Réalisée pour les Rencontres de la FHP des 13 et 14 décembre, la deuxième édition de l’Observatoire sociétal FHP/ Viavoice montre que les Français ont une conscience très aigüe des difficultés du système de soins, puisque les deux-tiers (67%) considèrent que celui-ci est victime de « dysfonctionnements majeurs ».
Le manque de moyens financiers des établissements de santé pointé par les Français
La nature de ces dysfonctionnements concerne d’abord le manque de moyens financiers dévolus tant au système de santé (53%) qu’aux établissements (69%), qui se traduit par des conséquences préjudiciables pour les professionnels de soins : pénurie, épuisement… C’est d’ailleurs pour rompre avec la politique du rabot en santé, qui s’est traduite par des baisses réitérées de tarifs sur les cinq dernières années, que l’ensemble des fédérations hospitalières ont uni leurs voix en novembre pour demander des moyens à la hauteur des missions qui leur incombent.
Dans ce contexte difficile, un tiers des Français dit ressentir des difficultés à se soigner correctement. L’accès aux soins, tant géographique que financier, est un sujet de préoccupation. Par ailleurs, plus d’un tiers des Français a le sentiment qu’un soin nécessaire ne lui a pas été prodigué (38%), ou qu’un examen ou un soin inutile lui a été prescrit (31%). Améliorer la qualité et la pertinence des soins est un enjeu clairement identifié par les Français. La FHP rappelle que la pertinence des soins ne doit pas être réduite à une approche statistique fondée sur des moyennes, mais reposer sur la valorisation des bonnes pratiques des professionnels.
La confiance des Français envers les professionnels de santé est un atout
La lucidité des Français sur le manque de moyens consacrés à la santé, mais aussi sur les marges d’amélioration du système (pertinence), s’accompagne en revanche d’une grande confiance – en augmentation par rapport à l’édition 2017 – envers les établissements de santé, tant publics (80%) que privés (78%, +8%) et les professionnels de santé (88%).
Les considérations statutaires public-privé importent peu aux Français. Dans ce contexte, le manque d’information constaté sur les urgences privées (67% des Français n’en ont jamais entendu parler) confirme la nécessité de mieux faire connaitre toute l’offre de soins, et notamment en matière d’urgences, publiques comme privées, qui exercent toutes deux dans les mêmes conditions tarifaires sans dépassement d’honoraires.
Un décalage de perception entre ruraux et urbains
L’Observatoire FHP-Viavoice montre que les habitants des zones rurales pointent davantage les difficultés des établissements de santé (71%) et du système de soins en général (76%) par rapport aux habitants de l’agglomération parisienne (61% et 60%).
Par ailleurs, si un tiers des Français (26 %) dit éprouver des difficultés à avoir accès à un professionnel de santé en raison de la distance ou du temps de trajet, ce sont là encore les habitants des zones rurales (49 % contre 14 % pour l’agglomération parisienne) qui indiquent pâtir de cet accès géographique plus difficile.
En résonance avec l’actualité sociale, ces chiffres témoignent d’un véritable ressenti d’appauvrissement de la présence de santé dans les territoires, auxquelles nous devons collectivement apporter une réponse. La confiance qu’éprouvent les Français à leur égard montrent bien que les établissements de santé et les professionnels de santé sont souvent la dernière « lumière allumée », et qu’il est essentiel pour la cohésion sociale de leur donner les moyens d’agir au plus près des besoins de la population sur les territoires
Lutter contre ce ressenti de désert médical passe par un maillage d’offre de soins de proximité. La FHP a proposé la création de centres de premier recours intégrant l’imagerie et la biologie médicale. Ce nouveau type de structure répond aux attentes des professionnels et aux besoins des patients.
Comment mieux prendre en compte les attentes exprimées dans cette enquête ? Ce sujet figurera parmi les réflexions abordées lors des Rencontres de la FHP, les 13 et 14 décembre, en présence d’Agnès Buzyn.
« Au-delà des différences statutaires qui importent peu aux Français, analyse Lamine Gharbi, le président de la FHP, les acteurs de l’intérêt général que nous sommes sont épargnés par la crise de confiance généralisée. Cet attachement et cette confiance manifestés par les Français à l’égard des établissements et des professionnels montrent que, face aux difficultés rencontrées par le système, les acteurs de santé, sur le terrain sont les mieux placés pour contribuer à son amélioration. Nous sommes pleinement mobilisés pour mener à bien la transformation souhaitée par les Français, et nous devons avoir les moyens de cette transformation. »