Nous nous réjouissons de la décision courageuse prise par Doctolib de déréférencer les professions dites “de bien-être” non réglementées. Nous avions alerté cet été sur la présence des naturopathes sur la plate-forme, pointant des cas extrêmes. Après une première réaction n’excluant que quelques naturopathes formés par Irène Grosjean et Thierry Casasnovas, un véritable travail de fond a été lancé conjointement avec la Miviludes.
Ces pratiques ne sont pas assimilables à de la médecine. Depuis la pandémie de Covid-19, une véritable réorganisation de l’univers des fausses thérapies s’autoproclamant « alternatives » a vu le jour, avec une progression inquiétante de sa visibilité et des dérives associées telles que :
- l’escroquerie qui consiste à vendre des techniques ou des remèdes miracles censés faire mieux que la médecine.
- l’éloignement, même temporaire, des parcours de santé qui entraîne des pertes de chances pour les patients.
- l’emprise mentale exercée par certains praticiens qui peut donner naissance à des dérives sectaires.
La désertification médicale, planifiée depuis des décennies, par les décideurs politiques au nom d’une vision économiste, la désorganisation du système de santé qui en résulte, facilitent l’entrée dans ces parcours « alternatifs » prônant une prise en charge pseudo- humaniste et pouvant présenter un réel danger pour les patients.
Cependant, nous constatons, avec désarroi, que les services publics en font aussi régulièrement la promotion, que ce soit au sein des universités, à la télévision publique ou même au sein de Pôle Emploi.
La réaction forte de Doctolib, d’abord pointée par des lanceurs d’alertes puis accompagnée par des organismes d’État, est un signal essentiel qui peut servir de réveil à l’État, resté trop longtemps passif devant la montée en puissance de la désinformation médicale. Le problème ne s’arrête évidemment pas à une plate-forme de prise de rendez-vous.
Il est indispensable que les pouvoirs publics prennent enfin la mesure du danger sanitaire et sociétal représenté par ces dérives thérapeutiques et mettent en place les propositions déjà établies en 2012 par la Commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé[6]. Ces 41 suggestions concrètes visent à renforcer l’information et la sécurité des internautes, à mieux encadrer et contrôler les pratiques non conventionnelles, à mieux réguler les formations et à améliorer la vigilance et le traitement judiciaires de ces dérives.
Ne perdons pas dix ans supplémentaires : il faut que l’État se dote enfin des outils pour lutter contre ce phénomène inquiétant.
Contacts : laurent@lp-conseils.com / sagda@lp-conseils.com