Le 20 mai dernier, en sortie de Conseil des Ministres, M. Véran annonçait la tenue du Ségur de la Santé. La méthode annoncée, basée sur la « concertation » et « l’écoute » faisait rêver. La promesse était belle : « nous irons vite, nous irons fort », quitte, disait le Ministre, à bousculer « des corporatismes, des habitudes » et à « être transgressifs ». Bref, ce Ségur devait permettre au système de santé de vivre « un renouveau », et M. Véran précisait : « quand je dis santé, je pense hôpital bien sûr, mais je dis aussi « ville », secteur ô combien précieux…».
Cinq jours plus tard, pourtant, un premier constat s’imposait : hormis les médecins et les représentants de fédérations pluriprofessionnelles, toutes les organisations syndicales de professionnels de santé libéraux étaient exclues du « Comité Ségur de la Santé »… La « concertation » ne serait sans doute pas celle qui avait été promise…
Deux mois plus tard, le constat est encore plus sévère. Hormis l’accord relatif à la fonction publique hospitalière (perfectible !), le bilan de ce Ségur de la Santé est décevant et minimaliste avec :
- une vision du système de santé très hospitalo-centrée : seulement 7 propositions sur 33 concernent « la ville» !
- l’annonce de mesures tenant davantage du « réchauffé » et du « déjà-vu » que du renouveau : « le déploiement des infirmiers en pratique avancée», « le développement de la télésanté », « le développement de l’exercice coordonné » datent de 2017-2018 !
- un vrai manque de courage politique : ainsi, par exemple, préfère-t-on créer une usine à gaz comme le « service d’accès aux soins» (plateforme numérique destinées à la prise de rendez-vous médicale pour des soins non-programmés) plutôt que d’intégrer les infirmiers libéraux, professionnels de santé les plus proches de la population française, dans la permanence des soins ou d’autoriser leur accès direct dans le cadre de l’exercice pluriprofessionnel… De même, on choisit de « lancer une réflexion sur la création d’une profession médicale intermédiaire »plutôt que d’engager la réingénierie du métier d’infirmier…
- une absence de réflexion… qui pourrait, au final, coûter très cher : le Ministère opte, par exemple, pour le déploiement d’équipes mobiles et la multiplication des interventions de l’Hospitalisation à domicile sur les lieux de vie des personnes âgées plutôt que d’utiliser les compétences sous-exploitées des infirmières libérales…
Ayant montré leur capacité de mobilisation et leur efficacité pendant la crise du Covid-19, les infirmières et infirmiers, notamment libéraux, ont donc été, comme d’habitude, totalement méprisés et leur rôle ignoré. Soucieux de participer à la construction de ce qui devait être un nouveau système de santé, les organisations infirmières, parmi lesquelles le Sniil, avaient pourtant apporter des idées neuves via des contributions écrites[1]…
… Mais les corporatismes et les habitudes ont finalement eu le dernier mot…
Non !, ce Ségur de la Santé n’a donc pas été transgressif… ni même à la hauteur des soignants de France ! #Infirmièresoubliées #Rienn’achangé… »
Contact presse : communication@sniil.fr
[1]Contribution écrite du Sniil au Ségur de la Santé visible sur https://www.sniil.fr/images/stories/pdfs/SegurSante/SyntheseContributionSniilSegurdelaSante15-juin2020pdfpoursite.pdf