La crise de la Covid-19 a entraîné une accélération de nombreuses tendances qui étaient déjà perceptibles auparavant, notamment l’aggravation des inégalités entre générations.
Les inégalités dont souffrent les personnes âgées, qui sont les plus exposées au risque de décéder du coronavirus, et trop souvent souffrent d’isolement en fin de vie, mais surtout les inégalités dont pâtissent les jeunes en comparaison de leurs aînés, lors de leurs études, et dont les symptômes de mal-être sont légion, a fortiori lors de leur difficile insertion sociale et professionnelle, et même après durant leur carrière.
Allons-nous assister à un conflit majeur entre générations tel qu’il se posait déjà aux États-Unis voici 40 ans lorsque le gouverneur du Colorado déclarait que « les personnes âgées atteintes de maladies mortelles avaient le devoir de disparaitre » pour laisser la place aux jeunes ? Rien d’aussi caricatural n’oppose aujourd’hui, en France, les générations bien que : d’un côté, François de Closets dénonce vigoureusement les générations « prédatrices » que seraient les boomers ; de l’autre des jeunes (des « crashers » ?) qui reprochent désormais au gouvernement d’avoir fait le choix de sauver la vie de certains (les plus âgés) au détriment de celle des autres, notamment des jeunes en détresse.
De fait, le niveau de vie des seniors a pour l’instant été préservé et, bien qu’inégalement, ils détiennent l’essentiel du patrimoine qui n’est guère investi pour relancer l’économie. Alors que les jeunes ont beaucoup de mal à trouver un emploi et risquent fort de voir leur avenir compromis par une croissance molle et les dettes accumulées, y compris celles résultant de la destruction de l’écosystème. Sans même parler, pour ceux qui ont fait des études supérieures, du discrédit de leurs diplômes… Que dire alors de l’État-providence, des transferts publics plus ascendants que descendants qui risquent encore de s’accroître alors que les personnes âgées sont les plus nombreuses et vivent de plus en plus longtemps (risque dépendance) et représentent une part importante des votants ?
Le conflit n’est pas déclaré entre les générations mais n’est-il pas inéluctable ? Outre les solidarités familiales incontestables mais inégales, que peut-il advenir et que pouvons-nous faire ? Ce sujet est au cœur du numéro de mars-avril de la revue Futuribles (n° 441) qui témoigne toutefois de points de vue fort contrastés.
Pour en débattre, Futuribles organise une conférence de presse en ligne avec plusieurs auteurs le mercredi 3 mars (11h-12h30) sur « L’avenir des relations entre générations : quelles solidarités et quels conflits au cours des prochaines années ? ».
Cette réunion sera introduite et animée par Hugues de Jouvenel, rédacteur en chef de la revue Futuribles avec la participation de :
- André Masson, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociale (EHESS), professeur à la Paris School of Economics (PSE), auteur de Nos sociétés du vieillissement entre guerre et paix. Plaidoyer pour une solidarité de combat, qui dénonce les inégalités entre générations ;
- Hippolyte d’Albis, directeur de recherches au CNRS, également professeur à la PSE et membre du Cercle des économistes, qui observe au contraire que, de génération en génération, leur sort ne cesse de s’améliorer au fil du temps…