Triste record, 235 officines ont tiré le rideau en 2019. Fermetures sèches, fusions ou regroupements ; c’est à chaque fois la contrainte économique qui est la principale raison, et à chaque fois, une partie du réseau de proximité qui disparait.
Trois ans après l’élection présidentielle, l’ensemble des ressources de l’officine suivies dans le cadre conventionnel est à la baisse par rapport à 2016, année de référence inscrite dans l’avenant n° 11. Ne parlons même pas de l’augmentation des charges…
La situation va encore s’aggraver en 2020 avec la quasi-suppression de l’honoraire complexe (HC) et la fin de la ROSP RPPS qui vont se traduire par la perte de près de 70 millions d’euros supplémentaires pour le réseau. Dans le même temps, la ROSP générique pour 2019 (qui sera versée en avril 2020) va être amputée de 50 millions d’euros, tandis que les autres ROSP (DMP, entretiens pharmaceutiques et bilans de médication) n’ont pas le rendement attendu.
Quant à la hausse de la rémunération réglementée enregistrée en 2019, elle est essentiellement liée à trois facteurs qui n’ont rien à voir avec la mise en œuvre de l’avenant n° 11 :
- Le premier est l’augmentation très importante de la part des produits chers (ayant un PFHT supérieur à 1 500 euros) dans les médicaments remboursés. A eux seuls, ceux-ci apportent en effet 19,5 millions d’euros de marge supplémentaire.
- Le second est la surperformance des honoraires de dispensation liés à l’âge (HDA), en raison du vieillissement de la population. Leur montant représente 6,7 millions d’euros.
- Le troisième est l’extension, à la demande de la FSPF, de la liste des spécialités ouvrant droit à l’honoraire pour la dispensation des médicaments dits « spécifiques » (HDE). Cette demande de mise à jour, partiellement acceptée par la CNAM, a généré un gain supplémentaire de 70 millions d’euros par rapport au prévisionnel de l’avenant n° 11.
Au total, ces trois facteurs ont donc apporté près de 100 millions d’euros au réseau, soit 4 600 euros par officine. Sans eux, la rémunération réglementée n’aurait augmenté que de 22 millions d’euros, soit environ 1 000 euros par officine pour l’année 2019.
Pour autant, l’enveloppe économique définie par les signataires des avenants n° 11 et n° 19 est insuffisante pour compenser les vagues successives de baisses de prix des médicaments. Cela confirme la raison pour laquelle la FSPF a refusé de signer l’avenant n° 11 et s’oppose à l’avenant n° 19.
Il est désespérant de constater que le modèle économique n’est pas au rendez-vous pour permettre aux officines qui le souhaitent de participer aux missions métier.
La volonté de la profession de s’engager dans les missions de santé publique est réelle, mais l’avenant n°11 est insuffisant, l’avenant n° 19 est nuisible, et de plus en plus de pharmacies sont laissées-pour-compte !