Touchant plus de 80% de la population sexuellement active, quel que soit le genre des partenaires, les papillomavirus humains sont responsables chaque année de plusieurs milliers de cancers qui pourraient être évités. Les papillomavirus humains sont également un sujet d’inquiétude pour les personnes vivant avec le VIH, qui ont un risque plus élevé de développer des cancers directement liés à ces virus, comme le cancer du col de l’utérus, de l’anus, de l’oropharynx ou du pénis.
Nous ne pouvons que saluer l’annonce faite le 28 février par le Président de la République, qui prévoit la généralisation de la vaccination gratuite auprès des adolescent·e·s (volontaires) en classe de 5ème dès la rentrée de septembre 2023. C’est une avancée majeure, attendue depuis longtemps, qui vient compléter l’élargissement de la vaccination aux garçons depuis le 1er janvier 2021 et renforcer la lutte contre les papillomavirus humains et leurs conséquences.
La France reste cependant très en retard en matière de couverture vaccinale contre les papillomavirus humains. Ainsi en 2021, elle n’était que de 41% (France métropolitaine et outre-mer), plaçant la France en 27e position parmi les pays européens, alors qu’en 2020 elle dépassait déjà les 50% dans l’ensemble du continent, voire 75% dans onze pays (dont : Espagne, Portugal, Royaume-Uni). Nous sommes loin d’atteindre une couverture vaccinale supérieure à 60% en 2023, puis 80% en 2030, objectif fixé par la Stratégie Nationale de Santé Sexuelle et le Plan Cancer.
Nous devrions nous inspirer des résultats obtenus par exemple en Australie, où le nombre de personnes infectées par les papillomavirus est passé de 22,7 % en 2005-2007 à 1,5 % en 2015 chez les jeunes femmes de 18-24 ans… grâce à la vaccination. Ce pays est en passe d’éliminer le cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique, alors que nous comptons en France encore plus de 6 300 cancers et 1 000 décès imputés aux papillomavirus humains chaque année.
Nous déplorons toutefois que l’annonce du Président de la République ne s’accompagne pas de la mise en place d’un plan d’action ambitieux pour faciliter le recours aux dépistages précoces et répétés des papillomavirus humains, dans le cadre d’un dispositif complet d’information sur la santé sexuelle… que ce soit en médecine générale, auprès de gynécologues ou de proctologues. La crainte, pour les adultes qui ne sont plus en âge de se faire vacciner, reste très forte et légitime face aux condylomes et surtout aux cancers qu’ils ou elles risquent de développer faute d’avoir été vacciné·e·s plus jeunes.
Pourtant de nombreux spécialistes plaident en faveur de la vaccination des adultes au-delà des tranches d’âge recommandées. Aux États-Unis par exemple, l’âge de la vaccination a été repoussé à 45 ans, s’appuyant sur des études montrant l’intérêt d’une vaccination même tardive.
En tant qu’association qui informe, accompagne et défend les droits des personnes vivant avec le VIH et/ou des co-infections, ACTIONS TRAITEMENTS se saisit régulièrement du sujet. Nous avons édité un dépliant d’information sur les vaccinations recommandées pour les personnes vivant avec le VIH (dont celle contre les papillomavirus humains), et réalisé une vidéo pédagogique suite à l’élargissement de la prise en charge de la vaccination aux garçons depuis le 1er janvier 2021. Cet engagement se poursuit en 2023 avec :
- La réalisation d’une nouvelle vidéo dans laquelle la Pr Christine Katlama (cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital Pitié Salpêtrière à Paris) revient sur l’intérêt de la vaccination et rappelle que de nombreux·ses spécialistes la préconisent aux personnes ayant dépassé l’âge recommandé.
- La mise à jour de documents d’information sur les vaccins recommandés aux personnes vivant avec le VIH.
- L’organisation d’un webinaire tout public « Vaccination et VIH : avancées, défis, mythes » ce jeudi 2 mars (formulaire d’inscription).
- La co-fondation du collectif « Demain sans HPV » avec neuf autres associations afin de proposer des mesures concrètes pour développer la vaccination contre les papillomavirus humains et l’information sur ces virus. Le collectif tient une conférence de presse, accessible sur Zoom, jeudi 2 mars 2023 à 11H.
Dans un contexte où le scepticisme à l’égard des vaccins s’est renforcé ces dernières années, où les professionnel·le·s de santé ne les recommandent pas autant que nécessaire, ACTIONS TRAITEMENTS réaffirme son engagement en faveur de la généralisation de la vaccination contre les papillomavirus humains, tout en plaidant pour une information et un accès renforcé aux dépistages, notamment chez les personnes qui n’ont pas bénéficié de la vaccination !
Contact : cdaniel@actions-traitements.org