De nouvelles données probantes recueillies par le Conseil International des Infirmières (CII) indiquent que la COVID-19 provoque un traumatisme de masse chez les infirmières à travers le monde. Le nombre de décès confirmés d’infirmières dépasse désormais les 2 200 et, des niveaux élevés d’infection parmi les personnels infirmiers se maintenant, les effectifs, sur la corde raide, ressentent une détresse psychologique croissante du fait d’une charge de travail toujours plus lourde, d’une violence permanente et des personnes s’élevant contre la vaccination.
Les conclusions préliminaires de la nouvelle enquête menée par le CII auprès de ses plus de 130 associations nationales d’infirmières (ANI), combinées aux études de ses ANI et à d’autres sources, indiquent que l’effet COVID-19 constitue une forme unique et complexe de traumatisme aux conséquences potentiellement dévastatrices à court et à long terme sur les infirmières et les systèmes de santé où elles travaillent.
La pandémie risque de nuire à la profession infirmière sur plusieurs générations, à moins que les pouvoirs publics ne prennent des mesures immédiates pour remédier à l’effet COVID-19 qui, d’après notre enquête, pourrait provoquer des départs de grande ampleur de la profession. Le monde est déjà confronté à une pénurie de six millions d’infirmières et quatre autres millions devraient atteindre l’âge de la retraite dans les dix prochaines années. L’effet COVID-19 étant susceptible d’entraîner le départ d’un plus grand nombre encore d’infirmières, les pouvoirs publics doivent agir dès maintenant pour protéger la profession et nos systèmes de santé déjà fragiles, s’ils ne veulent pas hypothéquer la santé de leur pays et l’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé d’une couverture sanitaire universelle.
Howard Catton, le Directeur général du CII, a déclaré : « Nous observons un traumatisme professionnel unique et complexe touchant les effectifs infirmiers à l’échelon mondial. Les infirmières sont confrontées à des exigences constantes et sans précédent de leurs patients, entraînant un affaiblissement physique. Mais elles subissent également une pression énorme sur leur santé mentale, aboutissant à une grave détresse psychologique. Partout dans le monde, prendre en charge des patients atteints de COVID-19 suppose de gérer un nombre croissant de décès, de devoir se substituer aux parents ne pouvant pas être aux côtés de leur proche, même lorsqu’il est mourant, de s’inquiéter du manque d’équipements de protection individuelle, d’être maltraitées autour d’elles et par des personnes niant la pandémie et de craindre de transmettre le virus à leurs proches en rentrant chez elles. »
Les données du CII montrent que depuis la première vague de la pandémie, le pourcentage d’infirmières déclarant souffrir de troubles mentaux est passé de 60 à 80 % dans de nombreux pays. Le CII a également rassemblé des études provenant de toutes les régions du monde, lesquelles confirment une hausse des traumatismes, de l’anxiété et du surmenage professionnel dans la profession infirmière.
M. Catton a ajouté : « Ce traumatisme de masse, unique, a un effet immédiat et très marqué, et il est aussi très probable qu’il ait une grande incidence à long terme car il contribue à une vague d’état de stress post-traumatique différé, de dépression et d’anxiété, dont nous ne pouvons pas encore mesurer l’ampleur. »
« Il ne fait aucun doute que l’effet COVID-19 sur la taille des effectifs infirmiers sera important, alors que nous nous dirigeons déjà vers un déficit de 10 millions d’actifs. Même si de 10 à 15 % seulement des personnels infirmiers actuels démissionnaient en raison de l’effet COVID-19, nous pourrions potentiellement avoir une pénurie de 14 millions d’infirmières d’ici à 2030, soit la moitié des effectifs actuels. Une telle pénurie se répercuterait sur l’ensemble des services de santé de l’ère de l’après COVID-19, à tel point que l’on peut dire que la santé des personnels infirmiers pourrait être le plus grand déterminant de la santé de la population mondiale pour la décennie à venir. »
« Étant donné l’apparition de nouvelles variantes du virus, hautement infectieuses, et l’existence de données probantes toujours plus nombreuses des effets de la COVID-19 à long terme, le CII exhorte les pouvoirs publics à ne pas sous-estimer l’ampleur de cette crise : la COVID-19 a révélé les brèches de nos systèmes de santé, mais si les pays ne prennent pas des mesures immédiates pour les combler, des failles béantes seront créées, aux effets potentiellement dévastateurs. »
L’effet COVID-19 – aperçu global :
- Selon l’Association japonaise des soins infirmiers, 15 % des hôpitaux du pays ont vu des infirmières démissionner et quelque 20 % d’entre elles ont déclaré avoir été victimes de discrimination ou de préjugés durant la propagation de la première vague de pandémie.
- L’American Nurses Association a rapporté que 51 % des infirmières sont « débordées ». D’autres rapports des États-Unis montrent que 93 % des agents de santé subissent du stress, 76 % sont exténués et surmenés, la proportion d’infirmières par rapport aux patients ayant triplé.
- Au Brésil, 49 % des infirmières ont déclaré souffrir d’anxiété et 25 % de dépression.
- En Chine, 60 % des infirmières ont déclaré être exténuées et 90 % ont déclaré être anxieuses.
- En Afrique, une enquête menée dans 13 pays du continent a révélé que 20 % des agents de santé interrogés ont signalé des symptômes de dépression quotidiens durant la pandémie, contre 2 % avant qu’elle ne se déclare.
- En Espagne, 80 % des infirmières ont signalé des symptômes d’anxiété et une hausse du surmenage professionnel.
- En Israël, il a été signalé que plus de 40 % des infirmières ont peur de prendre en charge des malades et des patients atteints de COVID-19.
- En Australie, 61 % des agents de santé ont déclaré être surmenés et 28 % ont déclaré être atteints de dépression.
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Le Conseil International des Infirmières (CII) est une fédération de plus de 130 associations nationales d’infirmières, représentant les millions d’infirmières et d’infirmiers dans le monde. Géré par des infirmières et à l’avant-garde de la profession au niveau international, le CII œuvre pour des soins de qualité pour tous et pour des politiques de santé solides, partout dans le monde.
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