A l’occasion de la journée mondiale du cancer du col de l’utérus et des cancers induits par les virus HPV (Papillomavirus Humain), IMAGYN (Initiative de Malades Atteintes de cancers Gynécologiques), l’USPO (Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officine) et la SFCO (Société Francophone de Chirurgie Oncologique) se mobilisent pour sensibiliser l’opinion, améliorer la couverture vaccinale en France et le dépistage.
Vaccination contre le HPV : la France à la traîne
Chaque année, les virus HPV sont responsables de 6 000 cancers (4 000 pour les femmes, 2 000 pour les hommes) et de 3 000 décès (2 000 pour les femmes et 1 000 pour les hommes), soit autant que les accidents de la route « et pourtant nous en parlons beaucoup moins », souligne Coralie Marjollet, Présidente de l’association IMAGYN.
Si le dépistage permet de détecter les lésions précancéreuses, la vaccination joue un rôle primordial dans son éviction. « Les cancers liés aux HPV sont aujourd’hui les seuls cancers évitables grâce à la vaccination ; et plus la vaccination est initiée tôt, plus le taux de cancer est réduit1 », précise Coralie Marjollet.
Prise en charge pour les jeunes garçons et les jeunes filles à partir de 11 ans, la vaccination HPV a pourtant du mal à décoller. En France, seul un tiers des jeunes filles de 16 ans a reçu un schéma vaccinal complet en 2020. Un chiffre bien en-deçà des taux observés à l’étranger : 80% des jeunes Australiennes sont vaccinées contre le HPV, 90% des filles et 70% des garçons en Espagne.
Une défiance qui s’explique, notamment, par le contexte socio-culturel français : « Le HPV est responsable des cancers du vagin, de la vulve, du pénis, du canal anal, mais aussi des cancers des voies aérodigestives supérieures. Il touche les femmes et les hommes, souligne le Docteur Gwenaël Ferron, vice-Président de la SFCO. La sexualisation de la maladie jette le voile sur ces « cancers de la honte » et a un impact fort sur le taux de vaccination. ».
Quelles solutions pour réduire le taux d’incidence de ces cancers et sauver 3 000 vies chaque année ?
• Proposition n°1 : autoriser les professionnels de santé à vacciner dès l’âge de 11 ans
Dans son avis du 27 janvier 20222, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande que les infirmiers, pharmaciens d’officine et sage-femmes soient autorisés à prescrire et injecter, entre autres, le vaccin HPV, aux patients de plus de 16 ans. Un élargissement des compétences qui vise à accroître le taux de vaccination, aussi bien chez les filles que chez les garçons.
Si cette mesure semble pertinente, elle ne répond cependant pas aux spécificités du papillomavirus : « La vaccination est efficace lorsqu’elle est administrée avant le début de la vie sexuelle ; c’est pourquoi il est préconisé de vacciner dès l’âge de 11 ans », indique Coralie Marjollet. « Il faut que les pharmaciens et les autres professionnels de santé se battent pour vacciner le plus tôt possible. Augmenter le nombre de patients vaccinés se fera grâce à la mobilisation de tous les professionnels de santé » interpelle le Dr Gwenaël Ferron.
Les pharmaciens d’officine sont rompus à l’acte de vaccination, notamment depuis la crise sanitaire. « La vaccination en officine est devenue pour tous une évidence. A titre d’exemple, nous vaccinons les enfants contre la Covid-19 dès l’âge de 5 ans », souligne Pierre-Olivier Variot, Président de l’USPO. « Afin d’éradiquer ces cancers, les pharmaciens, les sage- femmes et les infirmiers doivent être autorisés à prescrire et vacciner contre le HPV dès l’âge de 11 ans afin de donner toutes leurs chances aux personnes ».
Avec près de 22 000 officines en France, la pharmacie représente une porte d’entrée dans le parcours de soins des Français. La facilité d’accès et la connaissance des patients font du pharmacien un acteur de confiance. Selon Pierre-Olivier Variot : « les pouvoirs publics peuvent s’appuyer sur les pharmaciens d’officine. Notre maillage, notre disponibilité et nos compétences permettront de renforcer la couverture vaccinale contre le HPV dès l’âge de 11 ans, comme nous l’avons fait pour la grippe ou pour le Covid ».
• Proposition n°2 : renforcer le dépistage en permettant aux pharmacies de dispenser le test HPV
De nombreuses femmes échappent à un suivi gynécologique et, de fait, au dépistage du cancer du col de l’utérus par la réalisation d’un frottis. La mise à disposition en officine de tests HPV sur auto-prélèvement vaginal permettrait de renforcer le dépistage et la détection de lésions précancéreuses. « En mettant ces tests à la disposition de nos patientes, nous permettons d’organiser prévention, détection et suivi. Nous allons le faire pour le cancer colo- rectal dans les prochains mois, pourquoi ne pas l’organiser avec l’assurance maladie pour le HPV ? », s’interroge Pierre-Olivier Variot.
• Proposition n°3 : renforcer la sensibilisation de la population – La communication sur ces pathologies mais également sur les armes dont nous disposons
pour éradiquer ces cancers est un axe stratégique majeur selon IMAGYN, l’USPO et la SFCO.
L’Assurance maladie pourrait proposer une communication sur le site Ameli ou par tout autre moyen, des campagnes peuvent être envisagées dans la presse grand public mais également dans les pharmacies ou les cabinets médicaux.
« Plus ces informations seront visibles, plus nous aurons de chance de convaincre la population de l’importance de la vaccination avec l’ensemble des professionnels de santé et du dépistage » souligne Coralie Marjollet.
Contacts :
IMAGYN : Coralie Marjollet, Présidente
Email : coralie.imagyn@gmail.com
SFCO : Gwenaël Ferron, Vice-Président
Email : coralie.imagyn@gmail.com
USPO : Pierre-Olivier Variot, Président
Email : uspo@uspo.fr