Le BEH n°3-4 de Santé publique France vient de paraître.
Il est composé d’un éditorial et de 7 articles.
En route vers l’élimination des hépatites B et C en France, Pr François Dabis, Université de Bordeaux, Institut d’épidémiologie et santé publique (Isped).
Prévention, dépistage et traitement de l’hépatite C chez les personnes détenues en France, Cécile Goujard et coll., Conseil national du sida et des hépatites virales, ParisLa prise en charge des personnes détenues infectées par le virus de l’hépatite C (VHC) s’inscrit dans un parcours de soins sanitaire et pénal complexe. L’arrivée des traitements antiviraux d’action directe (AAD) de l’infection par le VHC en permettant une guérison virale dans la plupart des cas contribue à la stratégie nationale d’élimination du VHC d’ici 2025. Un examen de la littérature et des données nationales disponibles a été effectué pour structurer un recueil d’informations dans trois régions métropolitaines (40% de la population détenue). L’épidémiologie et la prise en charge des personnes détenues sont peu documentées, avec des données anciennes.
L’enquête Coquelicot a montré que la population pénitentiaire avait des pratiques associées à un fort risque de contamination par le VHC majorées dans le contexte de la détention. Le dépistage à l’entrée en détention était en 2010 de 93% (Prevacar), en 2015 et 2017 de 70% et de 72% (2 études de pratiques) et en 2016 de 56,5% (Île-de-France). La séroprévalence et la prévalence des infections VHC étaient en 2010 de 4,8% et 2,5% (Prevacar) et en 2017 de 2,9% et 1,1% (Fresnes). En l’absence de recueil national d’information de prise en charge médicale du VHC, l’enquête du CNS a montré que les parcours étaient hétérogènes, avec une cascade d’accès au traitement de moins d’une personne détenue sur 2, l’insuffisance de dépistage étant l’obstacle majeur. La mise en place d’un recueil de données pérennes, le renforcement d’un dépistage pour un traitement effectif apparaissent indispensables pour l’éradication du VHC en milieu pénitentiaire.
Hépatites virales B, C et delta en population générale adulte vivant à Mayotte, enquête Unomo Wa Maore 2018-2019, Cécile Brouard et coll., Santé publique FranceEstimer, dans la population générale de 15-69 ans vivant à Mayotte, la prévalence des infections par les virus des hépatites B (VHB), C (VHC) et delta (VHD), la proportion de personnes non immunisées contre le VHB et décrire les caractéristiques épidémiologiques et virologiques des personnes infectées.L’enquête Unono Wa Maore, réalisée en 2018-2019, à domicile, auprès d’un échantillon aléatoire de la population générale vivant à Mayotte, comportait un recueil de données épidémiologiques et d’un échantillon sanguin veineux. Les marqueurs sérologiques et moléculaires du VHB, VHC et VHD ont été recherchés.
Parmi 5 207 personnes de 15-69 ans sollicitées, 4 643 ont répondu au questionnaire (89,2%), dont 2 917 ont été testées (62,8%). Soixante-seize personnes étaient positives pour l’antigène (Ag) HBs, soit une prévalence de l’infection par le VHB estimée à 3,0% (IC95%: [2,3-3,9]). Une personne était positive pour les anticorps (Ac) VHD (0,65%), avec une charge virale ARN-VHD négative. Une infection VHB ancienne guérie était retrouvée chez 27,8%. La proportion de personnes immunisées par la vaccination (AcHBs=10 mUI/mL), estimée à 27,7% pour les 15-69 ans, était maximale chez les 15-29 ans (37,9%). Cependant, 47,9% des 15-29 ans n’étaient pas immunisés (vaccination ou infection ancienne).
Six personnes étaient positives pour les AcVHC (0,21%), dont trois avaient un ARN-VHC détectable.
Ces résultats confirment que Mayotte est une zone de faible endémie pour le VHC et le VHD, mais de moyenne endémie pour le VHB. Avec une prévalence de l’AgHBs dix fois plus élevée qu’en métropole et une proportion élevée des 15-29 ans non immunisés, l’hépatite B doit constituer une priorité de santé publique à Mayotte.
« Vivre avec une hépatite B » : une enquête des états généraux de l’hépatite B en France métropolitaine et d’outre-mer, Carmen Hadey et coll., SOS Hépatites et Maladies du foie, MontreuilEn France, l’hépatite chronique B concerne plus de 130 000 personnes. On sait pourtant peu de choses sur la perception de cette maladie par les patients eux-mêmes, encore moins sur celle de l’hépatite delta (D), surinfection de l’hépatite B.Initié par les États généraux de l’hépatite B (EGHB), un questionnaire a été soumis, du 30 septembre 2019 au 15 juillet 2020, à 205 porteurs chroniques du virus de l’hépatite B, accueillis par des acteurs associatifs et de santé volontaires, en France métropolitaine (83%, 170 répondants) et dans les départements et régions d’outre-mer (17%, 35 répondants) par écrit, par téléphone ou par Internet.
Avant le dépistage positif, 81% des répondants ne se sentaient pas concernés par la maladie, et 53% disent qu’ils ne connaissaient pas l’hépatite B. L’enquête fait également ressortir un impact psychologique, social et professionnel de l’hépatite B : près de 60% des répondants déclarent vivre difficilement l’incertitude sur l’évolution de la maladie, 50% disent qu’elle a un impact sur leur moral, 30% sur leur vie de famille, 29% sur leur vie sexuelle et 30% sur leur vie professionnelle.
L’impact de l’hépatite B sur la vie quotidienne doit être pris en compte et incite à renforcer l’information et le suivi des patients et de leur entourage.
Focus : Les premiers états de l’hépatite B, Carmen Hadey et coll., SOS Hépatites et Maladies du foie, Montreuil.
Focus : Enquête « File active hépatite B » au sein de structures de soin, réalisée dans le cadre des premiers états généraux de l’hépatite B, Carmen Hadey et coll., SOS Hépatites et Maladies du foie, Montreuil.
Fréquence des hépatites chroniques B et C, morbidité et mortalité parmi la population hospitalisée en France 2005-2020, Carmen Hadey et coll., SOS Hépatites et Maladies du foie, MontreuilDécrire, entre 2005 et 2020, les taux de patients hospitalisés avec un diagnostic d’hépatite chronique B (HCB) ou C (HCC), ainsi que la morbidité et la mortalité hospitalières associées.Les séjours des patients majeurs hospitalisés ont été extraits du Programme de médicalisation des systèmes d’information– médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (PMSI-MCO). Le taux de patients hospitalisés avec un diagnostic d’HCB ou d’HCC a été calculé en rapportant le nombre de patients avec une HCB ou une HCC en diagnostics principal (DP), relié (DR) ou associé significatif (DAS) au nombre total de patients hospitalisés. L’analyse de la morbidité et de la mortalité hospitalières a concerné uniquement les patients avec soit une HCB ou HCC en DP/DR, soit une complication d’HCB ou d’HCC en DP/DR avec une HCB ou HCC en DAS.
Entre 2005 et 2020, le taux annuel de patients hospitalisés avec une HCB et une HCC est passé de 0,11% à 0,07% et de 0,45% à 0,10%, respectivement. Les nombres de patients hospitalisés pour une HCB ou une HCC ont diminué de 62% et 88% respectivement, les proportions de patients avec une complication ont augmenté (HCB : de 28% à 43% ; HCC : de 26% à 72%), et le nombre de décès a diminué (HCB : -43% ; HCC : -58%).
Ces résultats montrent une baisse de la fréquence et de la morbi-mortalité liée aux hépatites chroniques B et C dans la population hospitalisée, plus marquée pour l’HCC. Ces indicateurs sont essentiels pour le suivi de l’élimination des hépatites virales B et C dans la population hospitalisée, plus marquée pour l’HCC. Ces indicateurs sont essentiels pour le suivi de l’élimination des hépatites virales B et C.
Etude comparative de la fréquence des hépatites B et C chez les personnes nouvellement diagnostiquées pour carcinome hépatocellulaire en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer, 2015-2019, Patrick Mwamba-Kalambayi et coll., Santé publique FranceCet article présente la fréquence des hépatites virales chroniques B (VHB) et C (VHC) chez les patients diagnostiqués pour carcinome hépatocellulaire (CHC) dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), comparée à la métropole.Les données proviennent du Système national de données de santé (SNDS). À l’aide des codes CIM-10, CIP/UCD et NABM, les informations des patients nouvellement diagnostiqués pour CHC entre 2015-2019 et qui présentaient ou non une infection virale B ou C ont été sélectionnées. La fréquence des patients, parmi la population de l’étude avec un diagnostic d’hépatites virales B ou C a été calculée. Les taux d’incidence, standardisés sur la structure d’âge de la population mondiale 1960, de CHC et de CHC avec VHB ou VHC ont été calculés.
Sur la période de l’étude, 28 868 nouveaux patients diagnostiqués et hospitalisés pour CHC ont été sélectionnés. L’âge moyen au diagnostic de CHC était de 69,1 ans (écart-type=11,3) en métropole et de 64,5 ans (écart-type=13,8) dans les DROM (p<0,001). Les taux d’incidence de CHC standardisés sur la population mondiale étaient de 4,15/100 000 personnes-années en métropole et 1,95/100 000 personnes-années dans les DROM. Le taux d’incidence de CHC avec VHB était de 0,50/100 000 personnes-années en métropole et 0,60/100 000 personnes-années dans les DROM. Pour les patients CHC avec VHC, le taux était 2,7 fois plus élevé en métropole (0,92/100 000 personnes-années) que dans les DROM (0,34/100 000 personnes années). Quelle que soit la région des DROM, le taux d’incidence de CHC avec VHB était plus élevé que celui de CHC avec VHC, sauf en Martinique.
L’incidence du CHC est deux fois moins élevée dans les DROM qu’en métropole. La participation des hépatites virales au diagnostic de CHC, avec une prédominance de VHB, est plus importante dans les DROM qu’en métropole.
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