Le dispositif « ASSORE », porté par l’association Aurore depuis 2015, est un programme d’hébergement dans des chambres d’hôtel associé à un accompagnement social qui accueille à ce jour 536 personnes. Il permet d’accompagner les consommateurs de crack en errance dans le nord-est parisien vers un accès aux soins et aux droits. Une évaluation du dispositif, demandée par l’ARS Île-de-France et annoncée lors du comité crack du 1er février dernier, a été confiée à une équipe scientifique des Hospices Civils de Lyon et de l’Université de Lyon I Claude Bernard.
L’enquête quantitative et qualitative menée auprès de 20% des bénéficiaires, confirme l’effet bénéfique de ce dispositif pour les consommateurs, sur leur état de santé général mais aussi sur leur addiction. Au-delà de l’amélioration liée à la mise à l’abri et à la sortie de la rue, 87% des consommateurs interrogés voient leur consommation de crack diminuer depuis leur entrée dans le dispositif et 1 sur 5 (19%) signalent un arrêt complet du crack (mais non de toute addiction).
Le rapport confirme également la persistance de difficultés opérationnelles telles que le manque d’effectifs, l’insuffisance des solutions en aval du dispositif et le besoin de renforcer le parcours de prise en charge psychiatrique.
ASSORE est un programme d’hébergement à destination des consommateurs de crack socialement précaires et fréquentant les scènes de consommation dans le Nord-est parisien : il permet l’hébergement dans des chambres d’hôtel, associé à un accompagnement social des personnes. Il est ainsi devenu l’une des composantes essentielles du Plan Crack. Le dispositif est co-financé par l’Etat (Préfecture de Paris et d’Ile-de-France, MILDECA et Agence régionale de santé) et la Ville de Paris.
ASSORE a été régulièrement renforcé, de 220 places en 2019 à 440 début 2022, puis 510 places, et maintenant un objectif de 610 places. Ces 100 places supplémentaires sont financées à 100% par l’Etat. 536 personnes sont prises en charge à ce jour et de nouvelles places hôtelières sont activement recherchées, dans un contexte tendu pour l’hébergement d’urgence, pour parvenir au total de 610 places.
Une évaluation de ce dispositif a été menée, à la demande de l’ARS, par le Service d’Évaluation Économique en Santé (Pôle Santé Publique) des Hospices Civils de Lyon – Laboratoire de recherche en Santé Publique Reshape Inserm U1290 de l’Université de Lyon I Claude Bernard. Elle avait été annoncée par la Directrice générale de l’ARS le 1er février 2022 en Comité institutionnel du Plan Crack. Cette évaluation s’inscrit dans un contexte de croissance rapide et régulière du nombre de personnes hébergées dans le dispositif. Il s’agissait d’évaluer principalement les enjeux sanitaires, c’est-à-dire les effets de l’hébergement et de l’accompagnement des consommateurs précaires sur les conduites addictives – dont la consommation de crack – et leur accès aux soins.
536 personnes prises en charge
Les lits hôteliers sont répartis dans 61 hôtels à ce jour et font l’objet d’une gestion partenariale pilotée par Aurore. Aurore et le Samusocial de Paris réservent les chambres et Aurore et Gaïa assurent l’accompagnement qui consiste en un suivi régulier à la rencontre des usagers dans les hôtels. L’objectif, à partir de la mise à l’abri, est de réhabituer les usagers à vivre en intérieur et en collectivité, de manière à les stabiliser dans un logement, de veiller sur leur situation et de les amener à s’engager dans les parcours de soins et dans les démarches administratives. Les professionnels les accompagnent au cas par cas dans ces parcours et démarches.
Les équipes comprennent des éducateurs spécialisés intervenant en binômes dans les hôtels, deux infirmiers et deux psychologues contribuant à l’évaluation somatique et psychique des usagers, ainsi que des agents logistiques chargés notamment de gérer les aspects pratiques de l’hébergement (déménagements des résidents, désinsectisation au besoin, etc.).
Un triple avantage d’un point de vue sanitaire
ASSORE permet aux consommateurs de s’abriter et d’échapper aux conséquences délétères de la vie à la rue, avec un effet intrinsèquement bénéfique sur leur état de santé (meilleur sommeil, mise à l’abri du froid et de la pluie, réduction du stress et de l’exposition à la violence, etc.).
L’intégration d’ASSORE semble également favoriser la maîtrise des consommations et l’expression d’une demande de soins. Les bénéficiaires interrogés, qui représentent un peu moins de 20 % des usagers d’ASSORE, déclarent à 87% d’entre eux avoir réduit leur consommation de crack depuis leur entrée dans un hébergement ASSORE : 68% déclarent l’avoir diminuée et 19% déclarent l’avoir complètement arrêtée. L’arrêt de la consommation de toute substance addictive reste cependant très rare. Les consommateurs passent plutôt d’une consommation compulsive, avec des risques élevés, à une consommation plus maîtrisée, à distance des scènes de consommation avec une prise de risques moindre.
Enfin, l’accompagnement assuré par les professionnels d’ASSORE facilite l’initiation et la continuité des parcours de soins, en aidant les usagers à honorer leurs rendez-vous médicaux ou à compléter leurs séjours hospitaliers, mais aussi à ouvrir les droits sociaux nécessaires.
Si l’ampleur de l’effet bénéfique du dispositif est à interpréter avec prudence, cette évaluation confirme l’intérêt de le poursuivre et de l’intensifier. Des difficultés opérationnelles ont par ailleurs été soulevées, telles que le manque d’effectifs, l’insuffisance des solutions en aval du dispositif pour les consommateurs ayant amorcé un parcours de réinsertion, ou encore le besoin de renforcer le parcours de prise en charge psychiatrique, sur lesquelles l’ARS et l’ensemble des acteurs doivent travailler.
Enfin, si le dispositif ASSORE est un maillon indispensable du Plan Crack, des actions volontaristes et coordonnées avec les acteurs continueront à être déployées par l’ARS pour construire des parcours de prise en charge sanitaire, médico-sociale et sociale, au bénéfice de la réduction des risques sanitaires et de la santé globale des consommateurs de drogue.
Contacts presse
Alizée Feauveaux – alizee.feauveaux@ars.sante.fr
Eléonore Duveau – eleonore.duveau@ars.sante.fr