La Haute Autorité de santé (HAS), en partenariat avec la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP), met à disposition des professionnels de santé de premier recours une série de fiches synthétiques préconisant le choix et les durées d’antibiothérapies les plus courtes possibles pour les infections bactériennes courantes de ville. Ces fiches ont été relues pas le Collège de la Médecine Générale et les sociétés savantes concernées. Elles ont pour objectif d’accompagner les professionnels dans la lutte contre l’antibiorésistance.
L’antibiorésistance constitue un problème prioritaire de santé publique au niveau national et international. L’exposition excessive aux antibiotiques participe directement à la progression des résistances bactériennes, réduisant l’arsenal thérapeutique disponible et pouvant conduire à des impasses de traitement.
Une part encore trop importante de la consommation d’antibiotiques en santé humaine est attribuée à des traitements inutilement prescrits, par exemple pour des infections virales, ou inappropriés, notamment du fait d’une antibiothérapie à spectre trop large ou d’une durée excessive. Des mesures préventives peuvent permettre de lutter contre l’exposition excessive des populations aux antibiotiques, et limiter l’émergence de résistances à ces traitements.
Le travail sur le choix et des durées d’antibiothérapie préconisées dans les infections bactériennes courantes s’inscrit dans la continuité des travaux déjà engagés par la HAS sur la prescription des antibiotiques.
La lutte contre l’antibiorésistance, préoccupation mondiale des autorités sanitaires
À l’échelle mondiale, les résistances aux antimicrobiens seraient responsables de 700 000 morts par an. Si rien ne change, les infections dues à des agents infectieux résistants pourraient redevenir en 2050 une des premières causes de mortalité dans le monde, en provoquant jusqu’à 10 millions de morts[1]. En France, l’antibiorésistance est la cause de plus de 5 000 décès par an chez des patients atteints d’infections à bactéries résistantes et 125 000 patients développent chaque année une infection liée à une bactérie résistante[2].
Les travaux de la HAS, de la SPILF et du GPIP sur le choix et les durées de l’antibiothérapie préconisées dans les infections bactériennes courantes s’inscrivent dans le cadre du plan national pour la maîtrise de l’antibiorésistance[3] afin d’aider les professionnels de santé à lutter contre ce problème.
Des fiches synthétiques à destination des professionnels de santé concernés pour lutter contre l’antibiorésistance
La réduction de la durée de traitement antibiotique au minimum nécessaire pour les pathologies bactériennes courantes de ville constitue une des stratégies pour restreindre l’exposition aux antibiotiques et lutter contre les résistances bactériennes.
Recommander des durées de traitement qui ne soient plus mentionnées sous forme d’intervalles étendus concourt à cet objectif dans un contexte d’homogénéisation des prescriptions sur le territoire national.
La HAS, la SPILF et le GPIP ont donc élaboré des fiches synthétiques préconisant le choix et les durées d’antibiothérapies les plus courtes possibles pour les infections bactériennes courantes de ville. Celles-ci vont permettre aux professionnels de santé d’avoir à disposition, sous une forme synthétique, l’information sur le choix de la molécule et les durées de traitement pour des infections bactériennes courantes au regard de l’évolution des résistances bactériennes. Ces fiches ont été relues par le Collège de la Médecine Générale et les sociétés savantes concernées.
- Ces fiches s’adressent en priorité aux professionnels de santé de premier recours : médecins généralistes, pédiatres de ville et gériatres, impliqués dans la prise en charge des infections bactériennes courantes.
- Les autres médecins spécialistes, les sages-femmes, les pharmaciens, les internistes et les chirurgiens-dentistes sont également concernés.
19 fiches mémos distinctes : concernant les infections urinaires chez la femme (notamment la cystite aigue simple, à risque de complication ou récidivante, de la femme), les infections ORL chez l’adulte et l’enfant (telle que l’otite moyenne aiguë purulente de l’enfant fréquemment observée lors de la vie en collectivité), les infections bactériennes cutanées, les infections à Helicobacter pylori chez l’adulte, les urétrites et cervicites non compliquées, la diverticulite aiguë sigmoïdienne non compliquée sont disponibles.
Une fiche de synthèse regroupe le choix de l’antibiothérapie de première intention et sa durée préconisée pour l’ensemble de ces infections est également disponible.
Ces fiches peuvent être consultées ici.
[1] Review on Antimicrobial Resistance, O’Neill J. Tacking druf-resistant infections globaly: final report and recommendations. London: AMR; 2016. https://amr-review.org/sites/default/files/160518_Final%20paper_with%20cover.pdf
[2] Santé publique France. Résistance aux antibiotiques [En ligne]. Saint-Maurice: SPF; 2019. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/resistance-aux-antibiotiques/la-problematique/#tabs
[3] https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-politiques-publiques-pour-preserver-l-efficacite-des-antibiotiques/article/lutte-et-prevention-en-france