Avant, le DMP, c’était surtout des atermoiements, des promesses de réussite et des millions engloutis pour rien.
En effet, depuis sa généralisation par la loi de 2004, il a été relancé à de multiples reprises, chaque relance associant de nouvelles dépenses pour un résultat proche de zéro.
Pourtant, le besoin de disponibilités et de circulation des informations de chaque patient est depuis toujours essentiel tant pour leur sécurité que pour l’efficience des soins.
Le bon sens incite à l’évidence de sécurité et d’efficience induits par la circulation des informations. Le législateur fort de ce constat et des possibilités offertes par la dématérialisation a depuis 2004, légiféré à plusieurs reprises pour lever les obstacles.
De leur côté, ni les médecins hospitaliers ni les médecins de ville, n’ont pourtant proposé ou construit cette circulation. Dossier Médical Partagé ou pire par Dossier Médical du Patient, le concept de partage et de propriété du patient a longtemps heurté le conservatisme médical.
Pourtant, en tant que patient, mes données de santé m’appartiennent. Poussant le raisonnement plus loin, non seulement elles concernent ma santé et ma santé uniquement, mais je les ai financées. Quiconque a tenté de « récupérer son dossier médical » sait bien qu’il y a loin de ce principe juridique de propriété par le patient à la pratique quotidienne du corps médical et du parcours de santé de chacun.
Aujourd’hui, la donne a changé. Grâce notamment à l’intervention des pharmaciens d’officine, plus de 6 millions de DMP sont ouverts.
Au-delà de cette seule réussite arithmétique, le DMP devient un « accélérateur de changement » dans la santé. En effet, il repositionne la place de chacun dans la santé du patient : les rapports des soignants entre eux – du médecin hospitalier ou du médecin libéral qui pilote le parcours de soin du malade ? – la question de l’accès aux données – tous les soignants ont-ils accès aux données ou le médecin seul ? qui donne ou retire les accès à mes données ?
Ces questions, semblent avoir trouvé aujourd’hui une réponse au travers de ce nouveau DMP :
•accès donné ou retiré par le détenteur du DMP aux soignants de son choix,
•circulation de l’ensemble des données entres les soignants sans accès limité pour les professions non-médicales (l’exhaustivité des données permettant de viser la complétude du dossier, est indispensable pour que les données soient utiles et utilisables ; qu’il manque la mention d’une allergie à l’un ou l’autre produit et tout le dossier perd de ton utilité),
•volet médical de synthèse (VMS) dans chaque dossier.
Sur ce dernier point en particulier – fondamental si l’on veut éviter que ce DMP ne demeure une armoire forte inutilisable car trop pleine d’informations ajoutées les unes aux autres (trop d’information tue l’information) – les syndicats médicaux se sont engagés dès 2011 à ce que les médecins généralistes remplissent les VMS insérés dans chaque DMP. L’engagement des syndicats médicaux à ce que chaque DMP bénéficie d’un VMS par le médecin traitant en 2011 a malheureusement rejoint le gigantesque cimetière des engagements non tenus.
Les problèmes techniques liés à l’évolution des logiciels médicaux ont jusque-là été avancés. Argument spécieux, car le DMP s’ouvre très facilement par internet et le médecin généraliste qui veut assurer la sécurité de son patient créé une synthèse en quelques minutes.
Quoi qu’il en soit, le DMP, aujourd’hui relancé avec l’aide des pharmaciens d’officine, offre un nouvel espoir, d’abord du simple fait que les pharmaciens, qui ont su construire leur DP (Dossier Pharmaceutique), outil sécurisé pour le patient, qui rassemble l’historique des médicaments délivrés au malades, vont très vraisemblablement en permettre l’interfaçage, voire l’intégration dans le DMP, soit 40 millions de DMP putatifs.
L’ouverture de ces 6 millions de DMP est la première étape d’une nouvelle ère :chaque patient doit maintenant prendre possession de son espace numérique, apprendre à l’utiliser et devenir acteur de la gestion de ses données de santé. Chaque patient a vocation à devenir acteur de ses données et exiger la complétude des données :
•donner accès ou non aux professionnels de santé à ses propres données,
•exiger de l’ensemble des professionnels qui composent son équipe de santé, y compris des médecins hospitaliers et libéraux, spécialistes ou généralistes, qu’ils intègrent leurs courriers et compte-rendu au DM,
•exiger surtout du médecin traitant qu’il crée et actualise le VMS, synthèse indispensable pour que le DMP vive et ait une utilité pour le patient.
Si le médecin traitant ne le fait pas, ce sont le pharmacien, l’infirmière, le biologiste ou la sage-femme, qui devront pouvoir être désignés par le patient pour combler ce vide en rédigeant le Volet de synthèse – qui pourra alors devenir le « Volet professionnel de synthèse ». Quelles que soient les réticences résistantes de quelques professionnels, il en va de la sécurité et de l’efficience des soins de chaque malade.
Au travers de ce nouveau DMP, les patients deviennent acteur de la gestion de leurs propres données de santé, première étape vers la maîtrise de son propre parcours.
Objectif 2020 : le patient acteur de son propre parcours de santé.
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