Gustave Roussy a développé un modèle mathématique de simulation pour évaluer les impacts de la pandémie de Covid-19 sur l’organisation des soins de cancérologie et les conséquences en termes de pronostic liées au décalage et aux modifications des prises en charge pendant la période de confinement.
Les résultats de la simulation montrent notamment que l’inquiétude des patients quant à la contamination et leur venue plus tardive dans les centres de soins pour recevoir leurs traitements et les retards au diagnostic pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5 % à 5 ans. Ce sur-risque pourrait augmenter en cas de deuxième vague et il sera important de tout mettre en œuvre pour maintenir le diagnostic et l’offre de soins en cancérologie.
Ces travaux, présentés au congrès virtuel de l’ESMO 2020 par Aurélie Bardet ont été réalisés par le Service de Biostatistique et d’Epidémiologie de Gustave Roussy et l’équipe Oncostat du CESP, U1018, Inserm, Université Paris-Saclay, labélisée par la Ligue contre le cancer.
Lors de la première vague, l’épidémie de Covid-19 a entraîné un bouleversement des soins pour les patients atteints de cancer : les stratégies thérapeutiques ont été adaptées, le plus souvent sur la base des recommandations des sociétés savantes, par les centres de soins, au niveau national et international, afin de limiter l’exposition des patients au risque de contamination, une partie des patients n’a pas réalisé ou retardé les examens de dépistage ou de diagnostic, certains ont interrompu ou décalé les traitements en cours pour leur cancer.
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Menée dans un premier temps à Gustave Roussy, l’étude pilote GROUVID, a estimé l’impact de tous ces changements sur le pronostic des patients par des méthodes statistiques de simulation. L’étude a utilisé des données hospitalières enregistrées en routine fournies par le service d’information médicale et le recensement, par entretiens auprès de cliniciens de Gustave Roussy, des modifications de prise en charge mises en place pendant la période de confinement et une analyse de la littérature internationale.
Les résultats montrent que ce sont les retards/décalages de venue des patients qui ont le plus fort impact. Ces retards pourraient se traduire par une augmentation a minima de 2 % des décès par cancer à 5 ans.
Le modèle de simulation a vocation à être étendu à d’autres centres, nationaux et européens, et il sera développé pour déterminer le décalage maximum à ne pas dépasser, dans chaque situation clinique, pour minimiser l’impact sur la survie des patients.
En cas de reprise de l’épidémie, il sera donc important de communiquer, auprès des tutelles, et auprès des patients ou des personnes devant réaliser un dépistage, sur l’importance de ne pas décaler leur prise en charge. Pour certains cancers à un stade avancé, un retard dans la prise en charge peut se traduire par un changement majeur de pronostic.
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