirmières anesthésistes) dont les postes ont été supprimés de ces SMUR1. Pourtant, l’État (et les autres départements adjacents comme l’Orne, l’Eure ou les cotes d’Armor) a plutôt tendance à vouloir déléguer des taches médicales vers les IADE ce qu’on appelle aussi transfert de compétences avec tous les dangers d’ailleurs que ça peut comporter en terme de responsabilités.

La direction du CHAG a semble t’elle précisé que si les équipes SMUR se plaignaient de cette situation, elle supprimerait simplement le SMUR1 de Granville ce qui est interdit (et accessoirement très dangereux) puisqu’il est autorisé par l’ARS…Le SMUR1 d’Avranches est par contre au complet (suite à une décès d’un patient habitant st Laurent de cuves..). Il est à noter que la direction du CHAG n’a même pas souhaité mettre en place le système de transport infirmier non médicalisé sur Granville (pourtant 2e unité urbaine du département) que le CH de St lô et de Cherbourg ont mis en place. Pourtant, la direction du CHAG a des suppléments budgétaires pour le SMUR maritime qui est aussi l’équipe de SMUR1 de Granville maintenant..où passent ces fonds alloués par l’ARS puisque l’équipe de SMUR1/maritime n’est pas au complet ? Quel est l’intérêt médical de « déshabiller » de ses équipes médicales et paramédicales le site de Granville, deuxième unité urbaine du département, et le département de la MANCHE à ce point ? Nous ne souhaitons à personne d’être en état d’urgence vitale la nuit dans notre département.

Les causes du suicide récent d’un agent de l’équipe SMUR2 de Granville sont multifactorielles mais il est difficile d’affirmer que la suppression du SMUR2 du site n’y soit strictement pour rien…Les équipes ne souhaitent pas témoigner des difficultés rencontrées, de peur de représailles, devant la ténacité du directeur du centre hospitalier avranches granville à supprimer les équipes qui avaient été mises en place à Granville pour répondre à l’urgence de cette grosse unité urbaine sans clinique et bientôt sans hôpital de proximité. Ci joint cependant quelques témoignages concernant des indisponibilités sur le département, faute de SMUR en nombre. Outre le fait qu’il est légitime de se poser des questions concernant cette façon de dégrader les services, la direction du CHAG est encore dans l’illégalité sur ce nouveau sujet (rappelons que la direction du CHAG, malgré l’ordonnance du TA de Caen en dec 2017 n’a jamais remis le smur2 en place 24/24h.)

Depuis la disparition de ce SMUR2, les lignes SMUR du département fonctionnent à flux tendu. Avec l’aide du comité des usagers qu’il faut continuer à soutenir financièrement et moralement(https://www.facebook.com/groups/lhopitalcestvital/),nous souhaitons donc refaire dans les prochains jours un nouveau référé sur ce même sujet en démontrant mieux l’urgence de la situation et la non conformité actuelle du SMUR1 de Granville entre autres. 

Les coupes budgétaires hâtives et l’absence de prise en compte des réalités de terrain du personnel administratif des ARS nous mènent à des situations dangereuses pour la prise en charge urgente des patients. Il existe des retards de prise en charge entraînant des risques de pertes de chance qui ne devraient pas être si le système conseillé par le SROS (schéma régional d’organisation des soins) était correctement suivi par l’ARS. Les séquelles ne sont d’ailleurs jamais évaluées par les services de l’ARS. Ce système de smur 2 départemental est d’ailleurs déjà minimal vu la taille et les difficultés d’accès entre les villes de cette presqu’île. Nous rappelons qu’il existait avant 2015, trois systèmes de SMUR secondaire (Cherbourg, St lô et Granville). L’activité augmente mais le nombre de SMUR est réduit ! Puisque l’administration s’attache plus à l’aspect financier qu’à l’intérêt général, alors que le recours à l’hélicoptère est une nécessité sur ce département ayant des îles, nous précisons aussi que transporter par air des patients qui pourraient l’être par voie terrestre (urgence moins aiguë) à un coût non négligeable pour la société.

Il semblerait enfin que l’ARS soit particulièrement zélée pour le prochain PRS 2018-2023, prochainement proposé aux votes des élus, et souhaite faire disparaître 4 SMUR sur notre département ce qui rendrait la situation encore plus périlleuse. Nous demandons donc aux élus de s’opposer aux projets de l’ARS sur ce point.

Nous ne savons plus comment faire pour faire avancer ce dossier au niveau de la direction de l’offre de soins…Nous vous demandons d’intervenir en haut lieu pour que cette situation acrobatique, unique en France, cesse.

Nous souhaiterions également savoir pourquoi l’ARS supprime ainsi des transports sanitaires obligatoires pour les patients de la MANCHE alors que le taux de mortalité par infarctus est déjà parmi les plus élevés de France et que les patients ne peuvent être pris en charge avec le respect des recommandations nationales (et la rapidité nécessaire de celles-ci) sur le département ?

Les séquelles liées aux retards de prises en charge, sont pourtant aussi coûteuses, coût qui, bizarrement, pour une fois, semble être oublié et non évalué par l’Agence Régionale de Santé de Normandie. Pour conclure, nous souhaitons enfin que le terme « égalité des chances et des territoires » soit mis en pratique sur le plan sanitaire dans ce département.

Bien confraternellement,

Le collectif de médecins de la Manche »

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Share