Produit de santé reconnu aux bénéfices incontestables et mesurables, le dentifrice au fluor est confronté au même de phénomène de remise en cause que subissent d’autres produits de santé et grandes découvertes médicales. Fausses informations, craintes irrationnelles, méconnaissance, opportunisme commercial, le fluor – qui représente l’actif essentiel et incontournable d’un dentifrice – perd du terrain avec des conséquences lourdes : sanitaires, sociales et économiques. Un enjeu majeur de santé publique.
L’introduction du fluor comme agent anti-caries dans les dentifrices date de 1947. Son incorporation a permis de réduire de façon considérable la prévalence de la carie dentaire dans le monde. (Plusieurs générations ont ainsi bénéficié du rôle protecteur majeur fluor.)
Concrètement, il produit un effet antiseptique inhibiteur des bactéries cariogènes. Un effet reconnu, démontré par une multitude d’études robustes, soutenu et porté aussi par l’OMS qui en reconnait l’apport inestimable, au travers de l’inscription récente du dentifrice au fluor dans sa liste des « Produits Essentiels de Santé ».
La carie, une perte irréversible du capital santé dentaire individuel
Les effets réels d’une carie sur la dent sont bien souvent totalement sous-estimés. Chaque un individu possède un capital dentaire qui ne se régénère pas. Chaque carie, même soignée, entraîne une perte irréparable pour la dent. Elle génère une fragilité définitive. Les dommages s’additionnent avec le nombre de caries. Ils apparaissent dès le premier âge. Les caries sur les dents de lait multiplient de 3 à 7 fois selon les études le risque de présence de nouvelles caries sur les dents définitives.
Des effets à court et long termes, un enjeu de santé publique
Les séquelles consécutives aux atteintes carieuses sont nombreuses : douleurs rémanentes, problèmes de mastication et de nutrition, parfois d’élocution, des dents altérées qui finissent par se casser ou tomber. Pour les enfants, les conséquences sont lourdes : perte d’image de soi et difficultés scolaires par défaut de concentration, absences répétées à cause des douleurs et des infections récurrentes. Avec des répercussions fortes aussi pour les adultes sur l’état de santé générale, la prévention de la perte d’autonomie et de la dénutrition à long terme.
Mais au-delà, la prévention de la carie est également un facteur d’équité sociale. Les personnes les plus vulnérables aux pathologies carieuses sont souvent les plus fragiles de part leurs conditions de vie, avec un cercle vicieux où la dégradation de l’état de santé bucco-dentaire constitue un facteur supplémentaire (un amplificateur) de fragilité.
Le soin d’une carie n’est pas une réponse mais un échec
Parce que l’atteinte carieuse s’accompagne dès l’enfance de dommages irréversibles, la seule réponse est donc la prévention quand on parle de santé orale. Le levier de protection indispensable, dont l’efficacité fait consensus chez les scientifiques, reste le brossage biquotidien avec un dentifrice au fluor.
Entre « fausses nouvelles » et opportunisme commercial : de vrais motifs d’inquiétudes
Or, depuis une dizaine d’années, son usage est remis en cause dans le cadre d’un mouvement de retour au « naturel ». Un mouvement qui prend appui sur une méconnaissance profonde, des craintes peu rationnelles, alimentées par une lecture erronée de la littérature scientifique, parfois des arguments à dimension « ésotérique ».
Ce mouvement est malheureusement entretenu maintenant par certaines marques qui font argument marketing et commercial du « sans fluor » sans aucune considération pour le rôle majeur que joue le dentifrice fluoré en matière de prévention.
Agir rapidement pour éviter l’évitable
Ce recul général pourrait entraîner des conséquences lourdes sur la santé publique. Une explosion à venir du besoin de soins dentaires. Une profonde régression doublée d’un poids important en matière de dépenses de santé. Un soin dentaire pour une carie représente un coût non négligeable qui peut être évité.
Pour faire face à ce défi, en vue de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire (20 mars), l’UFSBD interpelle les autorités sanitaires et représentants politiques. Objectif : affirmer, expliquer, démontrer que le dentifrice n’est pas un objet cosmétique mais bien un outil de santé publique.
Mais pour cela, il doit être fluoré selon des dosages suffisants, conformes aux recommandations de l’OMS et consensus scientifiques internationaux, sur lesquelles l’UFSBD s’appuie. Les préconisations des autorités françaises sont depuis des années inférieures à ces recommandations et dans l’attente d’une révision qui ne vient pas.
Des mesures simples, ciblées, un coût maîtrisé, celui de la prévention
L’UFSBD soutient par ailleurs d’autres mesures plus ciblées : une TVA abaissée à 5,5% sur les dentifrices fluorés, le remboursement pour certaines personnes fragiles, très exposées aux maladies carieuses, qui permettra aussi le maintien d’un lien régulier avec un cabinet dentaire lors de la prescription.
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