Un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale 2019, adopté par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, propose une expérimentation dont l’impact pose des problèmes majeurs.
En effet, cet amendement prévoit dans deux régions et pour trois ans la dispensation par les pharmaciens d’officine de certains médicaments à prescription médicale obligatoire, dans le cadre d’un protocole médical et de coopération entre le médecin ou une communauté de santé de structures d’exercice coordonné, en visant certaines pathologies. L’exposé des motifs cite la cystite, la conjonctivite ou l’eczéma.
Il s’agit là d’une remise en cause complète des contours de métier : cela revient à donner au pharmacien la responsabilité d’un diagnostic médical et d’une prescription de médicaments habituellement prescrits par le médecin.
Or, la coopération entre deux métiers, pharmaciens et médecins, doit se faire dans le respect des contours des métiers de chacun. Le médecin est celui qui a l’apanage du diagnostic médical et de la prescription du médicament (sauf médicaments en vente libre). Le pharmacien analyse la prescription médicale et dispense le médicament. Remettre en cause les contours de chaque métier sous le prétexte de la coopération est de nature à engendrer des dysfonctionnements et des problèmes graves dans la prise en charge des patients. Sans compter la responsabilité que les pharmaciens seraient amenés à endosser…
Les évolutions nécessaires de notre système de santé, qui doivent permettre une meilleure coordination des acteurs, ne doivent pas se traduire par des expérimentations aussi dangereuses pour le patient