La publication par la revue Prescrire, dans son numéro de février 2013, d’une « liste de médicaments à écarter » s’accompagne d’un appel aux patients et aux soignants à « réviser les traitements en cours {…} sans attendre que les autorités décident enfin les retraits du marché ». Or, l’analyse détaillée de cette liste ne fait apparaître aucune nouveauté par rapport aux données déjà publiées par Prescrire.
Par ailleurs, la remise en cause par cette publication du rapport bénéfice/risque de certains médicaments, en contradiction avec les données scientifiques admises, sans aucune méthodologie ou doctrine d’évaluation validées, est de nature à porter atteinte à la sécurité sanitaire par le doute qu’elle sème chez les patients et les professionnels de santé, ainsi que par le discrédit qu’elle jette sur l’expertise des autorités sanitaires.
La revue néglige enfin d’indiquer que la majorité de ces médicaments fait déjà l’objet, soit d’une surveillance spécifique de la part de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ou de l’Agence européenne du médicament (EMA), dans le cadre d’un Plan de gestion des risques (PGR) ; soit d’une réévaluation du rapport bénéfice/risque au niveau européen ou national ; soit a déjà fait l’objet d’une réévaluation par la Haute autorité de santé (HAS).
Les médicaments font partie des produits les plus contrôlés et les plus surveillés au monde.
Le dispositif de surveillance permanente qui les caractérise repose sur les autorités sanitaires, les professionnels de santé et leurs patients, ainsi que sur les entreprises du médicament*, dont c’est l’une des responsabilités. En complément de ce dispositif, les « lanceurs d’alerte » peuvent constituer un niveau de veille et d’information utile dès lors qu’ils disposent d’informations scientifiquement étayées.
Le Leem invite ces derniers à jouer pleinement leur rôle d’interpellation, sans pour autant prétendre se substituer aux autorités d’évaluation françaises et européennes.
Il dénonce la surenchère de listes, livres, guides, inventaires et énumérations de médicaments, qui contribuent à la perte de repères des patients.
Il met en garde contre la confusion des genres pratiquée par des experts autoproclamés, qui met en jeu la sécurité des patients, la crédibilité des autorités de santé et la confiance dans le médicament.
Le Leem appelle une nouvelle fois de ses vœux à un dialogue serein et pédagogique autour des enjeux du médicament.
* Le Leem rappelle que chaque médicament fait l’objet d’un suivi continu de son rapport bénéfice/risque par les autorités sanitaires. En outre, une surveillance permanente s’exerce au travers du dispositif de pharmacovigilance, qui assure le signalement aux autorités de santé de la totalité des effets secondaires constatés, dès les essais cliniques et au cours de l’utilisation en vie réelle de chaque médicament. Les entreprises du médicament contribuent elles-mêmes largement à ce dispositif, en rédigeant les rapports périodiques de pharmacovigilance et en signalant les événements indésirables qui leur sont rapportés (la moitié des événements graves sont signalés par les industriels eux-mêmes).
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