Alors qu’en France plus de 26 millions d’adultes ont reçu au moins une première dose de vaccin, et que l’un d’entre eux, Corminaty®, a obtenu une autorisation de mise sur le marché pour les adolescents âgés de 12 à 15 ans, la HAS rend un avis sur les conséquences de cette autorisation sur la stratégie vaccinale.
Elle recommande de vacciner très rapidement les adolescents qui présentent une comorbidité ou dans l’entourage de personnes immunodéprimées, puis de vacciner les adolescents en bonne santé dès lors que la vaccination de la population adulte sera suffisamment avancée.
La campagne de vaccination s’accélère, et plus de 26 millions de personnes ont déjà reçu une dose vaccin contre la Covid-19. Après les premières phases de la campagne ciblées en priorité sur les personnes les plus à risque de faire une forme sévère de la maladie du fait de leur âge ou de leurs comorbidités, la vaccination est désormais accessible en population générale adulte. L’Agence européenne du médicament a par ailleurs validé le 28 mai une extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la population des 12-15 ans pour un premier vaccin, Comirnaty® de Pfizer-BioNTech. Dans ce contexte, la HAS a évalué la place de cette nouvelle possibilité dans la stratégie vaccinale.
L’analyse montre en effet que l’impact du virus sur la population adolescente présente certaines spécificités par rapport aux adultes. Les données épidémiologies disponibles montrent ainsi que l’infection par le SARS-CoV-2 n’épargne pas les adolescents mais qu’ils sont moins souvent symptomatiques. Les adolescents développent aussi moins de formes graves de la Covid-19 : en France, 4 295 hospitalisations et 737 admissions en soins critiques ont été répertoriées depuis mars 2020 chez les personnes âgées de moins de 18 ans (1,1% du total des hospitalisations et 0,9% du total des admissions en soins critiques). La majorité des formes sévères chez les adolescents est associée à la présence d’une comorbidité (entre 45 à 75% des cas selon les études).
En revanche, les fermetures de classes ou d’établissements liées à la circulation du virus ont un impact particulier sur les adolescents, qui peu t être important. Enfin, si le rôle des adolescents dans la transmission paraît plus faible que celui des adultes, il n’est toutefois pas nul et dépend lui-même de la circulation virale. Ces éléments conduisent à une analyse spécifique de la vaccination des adolescents dans la stratégie vaccinale, question qui prend d’autant plus de sens dans le contexte de la diffusion de variants, plus transmissibles.
Le vaccin Comirnaty® est efficace chez les adolescents
Afin d’apprécier l’efficacité du vaccin chez les adolescents âgés de 12 à 15 ans, la HAS a pris en considération les éléments suivants :
- La réponse humorale robuste induite par 2 doses de vaccin Comirnaty® chez des sujets âgés de 12 à 15 ans, avec ou sans antécédent d’infection par le SARS-CoV-2.
- L’efficacité vaccinale de 100% sur les cas de Covid-19 symptomatiques et confirmés par PCR à partir du 7ème jour après la fin de la vaccination.
- Les données satisfaisantes de tolérance obtenues chez 2 260 adolescents âgés de 12 à 15 ans, suivis sur une période médiane de 2 mois : la plupart des évènements indésirables rapportés consistaient en des manifestations locales (douleur au point d’injection) ou des symptômes généraux (fatigue, céphalée, frissons, douleurs musculaires, fièvre) et étaient généralement d’intensité légère à modérée.
- Les données de pharmacovigilance françaises.
- Les analyses en cours menées par l’Agence Européenne du Médicament concernant les cas signalés de myocardite.
Au regard de tous ces éléments, la HAS conclut à une efficacité vaccinale du vaccin Comirnaty® dans la population des adolescents âgés de 12 à 15 ans contre les formes symptomatiques de Covid-19. Toutefois, l’efficacité reste à confirmer contre les formes sévères, en particulier les formes avec hospitalisation et décès, qui étaient absentes des essais, du fait de la rareté de ces évènements chez les adolescents, ainsi que plus spécifiquement sur le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique. L’efficacité sur la transmission virale n’a pas été évaluée dans les essais.
La HAS encourage la mise en place d’études post-autorisation, notamment concernant les enfants et adolescents atteints de comorbidités ou dans l’entourage d’une personne immunodéprimée, et d’une étude de suivi de l’évolution de nouvelles souches, notamment chez les patients infectés après vaccination. La HAS suivra en outre les données de pharmacovigilance avec attention.
Ouvrir la vaccination aux adolescents
La HAS a analysé les bénéfices que pourraient apporter la vaccination des adolescents. Un bénéfice individuel direct d’abord, car même si elles sont rares, des formes sévères de Covid-19 peuvent survenir chez les adolescents, et particulièrement ceux qui ont des comorbidités.
En outre, la vaccination représenterait un bénéfice individuel évident sur le plan psychologique et social, en évitant les fermetures de classes et d’établissements et leurs effets sur la santé mentale et les ruptures d’apprentissage des adolescents. Par ailleurs, la vaccination des adolescents peut aussi présenter un bénéfice indirect quand elle permet de protéger leurs proches immunodéprimés ou vulnérables.
Enfin, le bénéfice peut être collectif : la vaccination des adolescents s’inscrit également dans l’objectif de diminuer la circulation du virus et, à terme, d’éviter d’avoir à remettre en place des mesures de contrôl e contraignantes. L’objectif serait alors d’atteindre un niveau de couverture vaccinale élevée et dans le même temps de s’assurer que ce niveau est homogène entre les différents groupes de population (âge et territoire).
Sur la base de ces éléments, la HAS préconise d’ouvrir la vaccination aux adolescents de 12 à 15 ans :
- En priorité aux adolescents présentant une comorbidité ou chez les adolescents appartenant à l’entourage d’une personne immunodéprimée ou vulnérable ;
Elle recommande de se concentrer d’abord sur les adolescents souffrant de comorbidité(s) (notamment obésité et immunodéficience et pathologies identifiées chez l’adulte comme facteurs de risque de formes graves de Covid-19) ainsi que sur les adolescents vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou de personnes vulnérables conformément à la stratégie de « cocooning » préconisée par la HAS.
- Puis, à tous les adolescents, dès lors que la campagne vaccinale de la population adulte sera suffisamment avancée.
La HAS estime que la vaccination des adolescents sera à même de diminuer la circulation virale, de permettre aux adolescents de retrouver une vie sociale plus normale et de maintenir leur accès à l’éducation, en évitant notamment la fermeture de classes dans les établissements scolaires. Cette vaccination doit compléter la dynamique de la vaccination de la population adulte. Il est donc cohérent d’entamer la vaccination des adolescents en bonne santé dès que celle des adultes sera suffisamment avancée.
La HAS précise qu’en complément de la mobilisation des acteurs habituels (médecins, pharmaciens, infirmiers…), une vaccination en milieu scolaire pourra aider au succès de la campagne vaccinale chez les adolescents. La HAS souligne qu’il est important d’envisager – pour renforcer les effectifs limités de la médecine scolaire – de mobiliser des équipes mobiles extérieures.
Comme tous les avis de la HAS, cet avis sera revu en fonction de l’évolution des données disponibles.
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