L’URPS Pharmaciens Grand Est organise une conférence de presse lundi 22 novembre à 14h à 15h dans les locaux de l’URPS Pharmaciens ou en visioconférence sur le thème :
Radiographie des pharmaciens du Grand Est par l’URPS : épuisés, mais prêts à prendre en main les nouvelles missions.Retour sur le questionnaire réalisé à l’été 2021.
Lors de la pause relative de l’épidémie durant l’été 2021, l’URPS Pharmaciens Grand Est a souhaité établir un état des lieux du ressenti des pharmaciens (titulaires et adjoints) de la région et de leurs vœux d’évolution de la profession pour les mois et années à venir.
Dès le début de la crise sanitaire en mars 2020, les pharmaciens d’officine se sont retrouvés en première ligne, sollicités de toute part par les patients, les autres professionnels de santé, les autorités.
Démunis face à l’ampleur de cet état de crise, sans masques, sans protections, parfois malades, avec des consignes fluctuantes et contradictoires, les officinaux sont restés présents. Ils ont su adapter en permanence leurs pratiques aux attentes de la population et répondre aux actions de santé publique orchestrées par le Ministère.
Avec l’instauration de l’état d’urgence, pour assurer la continuité de la prise en charge des patients, de nouvelles missions, mises en œuvre dans des délais très courts, sont apparues, telles que la possibilité de renouveler ou prolonger des ordonnances (traitements chroniques, contraceptifs oraux, traitements substitutifs ou dispositifs médicaux notamment) sans passer par le médecin traitant, la délivrance de médicaments de la réserve hospitalière, la mise en œuvre d’un protocole IVG en ville, la possibilité d’entretiens par télésoins, la prise en charge à domicile des patients atteints de la Covid-19 et requérant une oxygénothérapie à court terme…60 à 90% des officines ont mis en place ces dispositifs.
En région Grand Est, l’URPS Pharmaciens a pris toute sa place dans l’accompagnement des confrères par la création d’outils inter professionnels comme Distrimasques et par des informations envoyées régulièrement aux confrères.
La plupart de ces missions instaurées au cœur de la crise reste maintenue durant le régime de sortie de l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 31 juillet 2022. Sur le terrain, comme le reflète l’étude URPS, 90% des professionnels du médicament se sentent en souffrance, fatigués et épuisés moralement voire proches de la rupture pour plus de 15% d’entre eux.
Néanmoins les deux tiers d’entre eux souhaitent poursuivre cette évolution sous certaines conditions et avec un accompagnement adapté.
Depuis bientôt deux ans, l’implication des pharmaciens dans la santé de ville s’est consolidée. Ils se positionnent comme des professionnels de santé de proximité incontournables, en lien quotidien avec les autres acteurs de la ville que sont les médecins et les infirmiers (communication intensifiée avec ces professionnels pour plus de 67% des pharmaciens).
La confiance des patients à l’égard de leurs pharmaciens témoigne de la qualité de leur prise en charge par des conseils adaptés accrus et une orientation souvent protocolisée. Le temps d’exercice à la prise en charge des soins non programmés en officine (soins qui consistent à répondre à une demande directe ou une urgence ressentie d’un patient) doit être accompagné et reconnu, ceci a été mis en évidence encore davantage pendant la crise.
La mise en place des nouvelles missions et la gestion de crises sanitaires réclament de nouvelles pratiques et de nouveaux protocoles parfois instaurés dans l’urgence mais aussi des ressources humaines suffisantes pour assurer un équilibre du travail.
La crise actuelle révèle un manque de professionnels qualifiés disponibles (pharmacien ou préparateur) nécessaires au bon fonctionnement de l’officine. Cet état de faits ajouté aux délais de formations des professionnels et à un recul des vocations dans les métiers de la santé sclérosent les officines. Les répercussions de cette problématique s’observent notamment dans l’épuisement des équipes et le renoncement de certains officinaux à développer des nouvelles tâches au sein de leur pharmacie (comme les entretiens pharmaceutiques conventionnels ou l’intégration à une structure d’exercice coordonné).
Le rôle des pharmaciens de relai des politiques de santé publique auprès de la population et de coopération avec les autres professionnels de santé, demande une actualisation exigeante des connaissances et des pratiques. Les pharmaciens d’officine se forment initialement lors d’un cursus universitaire spécialisé mais aussi tout au long de leur vie professionnelle via des formations continues validantes indispensables à l’exécution des nouvelles missions.
Le rythme dicté par l’urgence se répercute sur des entreprises réduites en personnel, parfois isolées, et provoque de la souffrance au travail (pharmaciens et équipes épuisés physiquement et moralement, proches de la rupture).
Ces professionnels bien que saturés par leur activité soutenue depuis des mois se montrent très impliqués et volontaires. Malgré la grosse fatigue, subsistent chez les pharmaciens, une volonté d’être présents dans le domaine de la santé publique et de s’inscrire dans des nouvelles missions durables.
Le métier de pharmacien a vocation à devenir encore davantage multitâche, à se développer autour du patient au cœur d’un réseau incluant les autres professionnels de santé libéraux (isolés ou en exercice coordonné en MSP, CPTS, ESP) et les hôpitaux.
La crise a accéléré la mise en place d’une interprofessionnalité grandissante et nécessaire notamment pour le renforcement de l’axe ville – hôpital – ville. Cette mutation de la profession de pharmacien d’officine requiert un accompagnement des autorités dans de nombreux domaines. Les pharmaciens sont prêts à s’engager dans ces perspectives d’évolution afin d’écrire un système de santé de ville efficient et en harmonie avec le système hospitalier.
Contact :
Julien GRAVOULET – jgravoulet@urpspharmaciensgrandest.fr