Après plusieurs mois d’alertes lancées par les médecins libéraux autour de l’effondrement de la médecine libérale en lien avec les politiques sanitaires successives, l’UFML-S attendait du Président de la République, une écoute et une prise de conscience de l’effondrement en cours du système sanitaire. Tel n’a pas été le cas. Le Président Macron a dit en préambule de son discours que le diagnostic posé en 2018, lors de la présentation de « ma santé 2022 »avait été le bon et qu’il fallait aller « plus vite et plus fort ».
Pendant plus d’une heure, il a présenté des actions déjà existantes ou en cours de mises en place, comme des faits nouveaux, en une course folle au renforcement de l’échec de sa politique sanitaire.
Présenter le financement de 10 000 assistants médicaux comme une solution aux difficultés d’accès aux soins des Français liés à la pénurie de médecins libéraux est symbolique de cette absence totale d’écoute des professionnels de santé, de connaissances de leurs exercices et de leurs difficultés. Pour l’UFML-S c’est chaque médecin libéral qui doit bénéficier de l’aide d’un ou plusieurs assistants et c’est leur exercice qui doit leur permettre (comme leurs collègues dentistes) de les salarier. Le modèle subventionné est le faux nez d’une absence de volonté d’investir et de développer la médecine libérale.
Alors que la crise est immense, le président, joue petit bras et ne met rien en œuvre pour la résoudre! Dès lors, parler de « pacte de droits et devoirs » pour la médecine libérale sonne creux…
Les gardes sont pourvues sur 95% du territoire. Et s’il est un devoir urgent, indispensable, incontournable, c’est celui de l’investissement dans la médecine libérale. Ce devoir, c’est celui du Président et de son gouvernement. Ils ne le remplissent pas!
S’il est un droit urgent, indispensable, incontournable, c’est celui des Français à bénéficier d’une médecine libérale en capacité de leur offrir en tout lieu, une médecine humaine, moderne et de haute technicité. Celle-ci est rendue impossible par les choix présidentiels.
La généralisation du SAS, proposée comme solution est déjà en cours et se heurte aux manques de médecins régulateurs et de médecins effecteurs, au regard de la pression constante de la demande de soins sur les cabinets libéraux. L’accélération annoncée sur les délégations d’actes est, tant sur la forme que sur le fond du discours, une insulte aux médecins libéraux et un mépris de la médecine qu’ils exercent.
« Les Français devront avoir recours à d’autres professionnels pour renouveler leurs ordonnances pour des maladies chroniques , pour le dépistage »
Mais qui conseille notre Président ? Y a-t-il seulement quelqu’un ? Le renouvellement d’ordonnance, c’est la médecine libérale vue depuis le comptoir du Balto! C’est une médecine presse-bouton, une médecine de bon à tirer, qui n’existe que dans les fantasmes de celles ou ceux qui voient les médecins comme leur petit personnel, là pour leur délivrer sans réfléchir ce qu’ils sont venus chercher. Cette déclaration laisse à penser que c’est sa vision de la médecine libérale et de la médecine générale en particulier.
« Beaucoup de généralistes devraient déléguer deux ou trois ordonnances par an à l’infirmier référent ou au pharmacien référent ».
Au-delà du concept très Macronien du doigt mouillé, cette vision jupitérienne de l’exercice médical libéral est d’une naïveté confondante. Elle valide son absence totale de connaissance de ce qu’est la pratique médicale. Il n’y a pas de renouvellement d’ordonnance! Une ordonnance est réévaluée, le patient réexaminé, son traitement discuté, mesuré, modifié si il y a lieu, en fonction de ses effets, des événements, de la clinique, du moment…
Nous affirmons que parler de « renouvellement d’ordonnance » est une insulte faite aux médecins. Parler de deux ou trois ordonnances à « déléguer » à un infirmier ou un pharmacien référent est une idée déconnectée de la réalité de la pratique, une absurdité !
Pour lui, le dialogue entre médecins et paramédicaux permettra de trouver « la bonne fréquence »
« S’ils sont malins, ils délèguent aux paramédicaux…les actes qui ont le moins de valeurs »
Le président évolue manifestement dans une dimension qui lui est propre… Ce dialogue est constant, mais jamais cette question ne sera abordée, parce qu’elle n’a pas lieu de l’être, à moins de vouloir attenter à la qualité de la médecine … Parler d’êtres « malins » et de déléguer à d’autres des actes de « moins de valeurs » est indigne de la fonction présidentielle. C’est l’expression, la encore, d’un profond mépris à l’égard de celles et ceux qui portent le soin.
Plus grave encore: le Président déclare « le médecin traitant doit être la porte d’entrée, mais pas le verrou de notre système. D’ici à la fin de l’année, 600 000 patients en affections de longue durée se verront proposer un médecin traitant ou plus exactement une équipe de référence »
il pulvérise le concept de médecin traitant, pour une dilution de la responsabilité au sein d’une équipe. En médecine, la dilution de la responsabilité est dangereuse. Il avoue ici sa vision des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). En effet le maillage complet du territoire national par les CPTS est prévu fin 2023 dans la lettre de cadrage du ministre de la Santé François Braun au directeur de l’assurance maladie. Or, une de leurs missions régaliennes est de fournir un médecin traitant à chaque patient! « In vitro », sur le papier, le problème est donc résolu! Sauf que, le nombre de médecins n’a pas augmenté (ce n’est pas la volonté Macronienne) et que tous les médecins libéraux, ne sont pas dans les CPTS! Pour répondre à cet engagement impossible, il change les règles du jeu, et pulvérise le concept de médecin traitant pour un concept fumeux et brinquebalant : l’équipe traitante!
Quelques points positifs :
La question de l’importance des rendez-vous non honorés qui reçoit l’onction présidentielle. Cependant quid de la possibilité de leur facturation?
Le management bicéphale, est une demande de l’UFML-S depuis des années, qui ne marchera, rappelons le ici, que si le représentant des soignants est élu par ses pairs et si chacune des deux parties à un droit d’opposition lors de toute décision.
Et … rien d’autre… La question de la suppression de la TAA date du discours de Nevers en septembre 2018, l’aménagement des 35 h à l’hôpital ou le paiement des heures supplémentaires sont des sortes de monstres du loch Ness que beaucoup connaissent, mais dont personne n’a jamais à ce jour pu vérifier l’existence!
Après avoir entendu ce discours, les médecins libéraux sont sûrs de plusieurs choses:
- Le président de la République ne les connaît pas, ne les entend pas, et n’a, à l’évidence, aucune volonté d’écouter leurs problématiques.
- Il veut ubériser la médecine libérale, changer le paiement à l’acte pour plus de forfaits et autres modes de rémunérations, diluer la responsabilité médicale et faire disparaitre l’existence du médecin traitant.
- Le président de la République ne fait pas le choix du développement de la médecine libérale, médecine pourtant moins couteuse et plus proche du patient, et n’aborde pas une fois dans son discours, la moindre volonté de développer les installations en médecine libérale.
- Le Président de la République poursuit plus vite et plus fort, des réformes en échec depuis 2018.
- Il fait le choix de la confrontation et d’un conflit dur avec les médecins libéraux
L’UFML-S en prend acte, et prend acte du sabotage présidentiel des négociations conventionnelles. Nous mettrons toute notre énergie à poursuivre le mouvement engagé avec collectifs et syndicats de médecins libéraux.
Nous présenterons, dans quelques jours, à la presse, les résultats d’un travail engagé depuis plusieurs semaines à l’opposé des choix présidentiels, en faveur de l’investissement large dans la médecine libérale, d’une amélioration de la santé publique et d’un gain économique pour le pays.
Contact : laurent@lp-conseils.com