Voilà plus de vingt ans que le Syndicat CNI alerte sur la dégradation des conditions de travail, la multiplication des fermetures de lits, la diminution des effectifs au lit du patient, le manque de reconnaissance des professionnels de santé !
Et voilà qu’aujourd’hui, nos tutelles, face à une enquête flash réalisée par le Pr Jean- François Delfraissy, président du conseil scientifique et du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), s’aperçoivent qu’il y aurait un problème.
Des lits seraient fermés dans les CHU de France par manque d’effectif pour prendre en charge les usagers du système de santé…
Mais réveillez-vous ! Cela ne date pas d’hier, ni même de 2019 avant la pandémie du Covid 19 ! Le constat est le même dans les hôpitaux, les EHPAD, les secteurs privé et libéral !
20 ans que nous alertons !
20 ans que nous prévenons que si la situation perdure le système de santé va s’effondrer !
Parce-que parfois la crise sanitaire a bon dos ! Certes elle a majoré la souffrance des professionnels et entraîné une nouvelle augmentation de la charge de travail mais en serions-nous là si les gouvernements successifs de ces 20 dernières années nous avaient entendus, nous professionnels du terrain ?
L’hôpital a été au centre des discussions depuis le début de la crise sanitaire et toutes les décisions prises en termes de restriction de mouvement, de confinement et plus récemment de vaccination, l’ont été « pour ne pas risquer l’engorgement des hôpitaux ».
Mais qu’en aurait-il été si nous avions été entendus ?
Si au lieu de fermer des lits et diminuer les effectifs, les décisionnaires avaient pris le parti de défendre une offre de soins de qualité ? Si les quotas de soignants au lit du patient avaient été posés en fonction de la charge que ces derniers représentent ? Si au lieu de geler le point d’indice, de réelles revalorisations salariales en regard des compétences et responsabilités des professionnels de santé avaient été actées ? Car ce ne sont pas les nouvelles grilles de salaires qui vont convaincre de ne pas quitter l’hôpital des soignants désabusés, épuisés physiquement et psychologiquement.
Quant aux futurs professionnels, le constat est alarmant également, avec une nette augmentation des abandons en cours de formation. M Véran veut diligenter une enquête pour en comprendre les raisons ? Une enquête qui prendra encore des mois pour aboutir à quoi? Il y a urgence! Posez-vous la question de l’accompagnement de ces étudiants ! Quand ils vont en stage dans des services surchargés, en manque d’effectif, pensez-vous réellement qu’il soit possible de les accompagner convenablement dans leur apprentissage ?! Quand ils constatent par eux-mêmes les conditions d’exercice, qu’ils voient les professionnels rappelés sans arrêt sur leurs jours de repos et parachutés à droite, à gauche dans des services inconnus pour pallier le manque d’effectif, croyez-vous vraiment que cela leur donne envie d’aller au bout de leur formation ?
Et qu’on ne vienne pas reprocher aux professionnels encadrants de mal les accueillir, de leur donner une image trop négative de l’hôpital, les étudiants ne sont pas stupides, ils sont capables de juger par eux-mêmes de la réalité qu’ils côtoient en stage !
Alors oui, aujourd’hui des lits, voire des services entiers, sont fermés par manque de personnel médical et paramédical pour prendre en charge les patients. On ne peut qu’être inquiets sur les conséquences que cela va avoir à l’approche de l’hiver, de ses épidémies de bronchiolites, de grippes, de gastro-entérites et d’une éventuelle 5ème vague…
M. Véran pense avoir fait tout ce qu’il faut avec le Ségur de la santé pour que les choses s’améliorent dans les années qui viennent ? Mais au-delà de l’insuffisance des mesures actées dans le Ségur, c’est aujourd’hui que la situation est grave dans nos établissements, c’est aujourd’hui qu’il faut des solutions et autres que le paiement d’heures supplémentaires à des professionnels au bout du rouleau !
M. Véran n’a pas « de médecins cachés dans le placard, ni des infirmières qui attendent dans une salle qu’on appuie sur un bouton pour les déployer dans les hôpitaux » ? Triste mais réel constat ! Il fallait peut être se réveiller avant ! Aujourd’hui la colère raisonne devant une situation que nous avons vu se dégrader au fil du temps sans qu’aucun des gouvernements des vingt dernières années n’en prenne la mesure !
A présent, la seule chose dont nous soyons sûr, c’est qu’une fois de plus, ce sont les professionnels de santé et les patients qui payent et vont payer encore longtemps, les conséquences de vingt ans d’inaction de nos tutelles !
Sans réel choc d’attractivité : le bateau coule !
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